Si du financement a été débloqué en 2023, le projet n’est pas encore sur les rails à cause de l’inflation.

Au printemps 2023, le Fédéral et le Manitoba annonçaient conjointement un financement de 8 millions $ pour un projet alors chiffré à 11 millions $. Un an plus tard, il est évalué à 13,3 millions $, comme le précise Ken Allen, directeur général de la Municipalité rurale de Taché.

« Bien que le coût final du projet n’ait pas encore été déterminé, nous sommes confiants dans notre capacité à construire un bâtiment qui soit à la fois abordable et durable pour nos résidents.

« Nous travaillons à finaliser sa conception. Nous sommes conscients de la nécessité de faire preuve de responsabilité financière. Des ajustements aux plans initiaux sont envisagés pour saisir les opportunités de réduction des coûts sans toutefois compromettre la qualité, la fonctionnalité et la programmation du futur centre. »

Une approche prudente nécessaire. Car les Municipalités ont des responsabilités financières dictées par la Loi sur les Municipalités, comme le souligne Justin Johnson, le chef de la direction de l’Association des municipalités bilingues du Manitoba.

« Selon la Loi sur les Municipalités, une municipalité manitobaine ne peut pas enregistrer de déficit. Cependant, si elle n’a pas les moyens de soutenir un projet d’envergure ou qu’elle n’a pas réussi à accéder à du financement, alors le projet n’avance pas. D’autant que depuis la COVID-19, les pressions inflationnistes n’ont pas aidé à faire avancer certains projets. Et puis, il y a des projets qui ont été approuvés pendant la COVID-19, mais qui n’ont pas avancé et qui doivent être revus pour l’une ou l’autre raison. Chose certaine : les coûts de 2020 ne sont pas les coûts de 2024. »

« Beaucoup de programmes de financements d’infrastructures ne captent pas la réalité inflationniste et n’absorbent pas les coûts supplémentaires associés à l’inflation. » Justin Johnson

Le cas de Taché

Une réalité que connaît trop bien la Municipalité rurale de Taché. Ken Allen explique qu’en raison de l’escalade des coûts des projets d’investissement au cours des dernières années, « nous utilisons une variété de possibilités de financement par subventions admissibles pour soutenir autant que possible les budgets des projets, en plus d’utiliser des réserves de financement municipales, des prélèvements fiscaux et d’autres mécanismes de financement, tels que les emprunts, les redevances de développement et la collecte de fonds auprès de la communauté.

« Le budget d’investissement approuvé par le Conseil municipal en 2024 s’élève à 36 177 410 $. Outre le centre communautaire, les autres projets d’investissement inclus dans le budget 2024 comprennent l’amélioration des routes, la modernisation des infrastructures d’eau et d’égout, et l’aménagement de parcs. »

Justin Johnson est très conscient que ce n’est pas toujours évident de planifier des projets d’envergure pour les Municipalités. « Beaucoup de programmes de financements d’infrastructures ne captent pas la réalité inflationniste et n’absorbent pas les coûts supplémentaires associés à l’inflation. Ce sont quelques-unes des raisons qui font que des projets sont retardés ou mis sur la glace. Au final, il y a un vrai impact sur la qualité de vie des résidents.

« L’ensemble des projets soumis dans le cadre du Programme d’infrastructure – Investir dans le Canada (PIIC) ont été impactés. Par exemple, le centre communautaire de Taché à Lorette a reçu du financement par ce programme. Cependant, le projet n’a pas encore pu débuté : faute de financement supplémentaire. Surtout que depuis le feu vert du PIIC, bien d’autres coûts ont largement augmenté. La Municipalité doit alors trouver d’autres sources de financement pour soutenir ce projet. »

Lieu de rassemblement

Pour autant, ces infrastructures sont nécessaires pour attirer du monde et le retenir au rural. Dans le cas du centre communautaire de la Municipalité rurale de Taché, Ken Allen remarque qu’« en ce qui concerne le nouveau projet de centre communautaire Taché, le projet va de l’avant et répondra aux besoins des résidents de Lorette, Landmark, Sainte-Geneviève, Ross, Linden et au-delà. Ce centre offrira des programmes récréatifs et des évènements culturels. Il deviendra ainsi une plaque tournante essentielle pour favoriser les liens communautaires ».

Une perspective que salue Justin Johnson : « On comprend très bien l’importance d’un centre communautaire modernisé. Ce centre a pour ambition d’inclure une bibliothèque, une piste pour piétons intérieure, un espace pour les aînés.

« Sans financement adéquat, les gens qui font partie de nos communautés n’auront pas d’espaces modernes capables d’offrir une programmation à la hauteur des attentes. Les gens n’auront pas de lieu de rassemblement pour créer du lien. On comprend facilement qu’on parle d’un impact direct sur l’attractivité d’une municipalité. »

Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté