Cela compte tenu des licenciements massifs et des coupes sombres dans le domaine de la recherche.
L’organisation affirme qu’il devrait s’agir d’une « priorité nationale », compte tenu du nombre de Canadiens qui n’ont pas accès aux soins médicaux, afin de garantir que les professionnels de la santé souhaitant quitter les États-Unis puissent être intégrés dans notre système de santé de manière transparente, comme le souligne une déclaration de l’AMC, publiée le 10 avril dernier.
Vague de licenciement aux États-Unis
Cette annonce survient après une vague de licenciement aux États-Unis, qui a vu 10 000 travailleurs d’organisations de santé fédérale comme les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies et (CDC) et l’Institut National de Santé (NIH) mis à la porte. Le Conseil médical du Canada, l’organisme qui veille à ce que les nouveaux médecins répondent aux normes de qualification canadiennes, a aussi récemment rapporté une augmentation de 583 % du nombre d’inscriptions d’Américains diplômés en médecine souhaitant obtenir leur licence d’exercice au Canada
« J’ai l’impression qu’il s’agit d’une véritable fenêtre d’opportunité », dit la docteure Joss Reimer, présidente de l’AMC. « J’espère que nous pourrons trouver une petite lueur d’espoir dans le contexte d’une perte aussi dévastatrice pour la recherche scientifique aux États-Unis, en augmentant l’expertise et le nombre de prestataires de soins de santé ici au Canada. »
Elle explique que deux facteurs entrent en jeu lorsqu’il s’agit de faire venir davantage de médecins au Canada : l’immigration et l’autorisation d’exercer. L’AMC demande au gouvernement fédéral de s’attaquer aux obstacles à l’immigration en accélérant la délivrance des visas aux docteurs venant des États-Unis et en supprimant d’autres étapes comme les évaluations du marché du travail, qui assurent généralement que les employeurs accordent une priorité à la main-d’oeuvre canadienne.
« Nous avons besoin que toutes les provinces et tous les territoires accélèrent l’obtention des licences américaines. Nous voulons nous assurer que toutes les provinces ont accès à cet afflux de postes, afin que tout le Canada puisse bénéficier des médecins qui veulent simplement faire partie du système », Dre Joss Reimer.
Immigration et autorisation d’exercer
Citant une étude de Santé Canada publiée en janvier 2025, selon laquelle le pays a besoin de 23 000 médecins de famille supplémentaires, soit 49 % de plus que l’offre actuelle, la docteure Reimer explique : « Nous ne pensons pas qu’il faille prouver que le marché du travail est incapable de pourvoir les postes de médecins au Canada, alors que le rapport du gouvernement lui-même indique clairement qu’il y a une pénurie. »
D’autre part, l’autorisation d’exercer dépend de standards propres à chaque province, ce qui signifie que les nouveaux arrivants doivent prouver qu’ils possèdent les compétences requises dans la province où ils souhaitent s’installer. Par conséquent, les provinces de l’Ontario, de la Colombie-Britannique, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse ont déjà commencé à accélérer l’obtention des licences pour les candidats américains, un changement encouragé par l’AMC en raison des similitudes entre les systèmes d’éducation médicale américain et canadien.
« Nous avons besoin que toutes les provinces et tous les territoires accélèrent l’obtention des licences américaines. Nous voulons nous assurer que toutes les provinces ont accès à cet afflux de postes, afin que tout le Canada puisse bénéficier des médecins qui veulent simplement faire partie du système. »
Un système en grande difficulté
L’AMC estime que 6,5 millions de Canadiens n’ont « pas d’accès régulier aux soins primaires ».
D’autre part, la docteure Joss Reimer dresse un tableau sombre d’hôpitaux à court de personnel, de médecins surchargés et des salles d’urgence débordées.
« Non seulement nous sommes prêts à les accueillir, mais nos cliniques et nos hôpitaux ont désespérément besoin de plus de médecins », déclare Joss Reimer, autrefois médecin-hygiéniste en chef de l’Office régional de la santé de Winnipeg.
« Le Manitoba connaît la même situation que la majeure partie du pays, c’est-à-dire que nous n’avons tout simplement pas assez de postes pour répondre aux besoins. On parle de services hospitaliers où il n’y a pas assez de médecins internes et où ils doivent prendre encore plus d’heures de travail, ce qui cause beaucoup de burn-out chez nos docteurs. J’ai récemment entendu dire que nos salles d’urgence avaient du mal à remplir leurs postes, ce qui met à rude épreuve les médecins qui y travaillent. »
« Je ne veux pas manquer cette occasion, alors que l’intérêt est là, d’apporter une expertise et de nous aider à combler certaines des lacunes qui causent tant de tort aux Canadiens à l’heure actuelle », Dre Joss Reimer.
Des difficultés pour les francophones
Elle ajoute que dans les cliniques de médecine familiale de Winnipeg, où elle réside, de nombreux praticiens qui prennent leur retraite ou qui sont malades ne trouvent personne pour reprendre leur pratique.
« C’est encore pire dans la communauté francophone parce que le nombre de médecins qui parlent français est très limité » ajoute-t-elle, admettant que l’accueil de médecins américains ne résoudra peut-être pas le problème du manque de soins pour les francophones du Manitoba.
Selon la Chambre de commerce du Manitoba, la province aurait besoin de 346 médecins supplémentaires pour atteindre le même nombre de médecins par habitant que le reste du Canada, ce qui place la province à l’avant-dernière place du pays en ce qui concerne le nombre de médecins disponibles pour sa population.
On estime que 150 000 Manitobains n’ont pas accès à un médecin de famille, un problème encore plus flagrant dans les communautés isolées et rurales qui n’ont parfois même pas accès à un seul praticien.
Une opportunité en période électorale
Bien qu’un afflux massif de travailleurs hautement qualifiés et hautement payés puisse représenter une dépense écrasante pour un gouvernement aux prises avec une guerre commerciale et une récession potentielle, la présidente de l’AMC affirme que la pénurie de médecins canadiens coûte plus cher au gouvernement fédéral à long terme. Les patients incapables de recevoir des soins de santé de base finissent souvent par avoir besoin de services d’urgence ou d’hospitalisation pour des besoins de santé qui deviennent plus criants et plus aigus – et qui coûtent beaucoup plus cher aux contribuables.
« Lorsqu’il s’agit d’intégrer des médecins dans la communauté, il y a un petit coût initial, mais ce n’est rien comparé à ce que nous pouvons éviter en termes de coûts hospitaliers lorsque les gens n’ont pas accès à ces soins », affirme-t-elle.
C’est pourquoi elle espère que chaque parti fédéral s’engagera à cibler et à traiter les lacunes du système de santé, notamment en augmentant le nombre de médecins et en facilitant l’intégration des médecins dans le système canadien. Après le 28 avril, la docteure Joss Reimer souhaite que le candidat gagnant garde à l’esprit les enjeux du système de santé et cette opportunité d’augmenter le nombre de médecins.
« De voir un groupe aussi important de médecins qui désire venir dans un pays spécifique, c’est très rare, » dit-elle. « Je ne veux pas manquer cette occasion, alors que l’intérêt est là, d’apporter une expertise et de nous aider à combler certaines des lacunes qui causent tant de tort aux Canadiens à l’heure actuelle. »
Notre couverture électorale a été rendue possible grâce au Fonds « Couvrir le Canada : Élections 2025 »