L’organisme de bienfaisance nationale Banques alimentaires Canada a présenté il y a quelques jours, pour la deuxième année consécutive, ses fiches de rendement sur la pauvreté.

À l’échelle nationale, le portait présenté par l’organisme est plutôt négatif à l’image de la note canadienne passant de D+ à D- en un an. « Il est très clair que les gouvernements à tous les niveaux ne prennent tout simplement pas assez de mesures pour faire face au niveau sans précédent de lutte financière auquel font face les gens partout au Canada », explique l’organisme.

Et ajoute : « nous avons assisté à une augmentation de 30 % de la demande des banques alimentaires au cours de la dernière année seulement, et une personne sur quatre au Canada souffre d’insécurité alimentaire. » Banques alimentaires Canada parle d’ailleurs de situation « urgente ».

Déclin manitobain

Les notes de l’organisme vont de A à F et sont divisées en quatre sections : expérience de la pauvreté, mesures de la pauvreté, défavorisation matérielle, et progrès législatifs. Si seules l’Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse ont réussi à augmenter leur note globale, le Manitoba, plutôt bien noté en 2023, connaît un déclin avec une note globale de D-.

Parmi certains des faits saillants à noter pour la province, 27 % des Manitobains vivent aujourd’hui de l’insécurité alimentaire, 42 % des clients des banques alimentaires sont des enfants, même s’ils ne représentent qu’un quart de la population, 39,2 % des Manitobains sont dans une moins bonne situation que l’an dernier, 40,1 % des Manitobains consacrent plus de 30 % de leur revenu au loyer. Une donnée qui est d’ailleurs passée de B+ en 2023 à F en 2024.

Des résultats qui n’étonnent pas Vince Barletta, président-directeur général d’Harvest Manitoba, un réseau de banques alimentaires. « Les Manitobains et Manitobaines sont confrontés à de nombreux défis, tels que l’augmentation du coût de la vie, le logement abordable, l’inflation des denrées alimentaires et le paiement d’autres nécessités. Nous avons connu une forte demande soutenue depuis l’année dernière et nous avons toujours aidé environ 108 000 Manitobains chaque mois. Depuis mars 2020, nous avons constaté une augmentation de 150 % de la fréquentation des banques alimentaires. »

Un travail politique nécessaire

Banques alimentaires Canada fait par ailleurs quelques recommandations pour améliorer les choses. Si le gouvernement de Wab Kinew s’est engagé à mettre en place une nouvelle stratégie de réduction de la pauvreté en 2025, l’organisme espère que cette dernière mettra l’accent sur les adultes vivant seuls et les peuples autochtones. Renforcer l’aide au loyer et augmenter le salaire minimum pour qu’il corresponde à celui de l’Ontario sont aussi recommandées.

Si Vince Barletta voit malgré tout des améliorations possibles, elles devront passer par une collaboration gouvernementale. « Une collaboration avec les gouvernements provinciaux et fédéral est essentielle pour élaborer des stratégies de réduction de la pauvreté, rendre les logements plus abordables, garantir la stabilité des revenus et augmenter les prestations pour la garde d’enfants et les taux de l’aide à l’emploi et au revenu. »