Recevoir l’Ordre du Manitoba est un honneur, à condition de comprendre qu’il ne s’agit pas de reconnaître le travail d’une seule personne. Car il ne fait aucun doute que tout récipiendaire a bénéficié de l’appui de collaborateurs et de collaboratrices qui ont rendu sa contribution possible.
C’est ce que j’ai appris quand, il y a plus de 40 ans, je suis devenu membre du conseil d’administration de l’Orchestre symphonique de Winnipeg. Je me suis alors retrouvé entouré d’un ensemble de chefs de file de la société manitobaine qui avaient accepté de prendre en main un des organismes artistiques les plus importants du Manitoba à un moment difficile : le gouvernement provincial avait mis l’Orchestre sous tutelle à cause de sérieuses difficultés financières. Ce nouveau conseil avait comme mandat de remettre l’organisme sur pied.
J’en avais beaucoup à apprendre, tant du personnel de l’Orchestre que des gens d’affaires qui ont réussi une campagne de prélèvement de fonds et des musiciens qui m’ont longuement parlé des besoins artistiques de l’orchestre. De plus, des compositeurs manitobains, une petite bande d’engagés talentueux, ont insisté dans nos nombreuses conversations sur le besoin d’intégrer la musique contemporaine dans le répertoire de l’orchestre.
Bref, des douzaines de gens ont contribué à mon éducation en gouvernance, dans la gestion d’un conseil de plus de 30 membres, et dans le financement d’un orchestre de 67 musiciens. Parmi les membres du conseil, Harold Buchwald, un avocat chevronné, est devenu pour moi un des plus précieux conseillers. Il a assumé la présidence du conseil et, un an plus tard, il m’a convaincu d’assumer la vice-présidence où j’avais comme tâche principale de présider un sous-comité qui devait préparer un plan qui guiderait l’organisation pour les prochains trois à cinq ans. C’est ce qui m’a permis par la suite d’assumer la présidence en toute confiance pour un mandat réglementaire de deux ans.
Le conseil m’a aussi demandé de présider le comité de sélection du prochain chef d’orchestre, ce qui a mené à l’embauche du regretté Bramwell Tovey et à la création d’un festival de musique contemporaine dont le succès a dépassé toutes nos espérances.
Les jésuites ont enseigné à leurs élèves au Collège de Saint-Boniface qu’ils étaient, en vertu de leur éducation, la future élite de la société.
Nos professeurs auraient pu déjà nous faire valoir que, le plus souvent, le succès n’est pas dû aux efforts d’une seule personne, mais qu’il est le résultat des contributions d’innombrables collègues qui nous épaulent tout au long de notre parcours.
C’est pourquoi je suis profondément reconnaissant d’avoir pu travailler avec tant de collègues remarquables à l’Orchestre symphonique, ainsi qu’avec plusieurs autres organismes communautaires, dont le conseil de la Société historique de Saint-Boniface que j’ai présidé pendant 21 ans.