Grâce aux objets, aux témoignages et à une vue imprenable sur la rivière, les visiteurs plongent dans une mémoire régionale bien vivante, accessible en français autant qu’en anglais.

À Saint-Georges, le Musée du Patrimoine de la rivière Winnipeg est un incontournable pour comprendre l’histoire et l’identité de la région. Ouvert toute l’année depuis 2019, il est le fruit de la résilience de la communauté après un incendie en 2014 qui avait détruit l’ancien Musée des pionniers.

« Face au feu, la communauté n’a jamais baissé les bras, affirme la directrice, Diane Dubé. Dès 2015, on travaillait déjà à recréer un musée. »

La reconstruction a permis de concrétiser une vision déjà en marche depuis 2012, celle de « sortir de Saint-Georges pour faire un musée vraiment régional ».

Aujourd’hui, le Musée, en forme de bateau, présente ses expositions dans un bâtiment de 5 800 pi², avec un deuxième espace de 4 400 pi² pour compléter l’expérience. À l’entrée, une grande carte de la rivière Winnipeg accueille les visiteurs.

Par et pour la communauté

Pour Kennedy McCullen, qui a travaillé cinq étés au Musée, « ce musée rassemble vraiment la communauté alentour. Il nous connecte tous, et c’est vraiment intéressant, pour les gens de la région comme pour les visiteurs, d’y entendre les différentes histoires ».

Également embauchée pendant plusieurs étés, Isabella Johnson, de Pine Falls, avait justement proposé son aide au Musée pour pouvoir « partager l’histoire de ma communauté, que ce soit auprès des jeunes dans les écoles, des familles de la région ou des visiteurs venus d’ailleurs ».

Elle a notamment développé le programme scolaire du musée.

Grâce à une recrudescence de dons depuis la réouverture, les expositions se renouvellent régulièrement.

L’une des plus populaires reste celle sur les modes de transport, avec le dernier traversier de Saint-Georges. Deux bateaux grandeur nature y trônent fièrement.

« C’est ma préférée, avoue Diane Dubé. Mon grand-père et mes oncles ont aidé à construire ce traversier dans les années 1940. Et la scène qu’on voit, c’est la ferme de mon ancêtre Alphonse Vincent, donc cette galerie me touche personnellement. »

De même pour le bénévole Roger Bouvier, natif de Saint-Georges. « La majorité des hommes du traversier, c’est ma parenté. Et ça me ramène vraiment à ma jeunesse, quand on sautait dans la rivière depuis le traversier! » 

Isabella Johnson souligne à quel point ce traversier est central dans l’histoire locale.

« Jusqu’en 1970, il fallait le prendre pour passer de l’autre côté de la rivière. Aujourd’hui il n’y a plus de traversier, il y a un pont. Les visiteurs posent beaucoup de questions là-dessus. »

Un écran interactif permet d’observer les changements du cours de la rivière avec les années. « Elle est deux fois plus large qu’avant, mentionne Kennedy McCullen. C’est impressionnant de voir cette évolution. »

Un contenu riche et interactif

Le Musée propose d’autres outils interactifs, notamment sur l’écologie et les barrages. Kennedy McCullen aime la galerie au sujet des barrages, ainsi que celle sur l’usine de pâte à papier Tembec aujourd’hui fermée.

« J’ai grandi à Great Falls, juste à côté du barrage, explique-t-elle. Quant au moulin, toute la famille de mon père y a travaillé. »

Des activités sont aussi pensées pour les enfants. « On a mis en place une chasse aux trésors, partage Diane Dubé. Beaucoup de familles reviennent car elles ont aimé ça, et pour voir les nouveautés. »

En outre, le Musée possède aussi une galerie d’art. Une nouveauté depuis 2019 où sont accueillies des expositions itinérantes, comme actuellement Brings to Light de l’artiste anishinabée Jaimie Isaac, sur l’école résidentielle de Fort-Alexandre.

Une expérience au-delà des murs

Si l’art a trouvé sa place à l’intérieur, pour la directrice du Musée, l’œuvre d’art ultime du musée est dehors. « Nous avons la plus belle vue du monde sur la rivière Winnipeg! »

L’extérieur, c’est le domaine de Roger et Joanne Bouvier. « Je m’occupe de couper l’herbe, entretenir les parterres, les fleurs, les plantes, et Joanne prend soin du petit magasin de souvenirs. »

Le couple a même créé un petit jardin méditatif, avec un banc, en mémoire du frère de Joanne, Charles Loiselle qui « aimait la rivière Winnipeg et voulait retourner vivre à Saint-Georges ».

Pourtant, ils ont quitté Saint-Georges en 1989! « Mais on a toujours à cœur de retourner aider le Musée. Saint-Georges, c’est vraiment notre communauté, même après 35 ans. Et les histoires dans le musée, les photos, ce sont souvent celles de membres de ma famille, de voisins, d’amis. »

Un nouveau circuit en préparation

Diane Dubé révèle par ailleurs travailler sur « un nouveau circuit qui partira de la galerie du traversier et mènera les visiteurs jusqu’à un sentier le long de la rivière, puis à la plage, à la bibliothèque et finalement au Jardin Papilio, un projet de jardin de papillons sur lequel nous travaillons avec la Franco-Manitobaine Simone Hébert Allard.

« On y trouvera des plantes de la Prairie, des oiseaux, des papillons… Ça va être un bel endroit! Nous allons aussi installer des panneaux historiques le long du sentier qui expliqueront comment la rivière a changé. »

Le projet ne sera pas terminé cet été, toutefois les visiteurs pourront déjà profiter du sentier longeant la rivière et de la nature environnante. « Après avoir tout appris sur l’histoire de la rivière, de ses gens, et l’évolution des écosystèmes, ça complète bien la visite. »

Que vous soyez passionné par l’eau, la nature, l’art ou l’histoire, le Musée du Patrimoine de la rivière Winnipeg vous réserve une expérience riche en découvertes. Une visite s’impose!

(1) Situé au 19, Baie Caron South à Saint-Georges, le Musée du Patrimoine de la rivière Winnipeg est ouvert tous les jours de la semaine. Information sur winnipegrivermuseum.com ou au 204 367-8801.

Article issu de notre prochain cahier spécial, à paraître le 21 mai, sur Les Musées du Manitoba rural.