Les candidats à la succession de Justin Trudeau pour la direction du Parti libéral du Canada et aussi pour le rôle de premier ministre ont rendez-vous ce lundi et ce mardi pour deux débats officiels. 

Félix Mathieu, professeur agrégé en sciences politiques à l’Université de Winnipeg, s’attend à un peu d’animosité. Mais ces débats devraient surtout permettre aux candidats d’exprimer leurs visions. « Il y aura peut-être un peu de friction, notamment envers Mark Carney. Mais, Chrystia Freeland, qui est deuxième dans les sondages, il faut se souvenir que c’est une amie de longue date de Mark Carney. Il est même le parrain de l’un des enfants de Chrystia Freeland. »

Ces deux débats auront lieu à Montréal. Le premier sera en français et le second en anglais. Cette différence linguistique aura un impact sur la qualité du débat selon Félix Mathieu. « Le français de Mark Carney est bien, mais pas à la hauteur de celui de Chrystia Freeland. Ça devrait donc mieux se passer pour elle. »

Sur la forme

En effet, aucun des quatre candidats, Mark Carney, Karina Gould, Frank Baylis et Chrystia Freeland n’a le français comme langue maternelle.

D’ailleurs, selon Félix Mathieu, c’est peut-être aussi une autre raison de la disqualification de Ruby Dhalla qui était encore il y a quelques jours candidate à la chefferie libérale. « Le Parti libéral n’avait pas du tout intérêt à ce que Mme Dhalla participe au débat des aspirants chefs en langue française. Étant donné sa piètre maîtrise de la langue de Molière, le symbole que cela aurait envoyé est qu’au PLC, le bilinguisme est secondaire, ce qui aurait pu nuire à la capacité de la formation à retenir des votes stratégiques importants auprès des communautés francophones du pays lors des prochaines élections générales. »

Ruby Dhalla avait d’ailleurs émis l’idée de demander un traducteur pour l’aider lors du débat du parti en français. Demande rejetée par le parti qui a précisé dans ses Règles des débats de la course à la chefferie qu’ « aucun traducteur ne sera fourni par le Parti ». 

Sur le fond

Sur le fond, le PLC a fait savoir que pour ces débats, les candidats parleront de quatre thèmes : La place du Canada dans le monde, Bâtir une économie forte, Soutenir la population canadienne et l’Action climatique

Les relations canado-américaines font partie du premier thème. Mais Félix Mathieu espère qu’on aura le temps de développer chacun des autres thèmes tant l’actualité est occupée depuis plusieurs semaines par les menaces économiques de Donald Trump. « C’est certain que ce sera l’élément le plus important, et dans loin, dans le débat. J’ai l’impression que peu importe le thème mis de l’avant par les animateurs, inévitablement ce sujet reviendra dans la pièce. » 

Si les sondages donnent de l’avance à Mark Carney et Chrystia Freeland, Félix Mathieu pense que Frank Baylis et Karina Gould ont tout de même leur carte à jouer. « Mme Gould, sa meilleure stratégie, celle qu’elle met de l’avant jusque-là, c’est de parler de renouveau et de l’aile plus jeune de la politique. Elle est d’ailleurs la candidate la plus jeune et a occupé des fonctions importantes. Frank Baylis est lui déjà bien connu du monde des affaires. Il doit maintenant se faire connaître du grand public. Il est donc important de se faire connaître des membres, mais surtout de penser à l’élection générale. »

Le débat en langue française débutera à 20 h (heure de l’Est), et durera deux heures. Ça sera la même chose en anglais, ce mardi 25 février.

Le scrutin pour l’élection d’un chef se terminera le 9 mars 2025 et le nom du nouveau chef sera annoncé le même jour.