L’application MedOClock, a été conçue pour faciliter le quotidien difficile des aidants naturels, qui veillent sur des personnes en perte d’autonomie.

Après des études en Allemagne en communication et marketing, Julie Magnan passe ensuite dix ans à travailler dans le milieu pharmaceutique. À l’an 2000, elle rentre à Montréal. « Quelques années plus tard, mon père est diagnostiqué atteint de la maladie de Parkinson. C’est alors que je me suis retrouvée à l’accompagner chez le dentiste pour une intervention. La première question a été de savoir si quelque chose avait changé dans sa médication. » Julie Magnan réalise alors qu’elle n’a pas l’information.

« Les noms des contacts médicaux et médecins étaient écrits dans un carnet papier, les horaires de la journée dans un autre cahier. La liste de médicaments, elle, était rédigée sur une petite feuille sur sa table de nuit. »

Une première version en 2012

À ce moment-là, celle qui est devenue proche aidante par nécessité constate un manque de coordination entre les personnes qui constituent le cercle d’aidants. Nous sommes en 2012 et Julie Magnan développe une première version de MedOClock qui permet au moins de partager la liste de médicaments des personnes en perte d’autonomie.

« Ensuite, la maladie a progressé et vers 2017, raconte-t-elle, je voyais le cercle d’intervenants autour de mon père s’agrandir. Mais aussi, la santé physique et mentale de sa conjointe diminuer. » C’est alors qu’elle réalise qu’il faut faire plus. « Cette femme-là, il y a plein de gens qui pourraient l’aider. Mais personne n’a d’information. » La conjointe du père de Julie Magnan compose en effet avec un tas d’informations qu’elle conserve sur des bouts de papier, elle ne peut pas prendre de repos et elle ne peut pas travailler l’esprit tranquille parce qu’elle n’a aucun moyen de déléguer les tâches et partager ses informations.

La deuxième version de l’application voit le jour et est lancée en fin d’année 2022.

Une solution pour soulager

« C’est devenu une application connectée. Elle permet au proche aidant principal de créer une communauté de soutien. Ça peut être des membres de la famille, une voisine ou encore un membre du corps professionnel. Ça peut être n’importe qui que l’on invite à rejoindre ce dossier. » L’information n’est pas renseignée par le médecin, mais bien par le proche aidant. Cette dernière peut aussi mettre à jour le dossier en temps réel.

MedOClock permet donc, à toutes les personnes qui constituent le cercle d’intervenants, de suivre l’évolution de l’état de santé d’une personne en perte

d’autonomie. L’application comprend, entre autres, un système de messagerie sécurisé réservé aux aidants naturels. Un calendrier qui comprend le contact médical du docteur ainsi que son adresse par exemple. De plus, les médicaments à prendre sont aussi indiqués dans le calendrier et ce dernier permet de savoir s’ils ont été pris ou pas encore.

Toutefois, « les informations ne sont pas forcément d’ordre médical », précise Julie Magnan. « On a aussi des informations sur sa façon de vivre. Par exemple si la personne n’aime pas les bains et préfère être douchée, si elle met ses chaussettes avant ses pantalons. Si cette personne est non verbale, au moins on ne l’énerve pas et on lui donne ses soins en respectant ses habitudes. »

Le système permet donc de soulager la pression qui pèse sur l’aidant principal qui peut alors déléguer certaines tâches l’esprit tranquille, et par extension, elle soulage aussi la personne en perte d’autonomie qui est assurée que ses accompagnants partagent tous les mêmes renseignements.

Un véritable besoin

Au moment de la rédaction de ce papier, l’application a été téléchargée « au moins 20 000 fois », à savoir que l’application est disponible à la fois en français et en anglais. Preuve, s’il en fallait, qu’il existait bel et bien un besoin. « Il y a un gros besoin parce que la plupart des

aidants naturels ne savent pas qu’ils le sont. Ils se disent, c’est mon mari, mon père alors c’est ma responsabilité de gérer la situation. Mais la proche aidante est une personne entre 30 et 64 ans, qui est encore au travail. Qui souvent partage son temps entre des enfants et un parent vieillissant. Le proche aidant exécute 85 % des tâches autour d’une personne en perte d’autonomie. Qu’il s’agisse de tâches administratives, émotives ou médicales. »

Julie Magnan précise d’ailleurs que les aidants naturels sont principalement des femmes. Elle ajoute qu’il arrive parfois, lorsque la maladie devient trop grave, que ces personnes quittent leur emploi pour s’occuper à temps plein de leur proche. « Elles s’appauvrissent financièrement, mais aussi physiquement et peuvent développer des dépressions. C’est une application qui permet le répit, qui permet aussi de prendre soin de soi. »

MedOClock est disponible en téléchargement pour tous les types de téléphones intelligents. Un essai de trente jours gratuits est disponible au départ, puis l’application fonctionne sur un système de forfait annuel ou mensuel à 3,99 $. À savoir qu’une licence permet la création d’un dossier comprenant trois aidants. Ce cercle-là peut toujours être agrandi dans l’application au besoin.