Depuis 1974, la mission qui a motivé la création de l’organisme n’a pas changé. « Que chaque personne vivant avec une déficience intellectuelle soit traitée avec respect, dignité et acceptée telle qu’elle est en tant qu’individu. »

L’intitulé de ce mandat est encadré sur le mur du bureau de Danyka Hunnie, gestionnaire des services de soutien de l’EPIC. Elle y travaille depuis 12 ans. 

« On veut promouvoir l’inclusion de ces personnes-là dans la communauté », ajoute-t-elle avant de revenir sur l’une des raisons pour lesquelles l’organisme a vu le jour. « Les parents s’inquiétaient de savoir ce qui arriverait à leurs enfants une fois qu’ils quitteraient le système scolaire. Les personnes avec des déficiences intellectuelles ont accès à du soutien lorsqu’ils sont à l’école. Mais une fois arrivé à l’âge adulte… Cela devient plus délicat d’en trouver, en particulier au rural », souligne Danyka Hunnie. 

À l’occasion de son 50e anniversaire, l’EPIC organise donc un grand barbecue, avec tout un tas d’activités, un camion de pompiers et notamment des visites guidées des locaux de l’organisme. « Il y a beaucoup de gens de Saint-Malo et des alentours qui ne se rendent pas compte de l’ampleur du travail que l’on fait ici. »   

L’occasion de mettre en lumière le travail réalisé, mais pas seulement. « Le but n˚1 est de célébrer nos participants. »

Lorsqu’elle parle de participants, Danyka Hunnie parle des 55 personnes qui présentent une déficience intellectuelle et qui travaillent à mi-temps, ou à plein temps, au sein des différents programmes de l’EPIC. 

Lors de sa visite à Saint-Malo, La Liberté est arrivée en milieu de matinée, pendant la pause-café. Plusieurs personnes étaient sur le stationnement, à prendre l’air et le reste, assis autour d’une table dans le grand réfectoire sur lequel donne la porte d’entrée du bâtiment. 

Certains des participants, une vingtaine, vivent à Saint-Malo, chez eux, dans des résidences construites par l’EPIC dans le cadre d’un programme de logements. Les autres viennent d’un peu partout aux alentours. « On couvre une zone assez large, indique la gestionnaire des services de soutien. On passe chaque jour les récupérer chez eux, à Saint-Pierre-Jolys, Île-des-Chênes ou encore Sainte-Agathe. » 

À l’EPIC, les participants ont la possibilité de travailler, d’apprendre de nouvelles compétences, tout en bénéficiant d’un accompagnement et d’un soutien physique et moral de la part du personnel de l’organisme. Le site compte trois départements : le recyclage, la menuiserie et un atelier d’assemblage. 

« Nous avons des contrats avec plusieurs compagnies comme Manitoba Hydro, Bell MTS, Coghlans et aussi quelques municipalités. » 

Ces contrats font partie des sources de revenus de l’organisme, tout comme les dons ainsi que le financement de la Province.

Un projet d’agrandissement

La grande pièce au fond du bâtiment principal sert d’atelier d’assemblage. Une vingtaine de personnes ont la tête penchée vers leurs mains occupées sur les tables. Une participante s’attèle à faire fonctionner l’une des deux machines à coudre. Ici, les participants assemblent et fabriquent une variété de choses. Des appâts de pêche, du matériel de camping, des bouillottes, des vide-poches ou des sacs à main en matière recyclable. 

Dehors, si on suit le son de la scie à bois, on arrive dans un grand atelier de menuiserie. Casque sur la tête et lunettes de sécurité sur le nez, les participants assemblent de grandes caisses de transport en bois ainsi que des piquets de sondage. Enfin dans un autre hangar, à quelques pas de l’atelier de menuiserie, un grand tapis de tri, et un chariot élévateur transporte des blocs de détritus recyclés qui serviront à certaines compagnies de construction pour l’isolation. 

Aujourd’hui, la machine semble bien huilée. Mais l’organisme doit malgré tout faire face à quelques défis, notamment un manque de place. « Nous recevons des appels chaque semaine pour que des personnes avec une déficience intellectuelle viennent travailler ici. Le besoin est là, alors on aimerait agrandir nos locaux et nos programmes. » 

Toutefois, l’un des chariot élévateurs étant en panne, la priorité est donnée à l’acquisition de matériel. Mais la collecte de fonds a débuté pour entamer le processus d’agrandissement. « Ce n’est pas pour tout de suite, on s’en occupera quand on le pourra et quand on sera dans une bonne place. Mais la première étape serait d’acheter un terrain pour pouvoir y construire et agrandir le centre. » Cela prendra la forme d’un atelier supplémentaire ou bien d’une nouvelle résidence. Rien n’est gravé dans le marbre pour l’instant. 

Le personnel

Et si l’organisme venait à grandir et accueillir davantage de participants, il faudrait aussi que le nombre d’employés suive. « Aujourd’hui, en comptant les programmes et les personnes qui travaillent dans les bureaux, nous sommes à peu près 80. Tu n’as pas besoin de formation spéciale pour travailler ici, on forme tout notre personnel. Mais ça prend du monde, on a besoin de personnel 24 h sur 24 h pour travailler dans nos maisons, des équipes de nuit, on a besoin de monde », répète-t-elle. 

Il faut dire que le personnel est aussi là pour apporter un accompagnement aux participants. Et nul besoin de souligner que chaque profil est différent, au même titre que leurs besoins. « On s’adapte aux besoins, qui varient beaucoup, des personnes qui vivent avec nous. Certains ont des besoins au sujet de l’hygiène, d’autres ont besoin d’aide pour se nourrir, parfois il faut aider avec le comportement. Il y a des profils plus compliqués que d’autres. »

Aujourd’hui, l’EPIC aimerait recruter cinq personnes de plus à temps partiel pour le programme de résidence. À noter que s’il s’agit bel et bien d’un organisme bilingue, cela n’est pas nécessairement un critère de recrutement. « C’est encouragé bien sûr, mais étant au rural, nous avons déjà des difficultés à recruter alors tous les profils nous intéressent. »

Le 14 juin, le personnel de l’EPIC en profitera aussi pour remercier la communauté de Saint-Malo qui « a vraiment été accueillante et chaleureuse » au cours de ces 50 dernières années. Un soutien de la communauté qui n’est pas sans importance pour les participants des différents programmes de l’organisme, comme le fait valoir Danyka Hunnie. « Ils font souvent des marches, c’est une activité qui fait partie de leur routine. Ils voient les personnes dans le village qui les accueillent toujours avec des sourires et c’est vraiment positif. On sent que nous sommes les bienvenus, que nous sommes soutenus. »

Et alors que L’EPIC espère entamer l’année prochaine avec un budget de cinq millions $, la soirée se poursuivra avec un dîner de levée de fonds qui serviront à assurer que l’EPIC de Saint-Malo poursuive sa mission, pour, pourquoi pas, 50 ans de plus.