Étant le fils de deux enseignants et le petit-fils d’une peintre de Kenora, Rodney LaTourelle a connu une enfance pleine d’opportunités pour découvrir et aiguiser ses talents artistiques.

« Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours dessiné et fait des croquis. À l’école, j’ai toujours été l’élève à qui le professeur demandait de dessiner des affiches ou des objets dont il avait besoin en classe.

« Ma grand-mère s’est toujours intéressée à la couleur, et chaque fois qu’elle me rendait visite, elle parlait toujours de la couleur et de la façon dont elle la peignait. Cela m’a beaucoup influencé. Mon travail est vraiment axé sur la couleur et l’espace, et sur la combinaison du visuel et de l’espace.

« J’ai toujours aimé l’architecture, toujours aimé l’espace. J’ai toujours construit et fabriqué des choses. Il y avait un terrain vague à proximité, où nous trouvions du bois inutilisé. Je les assemblais et je faisais des cabanes dans les arbres.

« Mon père bâtissait également. Il avait un certain nombre de projets de construction de maisons lorsque j’étais jeune. J’ai donc joué pendant un certain temps sur des chantiers de construction et j’ai grandi sur des chantiers de construction. J’avais une sorte d’intérêt intuitif pour tout cela. »

L’Europe pour s’exprimer

Lorsqu’il envisageait son avenir, Rodney LaTourelle a toujours voulu garder l’esprit de l’art dans ce qu’il faisait. En 1984, au moment de choisir un cours à l’Université du Manitoba, il a opté pour un domaine à la croisée de l’art et de la construction : l’architecture.

« J’ai toujours, depuis l’université, réalisé des installations qui font appel à la couleur pour activer l’espace et y faire entrer la mémoire et l’expérience corporelle.

« Après ma licence d’architecture, j’ai déménagé à Montréal et j’y ai vécu pendant un certain temps avant de revenir à Winnipeg. De retour chez moi, j’ai posé ma candidature au programme d’architecture paysagère.

« Après avoir obtenu ma maîtrise, j’ai commencé à travailler pour le Plug In Institute of Contemporary Art. J’ai préparé des expositions d’art pendant cinq ans, ensuite j’ai rejoint le conseil d’administration, avant de commencer à écrire sur les œuvres exposées pour le magazine Border Crossings. J’étais vraiment impliqué dans la construction, la réflexion et l’écriture de l’art.

« J’ai fini par présenter une exposition personnelle au Plug In mais aussi dans d’autres galeries de Winnipeg à la fin des années 1990 et au début des années 2000. »

Bien qu’il ait connu le succès pendant des années à Winnipeg, l’idée de présenter son travail ailleurs lui a toujours traversé l’esprit. Et après une visite chez des amis en Europe, Rodney LaTourelle a voulu explorer la scène artistique locale, un rêve qu’il a finalement pu réaliser.

« J’ai obtenu une résidence à Stuttgart, en Allemagne, dans un lieu appelé Akademie Schloss Solitude. J’y étais déjà allé pour rendre visite à des amis à Berlin et j’avais beaucoup aimé. Je voulais trouver un moyen de revenir, mais c’était en 2000, quand je finissais ma maîtrise.

« J’ai fini par m’installer à Berlin, qui était très bon marché à l’époque, et vers 2005, j’ai rencontré ma compagne Louise Witthöft. Depuis, nous travaillons à plein temps ensemble sur différents projets. »

Rodney LaTourelle a élu domicile en Allemagne au cours des deux dernières décennies. Après tout, c’est là qu’il a fondé sa famille avec Louise et qu’il a élevé son fils adolescent. Aujourd’hui, il se souvient de Winnipeg avec beaucoup d’affection.

Winnipeg dans un coin de la tête

« Le soleil me manque, parce qu’à Berlin, surtout en hiver, c’est vraiment gris et brutal. Il n’y a pas autant de neige ici, alors ça me manque. De plus, les Canadiens sont amicaux. Cette convivialité et cette décontraction me manquent. Ce n’est pas le cas en Europe. Les gens peuvent être très hostiles.

« Mais il y a parfois des artistes canadiens qui viennent dans nos centres, et ils sont toujours les bienvenus.

« Vous pouvez y trouver les travaux les plus intéressants au niveau international, car les artistes les plus intéressants font parfois des expositions à Berlin. Vous pouvez voir leur travail et probablement les rencontrer directement si vous le souhaitez. C’est très accessible ici, à cet égard.

« J’ai rencontré Louise dans un centre d’artistes appelé Sparwasser HQ, alors qu’elle y travaillait. J’y ai donné une conférence et elle a aimé mon travail, ce qui nous a permis de faire connaissance. C’était très courant pour les expatriés de présenter leur travail.

« Le Sparwasser HQ organisait m des expositions de groupe. Les gens étaient là pour expliquer le travail aux visiteurs, c’était un lieu très ouvert qui encourageait les artistes internationaux à se rencontrer et à donner des conférences.

« L’artiste Paul Butler, originaire de Winnipeg, avait un projet intitulé Collage Party. Nous avons apporté ce projet dans cet espace sous la forme d’une session d’une semaine de création de collages, c’était donc cool de voir quelqu’un de chez moi venir ici.

« Je suis resté ici pour cette liberté et cette accessibilité. Il n’y a pas tellement de hiérarchie dans la scène culturelle. Il y a beaucoup d’institutions et d’espaces de projets différents avec des scènes différentes et des groupes nationaux différents qui font tous des choses. »

Les collaborations entre Rodney LaTourelle et Louise Witthöft peuvent être trouvées partout à travers l’Allemagne et le Canada, et pas seulement dans les galeries d’art. Une des œuvres les plus récents du couple, nommé Light from Within, est installé au Eglinton Station LRT à Toronto, dont l’ouverture est prévue cette année.