Elle prend la relève du Manitobain, Derrek Bentley en poste depuis quatre ans. Il fait un bilan sur son mandat avec La Liberté.

Depuis huit ans, Derrek Bentley s’est joint au conseil d’administration de Canadian Parents for French, dont quatre ans en tant que président de l’organisation nationale.  

Au cours de cette période, il s’est occupé d’un certain nombre de questions touchant la communauté francophone du Canada dont la modernisation de l’organisme. Il explique. « On a quand même fait beaucoup de travail à l’interne pour réinventer l’organisme. Depuis longtemps, l’organisme fait beaucoup de programmation sur le terrain. Ce type de travail est important.

« En même temps, je m’occupais surtout de la manière dont l’organisme peut retourner à ses racines pour vraiment faire des grands changements structurels. Alors il y a eu beaucoup de réflexions sur comment on peut mieux travailler ensemble et mieux partager des ressources pour que notre impact sur le terrain soit beaucoup plus grand. Le but est toujours de changer la structure du français au Canada pour des années à venir. »

Étant ancien élève de l’immersion, Derrek Bentley s’efforce de rendre la langue plus accessible et moins intimidante pour les nouveaux arrivants. « Tout le monde qui est au Canada devrait avoir l’occasion d’apprendre leur deuxième langue officielle et de la vivre. 

Une seule et même francophonie

« Il y a encore beaucoup de travail à faire au niveau de rapprochement. Au Manitoba, les gens qui passent par les écoles d’immersion sont très inclus dans la francophonie. Mais ailleurs au Canada, ce n’est vraiment pas le cas. Comme ancien président de l’organisme, je réfléchissais à la manière de travailler avec les gens qui ont le français comme langue additionnelle tout en les incluant dans la francophonie canadienne.

« C’est une question de comment est-ce que les côtés anglophones et les côtés francophones peuvent être accueillants aux gens bilingues, peu importe la manière dont ils sont devenus bilingues. »

D’après Derrek Bentley, le travail commence à la base provinciale. Canadian Parents for French fonctionne comme organisme national, et beaucoup du travail du conseil d’administration est fait en collaboration avec le gouvernement fédéral.

Derrek Bentley explique la structure de l’organisme national : « À Canadian Parents for French, les gens élus au conseil national ne représentent pas leurs provinces. Mais les intérêts de l’organisme pour le Canada au complet. 

« Dans les règlements, il y a une règle qui indique que le conseil peut seulement avoir un maximum de deux personnes par province ou territoire. Dans les faits, comme le conseil a, jusqu’à, sept administrateurs, ce n’est déjà pas assez pour en avoir un dans chaque province et territoire. »

Actuellement, le CA est composé de Kate Ashley (présidente), Diane Tijman (vice-présidente), Salma Al-Saquaf (trésorière), Isabelle LeVert-Chiasson, Candace Newman et Amy Boudreau. 

Beaucoup de sensibilisation

Il reste que chaque province et territoire est pris en compte dans les discussions. « Pour autant, la structure de Canadian Parents for French est divisée en branches. Il y a un bureau local dans chaque région et il y a CPF national. Cela signifie que le Manitoba a une branche : Canadian Parents for French – Manitoba. 

« C’est une branche avec son propre conseil et sa propre structure. On a des mécanismes en ligne pour consulter ces gens. Il n’y a peut-être personne du Manitoba au conseil national. Mais j’ai confiance que le CA va garder les intérêts du Manitoba et de toutes les autres provinces en tête. » 

Mais cette structure de travail apporte ses propres défis. Notamment, en termes de soutien gouvernemental, Derrek Bentley souligne que : « ce n’est pas le Fédéral qui crée des espaces pour apprendre le français. Il va demander à la Province, ou même aux conseils scolaires individuels. 

« Sauf que ce n’est quand même pas facile de travailler avec chaque conseil scolaire individuellement pour demander davantage de programmes d’immersion. Même avec le travail qu’on a fait, le défi continue et il sera difficile à résoudre. 

« Dans la majorité des cas, les commissaires scolaires sont élus tous les quatre ans. Donc tu as peut-être du progrès, et ensuite les élections arrivent, les gens changent, et tu recommences. On a eu beaucoup de succès. Mais le but est que tout le monde ait accès à une école d’immersion. On est encore très loin de cela. »

L’autre défi que Derrek Bentley a dû relever en travaillant dans son poste était la différence de vocabulaire entre Canadian Parents for French et le gouvernement fédéral. Dans le cadre de ses efforts pour moderniser l’organisme, le groupe a reconnu l’utilisation du mot « bilingue » n’était peut-être pas tout à fait approprié en l’absence d’un certain contexte. « La société évolue. Donc nous aussi, on doit évoluer dans notre façon de communiquer. Il arrive souvent que l’organisme soit mal pris entre ce qu’on pense être bien pour la société versus un langage qu’on doit utiliser avec le gouvernement pour être compris.

« Par exemple, le gouvernement utilise encore beaucoup le terme de dualité linguistique. Nous, on ne l’utilise plus. Mais si on ne l’utilise pas avec le gouvernement, on est souvent mal compris et notre travail ne reçoit pas le soutien dont on a besoin.

« On dit encore beaucoup français langue seconde. Mais il y a beaucoup de gens où le français, c’est leur troisième, quatrième ou bien cinquième langue. En utilisant quand même ce vocabulaire, on exclut des gens qui peut-être veulent être inclus dans la francophonie.  

« On disait pour longtemps, Proud of Two Languages. Vraiment, on est fier de toutes les langues. Alors, si on dit Proud of our Official Languages, ça change déjà un peu la façon d’inclure tout le monde. C’est un petit changement. Mais l’impact est quand même important. »