Avec des informations de Marie Wielgocki

Il a fait planer la menace depuis plusieurs semaines, c’est désormais chose faite. Donald Trump est allé de l’avant avec l’imposition de tarifs douaniers de 25 % sur le Canada et le Mexique.

Ces tarifs concernent, au total, l’équivalent de 918 milliards de $ américains de produits importés. La liste est donc assez longue, mais comprend des produits alimentaires, des biens de consommation, des matériaux, des équipements et bien d’autres.

Le secteur énergétique est lui aussi touché, et sera désormais taxé de 10 %.

La réponse canadienne, ce mardi 4 mars, ne s’est pas fait attendre. Lors d’une conférence de presse donnée à Ottawa, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé l’imposition d’une taxe à hauteur équivalente de 25 % sur près de 155 milliards de $ de marchandise américaine applicable dès aujourd’hui. 30 milliards de $ tout de suite et 125 milliards de $ de plus dans 21 jours.

Il ajoute que les tarifs resteront en place tant que les É-U ne feront pas marche arrière. Au peuple américain, Justin Trudeau a dit ceci :

« Nous ne voulons pas de cette guerre commerciale. Nous ne voulons pas vous voir souffrir non plus. Votre gouvernement a choisi d’agir de la sorte et de vous imposer ce préjudice. Ce matin, les marchés sont en baisse et l’inflation doit augmenter partout au É-U. Votre gouvernement a choisi de mettre l’emploi américain en péril. »  

Là encore, la liste des produits concernés est longue et consultable ici.

La mise en place des tarifs douaniers par le gouvernement de Donald Trump, initialement prévue pour le 4 février 2025, avait été repoussée. Le premier ministre Justin Trudeau s’était engagé à investir davantage pour la sécurité aux frontières et la lutte contre le fentanyl.

1,3 milliard de $ investis sur six ans, et la nomination de Kevin Brosseau en tant que tsar du fentanyl faisaient partie des prérequis pour que les É-U reconsidèrent l’imposition des tarifs.

Force est de constater que ça n’a pas eu l’effet escompté. Pour Justin Trudeau,  l’objectif de Trump est de mettre à mal l’économie canadienne dans l’objectif d’annexer le pays. Une volonté que le président américain a exprimée à maintes reprises depuis son entrée à la Maison-Blanche.

Justin Trudeau a également indiqué qu’une plainte officielle sera déposée auprès de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) à l’endroit des États-Unis. Il contestera ainsi les droits de douanes.

Cet après-midi, le premier ministre rencontrera les premiers ministres des Provinces et Territoires afin de définir les prochaines étapes pour le pays. « On travaille à faire tomber les barrières au commerce entre nos provinces et territoires, on travaille pour rejoindre de nouveaux marchés à travers le monde et bâtir une économie toujours plus forte et résiliente. »

La réponse de l’opposition n’a pas tardé non plus. Pierre Poilièvre s’est adressé à la presse pour parler de « l’attaque injustifiable » contre l’économie canadienne par le président Trump. Il a notamment parler de « trahison ».

La réponse des provinces

De son côté, le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew a qualifié les tarifs d’« attaque économique contre le Canada ». Dans les heures qui ont suivi les déclarations du premier ministre Trudeau, Wab Kinew communiqué sur X pour annoncer un report d’impôts pour les entreprises touchées par la taxe tarifaire. De plus, les produits américains seront retiré des magasins d’alcool. Sur ce dernier point, toutes les provinces sont tombées d’accord.

Devant le Palais législatif, les membres du gouvernement néo-démocrate se sont assemblés dans la journée pour s’adresser aux Manitobains. « Aussi humbles et amicaux que les Manitobains puissent être, lorsqu’un combat se présente à nous, nous restons un peuple de hockey et nous sommes prêts à nous battre », a déclaré le premier ministre sur le ton de la blague avant d’ajouter plus sérieusement que si les tarifs persistaient : « Nous continuerons d’annoncer des contre-mesures pour nous battre pour les Manitobains. »


Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, c’est dit prêt à surcharger les exportations d’électricité vers New York, le Michigan et le Minnesota de 25 % si les taxes restent en place. « S’il le faut, nous n’hésiterons pas à augmenter les taxes, voire même, à couper l’approvisionnement électrique complètement. »   

La Nouvelle-Écosse double les frais de péage pour les véhicules commerciaux américains entrant au Canada. Elle limite aussi l’accès aux marchés publics provinciaux pour les entreprises américaines.

Terre-Neuve-et-Labrador indique vouloir cesser tous les approvisionnements auprès des États-Unis.

Le Nouveau-Brunswick fera de même et participera aux efforts pour lever les barrières commerciales interprovinciales. De plus, un soutien financier sera offert aux grandes entreprises exportatrices.

Trump répond

Donald Trump a, quant à lui, jeté davantage d’huile sur le feu en déclarant sur son réseau social Truth cela : « Expliquez au gouverneur Trudeau, du Canada, que lorsqu’il applique des droits de douane de rétorsion sur les États-Unis, nos droits de douane réciproques augmentent immédiatement d’un montant équivalent ! »

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