Par Émilie Laurencelle Vermette et Chelsea Howgate – collaborations spéciales.

La Liberté a rencontré quatre élèves pour recueillir leurs opinions un an après la mise en oeuvre de cette politique. La rédaction a ensuite croisé les réponses de ces élèves avec un expert.

Camille Saltel-Allard
Camille Saltel-Allard, élève en 10e année au Collège louis-Riel. (photo : Marta Guerrero)

Quel impact cette interdiction a-t-elle eu sur votre capacité à apprendre et à travailler à l’école? 

Dans mon école, il y a des pochettes à l’avant de la classe dans lesquelles on doit laisser notre téléphone jusqu’à la fin de la période. La règle a été plutôt négative pour mon apprentissage, car je suis une personne qui travaille mieux en écoutant de la musique. Cette possibilité ne m’est plus offerte. Beaucoup d’élèves et moi-même avons du mal à travailler dans une salle de classe bruyante, et notre capacité à nous concentrer a donc diminué sans nos téléphones. L’interdiction a également rendu certains d’entre nous moins efficaces dans nos travaux, car auparavant, nous utilisions souvent nos téléphones pour faire des recherches ou pour utiliser l’application de traduction.

Selon vous, les cellulaires sont-ils des bons outils d’apprentissage? 

Nos téléphones sont plus efficaces que nos ordinateurs. Avec un télé-phone, nous pouvons terminer nos recherches et utiliser l’application de traduction en quelques secondes.

Comment utiliser le cellulaire sans en abuser? 

Personnellement, je pense que nous devrions être autorisés à les avoir avec nous en classe et à les utiliser à bon escient. Je sais que dans le passé, beaucoup de gens ont abusé de cette option et sont allés sur des applications comme Snapchat et TikTok. C’est une occasion d’enseigner aux élèves le contrôle de soi et la responsabilité. En réalité, les enseignants ne peuvent pas forcer leurs élèves à apprendre, c’est donc à nous de réaliser que nous sommes responsables de notre propre éducation et que le fait d’être sur les réseaux sociaux en classe pourrait être la raison d’une note insatisfaisante.

Kai Bestvater
Kai Bestvater, élève de 12e année au Centre scolaire Léo-Rémillard. (photo : Marta Guerrero)

Quel impact cette interdiction a-t-elle eu sur votre capacité à apprendre et à travailler à l’école? 

C’est à la fois positif et négatif sur mon apprentissage. D’une part, la règle aide à maintenir mon attention en classe, car je ne regarde plus autant mon téléphone. 

En revanche, je ne pense pas non plus que nous devrions être obligés de ranger nos téléphones en cas d’urgence. Il est beaucoup plus facile de me joindre par l’intermédiaire de mon téléphone que de contacter l’école. De plus, si j’oublie mon ordinateur, je ne peux pas faire de recherches pour le cours.

Selon vous, les cellulaires sont-ils des bons outils d’apprentissage?

Si vous avez simplement besoin de traduire un mot, utiliser votre téléphone prend beaucoup moins de temps que de sortir un ordinateur ou même un dictionnaire. C’est la même chose pour la recherche, c’est infiniment plus efficace.

Comment utiliser le cellulaire sans en abuser?

Je n’interdirais certainement pas les téléphones, mais je dirais que c’est aux enseignants de décider s’ils veulent ou non que leurs élèves utilisent des téléphones en classe. Si la classe n’est jamais attentive et se désintéresse de ce qu’elle apprend, il est clair qu’il y a un problème plus important que celui des téléphones. 

Je pense que si les enseignants rendent la leçon plus attrayante et dynamique, cela devrait être suffisant pour que les élèves se concentrent et aient envie d’apprendre.

Ines Katney
Ines Katney, élève de 12e année au Centre scolaire Léo-Rémillard. (photo : Marta Guerrero)

Quel impact cette interdiction a-t-elle eu sur votre capacité à apprendre et à travailler à l’école? 

Mon école avait déjà des règlements sur les cellulaires, alors ce n’était pas vraiment quelque chose de nouveau. Pour la plupart d’entre nous, il n’y a pas eu trop d’ajustement.

Ce n’est pas vraiment quelque chose qui m’a affecté personnellement, car je suis plus attirée par les conversations avec des gens en face à face. Je trouve que c’est le cas pour la majorité d’entre nous. C’est un stéréotype qui a été imposé sur les adolescents, plutôt que de la réalité. Les adultes ont les mêmes habitudes que nous avec leurs téléphones et personne n’en parle.

Selon vous, les cellulaires sont-ils des bons outils d’apprentissage? 

Tout peut se passer aussi sur l’ordinateur. Mais il est moins utile.Par exemple, notre école utilise Power School comme application pour recevoir les notes. Si tu as des devoirs qui manquent ou si tu as des devoirs que tu n’as pas bien réussis, tu peux voir ce que tu as eu comme note sur cette application.

Mais si j’ai seulement mon ordi-nateur, j’ai besoin de l’allumer, d’attendre et ce n’est pas assez efficace. S’il n’y a pas de Wi-Fi à l’école, il ne fonctionne pas. Ça nous est déjà arrivé quelques fois dans le passé.

Comment utiliser le cellulaire sans en abuser? 

Bonne question. J’ai constaté que c’est un problème que beaucoup d’entre nous rencontrent. Il est très préjudiciable de rester sur son téléphone toute la journée, alors il faut donc s’occuper ou ne pas avoir besoin de son téléphone pour se divertir.

On ne veut pas trop utiliser le téléphone. Mais c’est vraiment une invention géniale qui offre beaucoup d’avantages et d’outils utiles. C’est une pente glissante et nous en sommes tous coupables. Pas seulement les adolescents.

Nadine Gabra
Nadine Gabra, élève de 10e année au Centre scolaire Léo-Rémillard. (photo : Marta Guerrero)

Quel impact cette interdiction a-t-elle eu sur votre capacité à apprendre et à travailler à l’école? 

Je crois avoir toujours eu un bon contrôle de moi-même avant l’interdiction. Je ne pense pas que ça a amélioré ou rendu pire.

Peut-être, c’est un peu mieux pour d’autres élèves. Je sais que faire des règlements comme ça donne moins d’opportunités aux élèves d’être malhonnêtes et de vérifier leurs téléphones derrière le dos de leurs enseignants.

Avec l’interdiction, ça va enlever un petit peu du montant de temps que les élèves sont sur le téléphone dans la classe. Mais ils trouveront des moyens de contourner le problème.

Selon vous, les cellulaires sont-ils des bons outils d’apprentissage? 

Ça dépend de ce que tu apprends. Il peut rendre l’apprentissage plus facile et plus vite comme l’utilisation de la calculatrice par exemple. Mais ce n›est pas un outil nécessaire.

Comment utiliser le cellulaire sans en abuser?

Après un certain âge, les élèves devraient être responsables de leur propre éducation. Et s’ils décident eux-mêmes d’aller sur le téléphone au lieu d’écouter en classe, c’est seulement eux qui vont avoir des conséquences.

Est-ce qu’on veut que nos élèves deviennent autonomes et sachent avoir le contrôle de soi? Où est-ce qu’on veut mettre des restrictions sur eux, pour qu’ils aient juste l’option de suivre le règlement ou de le briser? C’est peut-être le temps de les laisser apprendre par eux-mêmes que s’ils sont sur leur téléphone durant le temps de classe, ils ne vont pas savoir ce que les enseignants disent.