« Il s’agit d’une nouvelle équipe plus centrée, bâtie pour ce moment charnière — pour apporter le changement que les Canadiens et Canadiennes veulent et méritent », voilà comment Mark Carney décrit lui-même ce gouvernement fédéral.
Gilles LeVasseur, professeur, gestion et droit à l’Université d’Ottawa, et diplômé universitaire en commerce, économie, santé, droit et affaires internationales, a commenté l’annonce de ce nouveau Cabinet.
Si certains noms reviennent depuis l’ancien gouvernement Trudeau, l’expert souligne tout de même une « transition ». « Faire un changement est important, ça donne un signal que l’on veut faire quelque chose de différent. Aussi, on a donc gardé des joueurs clés de l’ancien régime qui peuvent faire une différence et qui permettent de continuer sur l’aspect économique. »
D’ailleurs, l’on retrouve près d’une dizaine de fois les mots économie ou économique dans les intitulés des portefeuilles des nouveaux ministres. Signe de l’investissement important sur ce terrain-là par le premier ministre Carney, qui a notamment été élu pour améliorer la situation économique du pays.
L’expert rappelle également qu’il sera intéressant de voir les lettres de mandat confiées aux différents ministres pour voir exactement sur quoi et comment ils pourront agir.
Les Canadiens et Canadiennes ont donné un mandat fort à ce nouveau gouvernement : redéfinir la relation économique et de sécurité avec les É-U, faire baisser les prix et bâtir une économie plus forte.
— Mark Carney (@MarkJCarney) May 13, 2025
Ce nouveau Conseil des ministres a été bâti pour les défis d’aujourd’hui.
Le retour des secrétaires d’État
Si à l’intérieur de ce nouveau gouvernement, la plupart des provinces et des territoires y sont représentés, l’on note tout de même 11 ministres ontariens. Pour Gilles LeVasseur, c’est un signal important quand l’on sait les temps troubles que vit cette province. « À un moment, il faut être prêt à protéger l’Ontario. L’Ontario vit des moments difficiles avec l’automobile. On a notamment appris ce matin que Honda voulait limiter ses investissements au Canada. L’Ontario est une province très importante économiquement et l’on veut lui donner les outils pour faire une différence. »
Par ailleurs, Mark Carney a renoué avec une tradition qui n’existait plus depuis une dizaine d’années : les secrétaires d’État. Ils vont œuvrer sur des domaines précis comme le Développement rural, les Aînés ou encore la Nature.
Gilles LeVasseur explique le rôle d’un secrétaire d’État. « Un secrétaire d’État se rapporte normalement à un ministre de la Couronne. Dans le modèle nord-américain, un secrétaire d’État est généralement quelqu’un de junior. Alors qu’en Europe par exemple, l’on parle d’un ministre d’État comme quelqu’un qui a une grosse fonction. Au Canada, un secrétaire d’état aura un domaine plus spécifique et limité. Ces personnes auront des tâches dirigées pour un résultat.
« M. Carney a toujours travaillé en fonction des résultats. Ils doivent donc produire en fonction des objectifs demandés et qu’ils doivent remplir », estime le professeur.
Du changement aux Affaires étrangères
Sur le front des dossiers, Gilles LeVasseur sera très attentif aux relations canado-américaines, un autre sujet essentiel de la campagne électorale.
Il est à noter que Mélanie Joly, qui a longtemps œuvré pour cette relation en tant que ministre des Affaires étrangères, devient désormais ministre de l’Industrie et ministre responsable de Développement économique Canada pour les régions du Québec.
C’est Anita Anand qui reprend la responsabilité des Affaires étrangères. « Mme Joly avait développé une relation de communication et de relation positive avec les médias américains. Ça, c’est très important que ces médias puissent apprécier une personne capable de bien articuler une philosophie. Donc là, ça va être de voir comment l’on va y arriver et à quelle étape l’on est capable de faire la différence. »
Encore sur le dossier américain, Gilles LeVasseur va surveiller les 100 premiers jours du mandat de Mark Carney « Pour la relation américaine, c’est maintenant la négociation qui devient l’élément clé. On l’a vu il y a quelques jours, le Royaume-Uni est arrivé à une entente avec les États-Unis. »