Prenant place dans la Cabane à sucre, une extension du musée, les visiteurs pourront festoyer et célébrer ce fameux sirop local aux teintes ambrées.
Le temps se fait plus doux dans le village de Saint-Pierre-Jolys où les récoltes de sirop d’érable ont doucement commencé depuis la semaine du 17 mars.
En effet, des gelées la nuit combinées à des températures plus élevées le jour créent les conditions propices à la saison des récoltes. Ce type de météo permet d’exercer une pression à l’intérieur de l’arbre favorisant ensuite l’écoulement de « l’eau sucrée » comme aime l’appeler Roland Gagné, le gérant de la Cabane à sucre du village. « Grâce à Mère Nature, l’eau remonte des racines jusqu’en haut de l’arbre. Ça permet de nettoyer les veines de l’érable et ensuite le liquide s’écoule. »
Après transformation, ce précieux liquide donnera le tant apprécié sirop ayant forgé la renommée de Saint-Pierre-Jolys.
De la patience
Il faut savoir que les récoltes se font avec beaucoup de patience et d’amour puisqu’elles sont entièrement réalisées à la main. « On fait un creux dans l’arbre pour ensuite placer les chalumeaux. (1) Juste en dessous on installe une chaudière pour récupérer le liquide que nous venons chercher le soir », explique Roland Gagné habitué à cette manipulation. Une méthode traditionnelle utilisée partout dans l’érablière d’environ 300 arbres.
À noter d’ailleurs que ces érables ne sont pas concentrés à un seul endroit mais bien éparpillés partout sur les propriétés du village.
Bénévole au sein du musée depuis 14 ans, Roland Gagné s’y est engagé pour « s’assurer de garder le musée ouvert pour le restant de nos vies et celle de mes petits-enfants ». La Cabane à sucre contribuant effectivement au maintien du musée de la municipalité rurale, il poursuit. « Le Temps des sucres a débuté comme ça. On a réfléchi à une activité au printemps qui pourrait amener des fonds pour le musée. » Une fois à la retraite, l’organisateur du festival est revenu s’installer sur ses terres natales et ce sont ses amis membres au conseil du musée de Saint-Pierre-Jolys qui ont sollicité son aide.
Il est donc parti de zéro et a tout appris sur le tas. « C’est comme ça que j’ai commencé et je vais être occupé ici pour le restant de mes jours! », lance le passionné.
Transmettre un savoir-faire
Actuellement aidé par deux bénévoles, il indique ne jamais être contre le soutien précieux de volontaires supplémentaires. « C’est le fun mais il ne faut pas oublier ses bottes en caoutchouc », plaisante Roland Gagné. L’école communautaire Réal-Bérard et l’école Heritage Immersion sont également impliquées dans les récoltes de la sève, un moyen de transmettre ce savoir-faire aux générations futures. « On essaie de s’assurer que ces générations-là viennent apprendre le métier. »
À savoir qu’au Manitoba, la récolte s’étend sur une courte période de 21 jours seulement contre 45 à 60 jours au Québec. L’année dernière, environ 10 gallons de sirop ont été récoltés, soit l’équivalent de 38 litres. « Ce n’est pas grand-chose, convient-il. Nous n’avons pas la quantité que l’on souhaiterait. C’est pour ça qu’on a pour projet de bâtir notre forêt d’érable. »
En effet, ce projet d’une durée de trois ans vise la plantation de 100 arbres grâce à une campagne de dons qui permettra d’avancer les fonds afin d’engager une personne chargée de s’occuper de ces nouvelles plantations. Les dons peuvent être faits directement au musée ou bien via un virement Interac. Le gérant de la Cabane à sucre ajoute qu’à partir de 20 $ de don, un reçu fiscal pourra être remis.
Plusieurs musiciens au festival
À propos du festival du Temps des sucres, la fin de semaine des 5 et 6 avril sera rythmée par de nombreux musiciens du Manitoba. « Ce sont nos francos, nos métisses », précise fièrement Roland Gagné. Les visiteurs pourront notamment assister aux prestations de Morgan Grace, Michael Audette, la famille Hutlet dans le groupe éponyme Hutlet 2.0 ou encore Gérald Laurent, et bien d’autres…
L’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba (UNMSJM) sera également présente le dimanche pour animer quatre ateliers métis traditionnels, une première depuis 10 ans.
Et pour ceux qui hésiteraient encore à se joindre aux festivités et à goûter des mets préparés avec ce sirop 100 % local, Roland Gagné sait comment finir de vous convaincre. « D’une érablière à l’autre, le sirop d’érable aura un goût différent en fonction de la façon dont il est préparé. C’est comme le vin. »
Autrement dit, celui de Saint-Pierre-Jolys est unique au monde!
(1) Petit outil planté dans l’arbre qui sert de bec verseur.
La Cabane à sucre vous attend nombreux au 432 rue Joubert de 10 h à 17 h le 5 et 6 avril.