Par Laurent GIMENEZ.

Certes, les deux mots se ressemblent, mais ils n’ont pas tout à fait les mêmes sens en anglais et en français; ce sont des « faux amis », comme disent les spécialistes en traduction. En français, « tarif » désigne principalement le prix de certains biens ou services, en particulier les services publics. Par exemple, on parle des tarifs d’Hydro-Manitoba, des tarifs postaux ou de ceux de la Régie des transports de Winnipeg. C’est donc un équivalent des mots anglais rate ou fare.

Alors, comment nommer en français les tariffs annoncés par Donald Trump? Le meilleur terme est probablement « droit de douane » (l’équivalent de customs duty en anglais). La définition qu’en donne le Lexique de gestion (éditions Dalloz, 2005) est sans ambiguïté : « Le droit de douane (…) est une taxe imposée sur les importations en pourcentage de leur valeur. Cette taxe est payée par les consommateurs nationaux et perçue par l’État. Elle augmente le prix du produit importé ». De plus, le terme se prête bien à la formation d’expressions dérivées, comme « droits de douane réciproques » (reciprocal tariffs) et « contre-droits de douane » (counter tariffs).

Puisque les droits de douane sont des taxes, on peut aussi les désigner sous les termes de « taxes douanières » ou « taxes à l’importation ». En revanche, l’emploi du mot « tarif » sans complément est à éviter, à cause du risque de confusion avec le sens le plus courant de ce mot en français, soit celui de « prix », comme on l’a vu plus haut.

On peut quand même employer le mot « tarif » au sens de droit de douane, à condition de l’associer à l’adjectif « douanier ». À titre d’exemple, le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT), qui régissait le commerce mondial jusqu’en 1995, avait pour nom officiel en français : Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce. L’adjectif « tarifaire » peut aussi convenir pour faire référence aux droits de douane (p. ex., politique tarifaire, barrières tarifaires), à condition que le contexte empêche tout risque de confusion de sens.

Dans le milieu de la traduction, la guerre commerciale lancée par Donald Trump a suscité un autre défi linguistique : comment traduire le mot response, par exemple dans la phrase : « What is Canada’s response to U.S. tariffs »?

En anglais, response peut désigner à la fois une « riposte », c’est-à-dire l’adoption rapide de mesures fortes, et une « réponse », laquelle peut comprendre des mesures à plus long terme d’accompagnement des entreprises et des consommateurs. La langue française ne dispose d’aucun mot exprimant à lui seul ces deux notions. Des esprits créatifs, mi-sérieux, mi-blagueurs, ont proposé les néologismes « riponse » et « ripondre »; l’onde de choc trumpienne n’épargne décidément aucun secteur!