Le mois de novembre est celui de la sensibilisation au radon.
Et si on lui consacre un mois entier, ce n’est pas anodin.
Ce gaz nocif est la deuxième cause du cancer du poumon derrière le tabagisme dans le monde.
La raison pour laquelle le monde entier est concerné, à des degrés différents, par le radon, c’est parce qu’il s’agit d’un gaz radioactif sans couleur ni odeur.
Mathieu Brossard est spécialiste en rayonnement auprès de Santé Canada et il nous en dit un peu plus.
« Le gaz va se dégrader en libérant des radiations qui vont venir endommager le tissu pulmonaire ». L’on pourrait penser alors qu’être exposé à des radiations pourrait conduire vers toute sorte d’autres formes de cancer, Mathieu Brossard explique que ce n’est pas vraiment le cas avec le radon.
« C’est un émetteur de radiation que l’on appelle Alpha. Elles sont très puissantes, mais sont bloquées par la couche cornée de la peau. En revanche, il peut être respiré et les poumons inspirent plusieurs milliers de litres d’air par jour. Les organes sont donc exposés au radon. »
À titre d’exemple, le spécialiste indique qu’une personne non fumeuse sur 100 est susceptible de mourir d’un cancer du poumon. Ce chiffre passe à une personne sur 50 dans le cas d’une exposition à un taux élevé de radon.
Sa présence dans les habitations s’explique simplement par son origine. Le radon est un gaz sous-terrain qui se faufile et s’infiltre par le sol.
« Il est produit par l’uranium qui est présent dans le sol. Ce dernier va se transformer en un métal qui est le radium. Le radium a de particulier qu’il va passer de l’état de métal à un état gazeux : le radon. Ce gaz va alors se déplacer dans les sols, vers la surface. Et il peut alors s’infiltrer par les fissures ou les joints de retrait. »
C’est pour cela qu’il est recommandé de tester le niveau de concentration du radon au niveau occupé le plus bas des habitations.
Car il est effectivement possible de mesurer les taux de concentration de radon dans son foyer.
Pour cela, il faut se rendre sur le site de la campagne nationale : Occupe-toi du radon, ou Take action on radon.
Il est alors possible de commander une trousse qui coûte environ 50 $. Le reste est à la portée de n’importe qui.
La trousse comporte un détecteur qu’il faut placer quelque part « à hauteur de nez » pendant trois mois.
« Le taux de radon que l’on trouve dans les bâtiments résulte d’un mélange entre le taux d’infiltration et l’aération. Les taux sont donc susceptibles de changer d’une semaine sur l’autre. C’est pour cela que l’on recommande de faire le test sur une période de trois mois. »
Une fois passé les trois mois de test, le détecteur doit ensuite être envoyé par courrier au laboratoire indiqué qui s’occupera de calculer les taux de radon.
Le spécialiste en rayonnement est catégorique, « il n’y a pas de concentration de radon qui soit bonne pour la santé ». Toutefois, Santé Canada a défini un niveau d’action qui est de 200 becquerels par mètre cube (200 Bq/m3).
« À partir de ce niveau, on recommande officiellement de faire des travaux. Mais peu importe le taux, chacun est libre de faire les travaux nécessaires. »
Une enquête pancanadienne sur les concentrations de radon dans les habitations indique que les taux de radons au Manitoba sont assez élevés. Une maison sur cinq compte un niveau de concentration égal ou supérieur à 200 Bq/m3.
Les travaux nécessaires à la réduction du taux de radon dans une habitation consistent à colmater les voies d’infiltration, ce qui peut être très difficile à faire dans un bâtiment fini. « Bien souvent, on utilise un système de ventilation dans la dalle en béton semblable à la ventilation dans les salles de bains. Le ventilateur va venir aspirer les gaz sous-terrains avant qu’ils ne s’infiltrent. Ça s’appelle la dépressurisation active du sol. C’est très efficace. »
Le coût de tels travaux varie, mais sont généralement compris autour de 3 000 $. À savoir que des travaux liés au radon rentrent dans les critères d’un prêt que propose Manitoba Hydro : Home Energy Efficiency Loan.