C’était un document très attendu. Ce 15 mai, William Kaplan a donc partagé son analyse sur la situation de Postes Canada dans un rapport long de presque 200 pages. Le rapport a été remis ministère du Travail.

Pour rappel, William Kaplan a été nommé à ce poste le 16 décembre 2024, après que le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) se soit mis en grève le 15 novembre 2024.

La publication de ce rapport intervient d’ailleurs à moins d’une semaine de la fin des conventions collectives existantes. Le même sujet qui avait entraîné la grève à la fin de l’année 2024.

« Dans sa forme actuelle, Postes Canada n’est pas financièrement viable »

Alors que contient le rapport? En résumé, il examine les défis structurels auxquels Postes Canada est confrontée et les visions divergentes de Postes Canada elle-même et du Syndicat des travailleurs et travailleuses des Postes (STTP) pour assurer sa viabilité future.

Le défi principal est économique. Le rapport évoque une situation financière « désastreuse » pour Postes Canada, allant jusqu’à l’insolvabilité. Un prêt ou une marge de crédit du gouvernement du Canada de plus d’un milliard de dollars a été nécessaire en janvier 2025 pour permettre à Postes Canada de faire face à ses obligations courantes, y compris le paiement des salaires et le remboursement d’obligations.

« Dans sa forme actuelle, Postes Canada n’est pas financièrement viable », dit le document de William Kaplan.

Postes Canada a enregistré des pertes significatives de 548 millions $ en 2022, 748 millions $ en 2023, 803 millions $ de perte d’exploitation cumulée au troisième trimestre de 2024. Et les pertes annuelles sont estimées à 900 millions $ pour 2025.

Il est aussi expliqué que le volume du courrier transactionnel est en déclin constant et « irréversible », un phénomène mondial. Postes Canada fait notamment face à une concurrence intense de la part d’entreprises privées qui ont des coûts de main-d’œuvre inférieure, un accès quasi illimité aux capitaux, et qui innovent constamment en matière de livraison (drones, véhicules autonomes, robotique), souligne aussi le document.

Quelles recommandations?

Le rapport du commissaire Kaplan propose donc plusieurs recommandations pour améliorer la situation, comme supprimer progressivement la distribution quotidienne du courrier à la porte pour les adresses individuelles. Le rapport justifie cette recommandation en soulignant que le volume du courrier-lettres a chuté de manière spectaculaire et continue de baisser. En 2024, la moyenne était tombée à deux lettres par semaine par adresse, alors que le nombre d’adresses avait augmenté.

Le rapport estime que la livraison quotidienne à domicile pour une minorité d’adresses résidentielles (environ 25%) doit être supprimée si Postes Canada veut survivre.

Il est plutôt suggéré que des boîtes postales communautaires devraient être mises en place dans la mesure du possible pour remplacer cette forme de livraison.

Il est important de noter que cette vision s’oppose à celle du STTP.

« Nous épluchons présentement le rapport et nous vous ferons parvenir une mise à jour dès que possible », a d’ailleurs fait savoir le STTP. Aussi, le syndicat a prévu une rencontre aujourd’hui avec la nouvelle ministre de l’Emploi et des Familles, Patty Hajdu, pour discuter du rapport et des négociations.

« Nous accueillons favorablement les recommandations du rapport et nous nous efforcerons de travailler avec nos agents négociateurs pour relever nos défis », a notamment déclaré de son côté Postes Canada, ce vendredi.