À l’occasion du 110e anniversaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale, La Liberté a demandé à Eva Janssen, archiviste en chef du Centre du patrimoine, et à Stephanie Friesen, archiviste aux Archives du Manitoba, et sa collègue technicienne d’archives, Pascale Hutton, de nous présenter quelques archives de leur collection en lien avec ce conflit qui les ont interpellées. Voici ces archives. 

Douglas Waugh et son frère Alex ont tous les deux servi pendant la Première Guerre mondiale. Alex Waugh est mort à la guerre et son frère a créé un album pour lui rendre hommage et parler de sa vie au front et en dehors. L’album contient notamment des photos, des lettres, des poèmes, l’annonce du décès puis des funérailles d’Alex Waugh, ou encore une fleur ramassée par sa mère sur sa tombe.
Pascale Hutton : « Cet album permet vraiment de voir l’homme au-delà du soldat. »
Stephanie Friesen : « Ça montre bien aussi tout le travail de deuil et de mémoire qu’a dû faire Douglas Waugh après la mort de son frère au combat. » Le fonds de famille Waugh contient entre autres huit albums et 944 photos.
(photo : Gracieuseté Archives du Manitoba, fonds Famille Waugh. ²Alexander Logan Waugh. Lieutenant. Lord Strathcona’s Horse (R.C)² scrapbook created by Douglas Waugh, 1909-1933, P7974)
Ce carnet de rationnement a appartenu à un soldat et lui permettait d’obtenir des rations de viande, thé, beurre, sucre et autres denrées. Pascale Hutton : « La production était moindre puisque beaucoup d’hommes étaient partis au combat, d’où ces carnets de rationnement pour mieux répartir les ressources entre tous, incluant les soldats partis au front. Ces derniers avaient des carnets de rationnement, mais aussi les personnes restées au Canada. » (photo : Gracieuseté Archives du Manitoba, carnet de rationnement de la Première Guerre mondiale, 1918, P7488/4)
Pascale Hutton : « Gertrude Code était une femme de Winnipeg qui a beaucoup œuvré à éduquer les femmes au sujet du rationnement alimentaire, et comment faire sa part à la maison pour limiter l’utilisation de denrées alimentaires afin de pouvoir en envoyer davantage aux soldats. Elle a donc développé des recettes de guerre qui, par exemple, permettaient de réutiliser l’eau de cuisson du riz ou des patates. » (photo : Gracieuseté Archives du Manitoba, fonds Gertrude C. Code, livre de recettes en temps de guerre, 1917-1936, P7223A/1)
Stephanie Friesen : « Dans cette lettre, un père de famille écrit au ministre Valentine Winkler pour demander que son fils, qui vient de se faire enrôler dans l’armée, soit exempté de service militaire pour pouvoir revenir l’aider sur la ferme. Il explique au ministre que sans son fils, il ne pourra pas s’occuper seul des 600 acres de terrain. Pendant la guerre, le gouvernement a accordé plusieurs exemptions aux fins de poursuivre le travail de la terre au Canada, et ainsi assurer une continuité de la production alimentaire. La nourriture aussi était une nécessité! » (photo : Gracieuseté Archives du Manitoba, fonds Valentine Winkler. Correspondance Valentine Winkler, pages 2510-2661, Janvier-Juin 1918, P7642/7)
Le lieutenant John Boswell, du 90e bataillon des Royal Winnipeg Rifles, s’est marié en France, lors d’une permission pendant la guerre. Dans la lettre, son grand frère de 21 ans son aîné, Clarence, qui est aussi au front avec le même bataillon, en informe leur mère et lui partage son opinion de la nouvelle épouse de son petit frère. 
Pascale Hutton : « Cette lettre de Clarence à sa mère montre bien que malgré les combats, la vie continuait. Les gens tombaient en amour et se mariaient. »
(photo : Gracieuseté Archives du Manitoba, fonds Clarence Montague Boswell C.M., 1918, Q30841/10)
Membre du régiment de cavalerie Canadian Light Horse, George Henry Hambley a beaucoup écrit et dessiné sur son expérience au front, dans des carnets. Stephanie Friesen : « Entre autres, il raconte dans son journal la Bataille de Passchendaele à laquelle il a pris part en 1917, et à quel point c’était boueux! Après la guerre, alors qu’il était avocat avant de partir au front, George Henry Hambley est devenu pasteur de l’Église unie du Canada. » (photo : Gracieuseté Archives du Manitoba, fonds George Henry Hambley. George Henry Hambley diary (#7), 30 septembre 1917 – 23 novembre 1917, P7413/7)
Eva Janssen : « Cette photo me touche beaucoup car quand plusieurs frères partaient au front, ça représentait un grand risque pour l’unité familiale. Les deux frères sur cette photo sont morts au combat. Le premier, Phylias, en 1915. Pas même cinq mois après son arrivée en France. Et le second, Joseph, qui s’était enrôlé à seulement 15 ans, a été blessé trois fois au combat avant d’être tué le 29 septembre 1918, à quelques semaines de la fin de la guerre. Il avait 20 ans. Les deux frères sont inhumés outre-mer. » (photo : Gracieuseté Archives de la SHSB, fonds Paroisse Notre-Dame de l’Assomption, 1915, SHSB60179)