Jessica Martin a 37 ans. Elle est mariée, mère de deux enfants . Malheureusement. Car il y a en elle, aussi, une artiste qui étouffe. C’est ce synopsis qui va donc emmener le personnage principal dans plusieurs aventures. L’écrivaine Janis Locas en dit plus sur le sujet de ce roman, disponible depuis le 15 janvier et publié aux Éditions SOMME TOUTE.

« J’ai commencé ce livre-là en 2011. La vie est occupée, j’ai eu des enfants en bas âge, le travail, ça a pris du temps.

Et finalement l’histoire du livreestunpeusurça:la difficulté de s’adonner à son art quand on a une vie très occupée. Surtout quand on est une mère responsable du calendrier familial, d’amener les enfants un peu partout et dans la mesure où l’on a un conjoint aussi très occupé. »

Maman et artiste

Mais Janis Locas, finaliste du prix Rue-Deschambault pour son premier livre La seconde moitié sorti en 2005, souligne que ce n’est pas exactement sur ce sujet sur lequel elle voulait écrire à l’origine.

« Ça devait être sur un camarade de classe de secondaire qui s’appelle Dave. C’était quelqu’un que je connaissais très peu. Il était très gêné, ne prenait pas beaucoup de place, très silencieux. Puis des années plus tard, j’ai réalisé que ce même Dave était devenu le chorégraphe Dave St-Pierre, quelqu’un d’excentrique qui fait des chorégraphies assez étonnantes. Il a un succès international, notamment en Europe. »

Dave St-Pierre, appelé Dave Feu dans le livre, garde tout de même une place importante, car dans l’ouvrage Jessica Martin tente justement d’écrire un livre sur cet artiste.

« Il apporte le contre-pied à Jessica qui est très organisée et qui s’en met beaucoup sur les épaules. Dave lui rappelle que l’art doit rentrer dans sa vie, de porter attention à des petites choses qui font du bien. »

Si dans une certaine mesure, ce livre a des aspects biographiques, Janis Locas, qui a travaillé pour la Société de la francophone manitobaine (SFM) au début des années 2000, précise qu’elle n’est pas Jessica Martin.

« L’humour a une part importante dans ce roman. Il y a ce mélange de gravité, de profondeur, mais aussi de légèreté. »

Janis Locas

La maternité change tout

« Je n’ai aucun lien avec la danse alors que Jessica a fait du ballet classique. Jessica se sépare de son conjoint, moi non. Mais, c’est sûr que je me suis inspirée d’une certaine réalité notamment sur le choc quand la maternité est arrivée. »

En effet, que ce soit pour Jessica Martin ou Janis Locas, il est bien dit dans le livre que la maternité change tout. Surtout pour la femme. Des inégalités se créent, la charge mentale devient plus lourde et les sacrifices, souvent à l’avantage de l’homme, s’enchaînent.

« La maternité a eu un impact sur la grande liberté qu’on pensait avoir quand on était étudiante ou au travail. Mon conjoint ne va pas faire du temps partiel ou du neuf à cinq. Pourquoi? Pas parce que c’est une mauvaise personne, mais ça fait partie d’une tradition.

« Et je ne connais pas dans mon entourage un homme qui fait ça ou qui aura la responsabilité de se libérer plus tôt pour aller chercher des enfants. Je ne l’avais pas vu venir et ce n’est pas de la mauvaise volonté. C’est ancré dans les mentalités. »

Et selon les observations de Janis Locas, la tendance n’est pas à l’amélioration. « Depuis la sortie du livre, il y a beaucoup de femmes, plus jeunes que moi, qui ont eu le même choc, voire plus. Car elles ont eu même plus d’égalité au travail, à l’école ou d’indépendance. »

Malgré les difficultés de la maternité, de la fatigue, d’avoir deux enfants et d’en même temps vouloir écrire un livre et s’épanouir en tant que femme, beaucoup de personnes se sont reconnues dans le personnage de Jessica Martin selon Janis Locas.

« De jeunes mères qui auraient pu se sentir découragées par certains passages du livre m’ont dit que le livre avait un effet libérateur.

« Jessica Martin a un aspect pas politiquement correct. Et l’humour a une part importante dans ce roman. Il y a ce mélange de gravité, de profondeur, mais aussi de légèreté. C’est ce qui nous évite de tomber dans le mélodrame. »