À partir du 5 juin, une toute nouvelle exposition permanente — L’établissement de la Rivière-aux-Rats — met à l’honneur l’héritage métis de la région, des premiers échanges de fourrures jusqu’à l’arrivée du chemin de fer en 1878. Documents rares, cartes anciennes et récits de résistances font revivre une époque charnière du Manitoba. Une halte incontournable pour qui souhaite découvrir le passé vivant de la province.

Roland Gagné, l’actuel président, revient sur le développement du musée. « Ce sont les grands-parents parents de Sol Desharnais – le commissaire des expositions permanentes – qui ont racheté l’ancien couvent. De là, c’est devenu un musée, puis la cabane à sucre est née. »

Sur place, une salle de classe traditionnelle a été reconstituée, témoignant ainsi de l’ancienne activité du musée.

En 1985, le musée acquiert par donation la Maison Goulet, située sur le sentier Crow Wing, puis l’année 1998 voit la création de la fameuse cabane à sucre connue pour le célèbre festival du Temps des sucres.

À l’intérieur, l’établissement renferme deux expositions permanentes, une sur l’ancienne église démolie dans la controverse en 1980 et l’autre sur l’artiste de renom originaire de Saint-Pierre-Jolys, Réal Bérard.

Sol Desharnais, commissaire des expositions permanentes.
Sol Desharnais, commissaire des expositions permanentes. (photo : Marta Guerrero)

Une toute nouvelle exposition

Une troisième exposition s’apprête à ouvrir ses portes au public dès le 5 juin. Intitulée L’établissement de la Rivière-aux-Rats, celle-ci sonne comme une célébration de l’héritage métis. « Cette exposition sera déclinée en trois phases. Une première partie couvre une période assez grande en partant de la reconnaissance des peuples autochtones, il y a des milliers d’années, jusqu’a l’arrivée du chemin de fer en 1878 à Otterburne », explique Sol Desharnais, le commissaire originaire de Saint-Claude.

La Rivière aux Rats désigne une région ayant vu passer des explorateurs, tels que La Vérendrye, où le commerce notamment de fourrure s’est développé. Étant réputée pour être une bonne « place à foin », les Métis semi-nomades de Saint-Norbert et de Saint-Vital venaient y passer l’hiver. En plus de la trappe, de la chasse et de la pêche, cette communauté était aussi connue pour construire des charrettes dont elle se servait pour transporter de la marchandise.

Avant l’arrivée des routes actuelles, ce commerce s’effectuait par le biais d’un sentier partant de Fort Garry jusqu’à Saint-Paul (dans l’état du Minnesota aux États-Unis) où la présence d’un chemin de fer permettait d’emmener les marchandises dans des ports pour ensuite exporter ces ressources.

(photo : Marta Guerrero)

Des « trésors cachés »

Et pour se rendre compte de l’évolution de la région, les visiteurs pourront compter sur des appuis visuels tels que des cartes et des illustrations. Grâce à un consciencieux travail de recherche, Sol Desharnais a découvert aux archives du Manitoba et de la Société historique, des « trésors cachés ».

« Je suis tombé sur des documents ou des cartes qui n’ont jamais été photographiés ou scannés. J’ai eu l’honneur de ramener ça chez moi! C’est bon de ressortir ces belles richesses pour les partager au public. » 

Il donne pour exemple des cartes indiquant le nom des lotissements et des propriétaires terriens. Le public pourra également consulter un catalogue de cartes qui retracent également l’histoire des ancêtres venus s’installer dans la région.

L’exposition évoque également des moments cruciaux de l’histoire de la province, y compris la résistance de Louis Riel, l’entrée du Manitoba dans la confédération, mais aussi l’origine symbolique et historique du nom du village de Saint-Pierre-Jolys.

L’exposition s’achève volontairement par un moment décisif dans l’histoire de la région, celle de l’arrivée du chemin de fer à Otterburne en 1878. Il s’agit en effet de la première ligne ferroviaire du Manitoba et, plus largement, de l’Ouest canadien.

Cette dernière reliait Winnipeg à Minneapolis, aux États-Unis, et a permis l’arrivée d’immigrants du nord-est des États-Unis, mais aussi de francophones et de Québécois venus s’installer ici.

Cela mit également un terme à l’utilisation de la charrette et à la traite des fourrures.

(photo : Marta Guerrero)

Faire vivre l’histoire et célébrer les héros métis

À l’approche de l’ouverture de la nouvelle exposition permanente, le président du musée depuis une quinzaine d’années et organisateur du festival du Temps des sucres, se sent fier de consacrer son temps à la vie du musée. « On fait vivre l’histoire!, s’exclame-t-il. Avec Louis Riel et la reconnaissance des Métis, on veut s’assurer que les héros cachés de chez nous soient reconnus, valorisés et célébrés. »

À ce propos, Sol Desharnais ajoute :

« Avant c’était une honte d’être Métis, les gens le cachaient et étaient moins fiers de leur héritage. Aujourd’hui, c’est en train de changer. Au musée on vit cette nouvelle exposition comme une célébration de nos racines. »

Pour marquer le coup de cette inauguration, le musée de Saint-Pierre-Jolys envisage d’ouvrir le vendredi 6 juin en soirée ainsi qu’en journée le samedi et le dimanche.

(photo : Marta Guerrero)

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(1) En juillet et août, le musée de Saint-Pierre-Jolys est ouvert du mercredi au dimanche de 10 h à 16 h. Le reste de l’année des tournées guidées peuvent être organisées sur demande pour des groupes de visiteurs et le public scolaire.