Wilgis Agossa, directeur artistique, nous en dit plus sur les nouveautés de la quatrième édition.
« Mots sur Maux », voilà le thème du festival Noir et fier cette année. La programmation a été pensée de façon à créer des temps d’échanges autour de diverses activités où des histoires touchantes pourront être racontées, celles des personnes noires.
La première nouveauté se tiendra au Théâtre Cercle Molière (TCM) lors des « Dimanches en famille ». Ce rendez-vous hebdomadaire, déjà en place au TCM, s’adapte pour proposer des animations telles que de la danse, du break, des jeux ou encore des contes pour « nous permettre de nous enrichir », indique Wilgis Agossa.
En parallèle, un autre moment de rencontres se tiendra chaque milieu de semaine avec « Les mercredis je conte », de 17 h 30 à 19 h. Le public pourra y découvrir des histoires de plusieurs peuples. « Dans les cultures noires, la tradition orale a une grande richesse, explique Wilgis Agossa. Quand on veut faire passer un message et dire les choses, on utilise le conte.
Ce rendez-vous nous permettra de voyager vers un autre continent, que ce soit avec les contes d’Afrique centrale, d’Afrique de l’Ouest ou même des Caraïbes. »
Par ailleurs, deux conférences où il est question de revenir sur les souffrances et le racisme vécus par les communautés noires viennent ponctuer le début du mois. Si la première s’est déjà tenue le 3 février au Centre de santé de Saint-Boniface, où Stanislas C. Bell a partagé une épreuve marquante de racisme dans un hôpital, la seconde conférence aura lieu le 7 février au Théâtre Cercle Molière de 10 h à 12 h. Co-organisée par l’Accueil francophone et le Réseau en Immigration Francophone (RIF) et en partenariat avec Noir et Fier, elle a pour thème « Les cicatrices invisibles du racisme ». L’accès est gratuit.
Une parole libératrice
Comme mentionné plus haut, ces temps de rencontres et d’échanges seront donc placés sous une thématique bien précise : Mots sur Maux. Un choix lourd de sens pour Wilgis Agossa qui souhaite « mettre le doigt sur nos blessures ». Il poursuit.
« En tant que personne noire, que ce soit à Winnipeg, au Manitoba ou ailleurs au Canada, c’est tellement difficile de trouver sa place à cause des stéréotypes et des différentes formes de discriminations que l’on rencontre. Ces préjugés créent une barrière dans le processus d’intégration. Et les gens ne parlent pas de cela par peur de représailles, que ce soit dans le milieu du travail ou dans la communauté. »
Mettre les mots sur les maux est aussi une façon de « se libérer pour entamer un processus de guérison personnel ». Wilgis Agossa espère ainsi déclencher une prise de conscience collective sur les difficultés rencontrées par les personnes noires au Canada. Dialoguer dans le respect, créer des liens pour avancer l’un vers l’autre, voilà donc un bon leitmotiv pour cette nouvelle saison. « Il s’agit de créer du partage pour que chacun de nous puisse contribuer à un meilleur vivre-ensemble. »
De plus, le directeur artistique a à cœur de parler d’un partenariat avec le Festival du Voyageur. « Ce partenariat nous permet d’avoir un concert le 16 février avec en première partie la chanteuse Kelly Bado, originaire de Côte d’Ivoire et le musicien sénégalais Cheikh Ibra Fam. Cela promet d’être une belle soirée.
C’est un partenariat auquel nous tenons beaucoup. Nous partageons ce mois avec eux. Pour cette raison, je les avais contactés il y a 2-3 ans pour que l’on réfléchisse à une façon de travailler ensemble. C’est une belle collaboration. »
Pour tout le monde
Si Noir et Fier est désormais un évènement incontournable du mois de février dans la communauté francophone, rappelons que le festival a commencé par une exposition de photos au TCM en 2022.
L’objectif premier du projet est avant tout de mettre en lumière les personnes noires de la communauté à travers leurs histoires, leurs talents et leurs cultures. Ainsi, une exposition de photos, de textes et de balados, est présente au TCM jusqu’au 28 février.
Pour celles et ceux qui hésiteraient encore à participer à l’un de ces événements, Wilgis Agossa a le mot de la fin. « Noir et Fier est ouvert à tout le monde. L’histoire des Noirs ne doit pas seulement être racontée aux personnes des communautés noires. Il faut partager et célébrer nos cultures pour que cela devienne une richesse. »