Great Plains Press a publié le premier livre écrit par Michel Durand-Wood, intitulé You’ll Pay for This! How We Can Afford a Great City for Everyone, Forever.

Ce livre est le premier de la série The City Project, dont les prochains seront édités par Michel et sa femme, la chroniqueuse Emma Durand-Wood.

Deux prochains livres de la série sont déjà disponibles en prévente : le prochain, portant sur l’infrastructure cyclable, a été rédigé par Patty Wiens, une cycliste local surnommée la « première mairesse du vélo de Winnipeg ».

Il portera le titre That’ll Never Work Here: Challenging the myths around biking in a winter city, et son lancement est prévu pour l’automne 2025.

L’activiste Anishinaabe Sadie Lavoie a rédigé le troisième livre de la série. Intitulé Decolonizing Public Places: Reclaiming meeting spaces through acts of resistance and resurgence, il sera publié en hiver 2026. Le quatrième, le dernier tome planifié jusqu’à maintenant, portera sur la foresterie urbaine.

The City Project vise à rendre accessible le sujet intimidant de la politique municipale, en décomposant ses multiples aspects en petits morceaux. La Liberté s’est entretenue avec l’auteur pour en savoir plus sur sa démarche et son inspiration lors de la création de ce premier livre.

Pouvez-vous nous parler du processus d’écriture de ce premier livre?

C’est la maison d’édition qui nous a présenté l’idée. Dans nos discussions, on s’était dit que ce serait bien de commencer en parlant du côté financier d’une ville, puisque c’est souvent l’angle qui est le moins bien compris, que certains trouvent le moins intéressant.

En même temps, c’est un angle qui touche à tout et qui est donc un des plus importants. On ne peut rien faire si la ville ne peut pas payer ses factures.

On a commencé avec ça pour explorer différents aspects des décisions municipales.

Et donc on voulait aussi garder le même genre d’humour que dans mon blog, Dear Winnipeg, pour garder ça intéressant. On tenait à ce que ça rappelle un peu Bill Nye the Science Guy, une émission humoristique mais éducative pour captiver un maximum de personnes.

C’était surtout important parce qu’il ne faut pas oublier qu’on est tous copropriétaires de la ville. Comme copropriétaires, c’est notre responsabilité de s’assurer que tout va bien du côté financier.

Je m’adressais à tout le monde, mais en particulier aux médias, aux conseils de ville, à tous ceux qui ont intérêt à bien comprendre comment ça fonctionne, au municipal. Je voulais que ce soit approchable, facile à digérer. C’est un livre qui n’est pas trop long, qui se lit bien en un après-midi.

Parlez-nous un peu de cette série que vous lancez avec ce nouveau livre.

À date, c’est une série qui n’a pas de fin, vraiment : notre maison d’édition est prête à continuer tant qu’il y a de l’intérêt. C’est une série qu’on a développée pour parler de tous les différents aspects qui sont importants pour développer une ville durable, saine et équitable. 

De la même manière qu’une ville est mieux construite par plusieurs mains, c’est une série qui va être écrite par plusieurs personnes. Donc, c’est moi qui écris le premier livre, mais on aura d’autres auteurs pour les prochains livres.

On a déjà planifié jusqu’au quatrième livre. On va voir après les deux premières années de publication de livres et réévaluer au fur et à mesure, voir si ça va bien.

Votre livre est sorti le 20 mai au Canada, puis il sera lancé aux États-Unis et au Royaume-Uni, en fait à l’international, le 24 juin prochain. Comment vous adressez-vous aux audiences en dehors du Canada?

C’est un livre à propos de Winnipeg, mais plutôt qui s’en sert comme exemple parce que c’est un sujet qui est d’importance pour toutes les villes en Amérique du Nord. Par exemple, en revenant au blog que j’écris, environ 60 % des gens qui le lisent ne viennent pas de Winnipeg. Ils viennent d’ailleurs au Canada, et plutôt des États-Unis. 

C’est ce qui est bien avec la finance municipale : on pense qu’il y a beaucoup de particularités par rapport à notre ville, mais les principes de comptabilité municipale sont identiques partout au Canada. Et aux États-Unis, ils sont assez semblables et les mêmes principes s’appliquent.

Des villes, ce sont des habitats humains. Peu importe où on va dans le monde, il y a des choses qui fonctionnent de manière semblable.

On peut le voir de ce côté-là aussi, on peut se poser la question sur comment la finance municipale s’applique à nos décisions par rapport au développement intercalaire, ou au développement de nos espaces verts ou du transport.

Ces décisions sont toutes connectées à la finance municipale et nous permettent de comprendre ce qui fait en sorte qu’une ville peut être durable. 

Je pense par exemple à l’ouverture de Portage et Main. Quand on a voté en 2018, les gens ont voté “non” à 65 %. Pour moi, c’était évident qu’il aurait fallu que ce soit un “oui” parce que je comprenais le côté financier. C’est ça qui m’a vraiment poussé à me dire qu’il fallait que je prenne le temps d’éduquer mes concitoyens. On a tous des préférences, mais nos préférences changent quand il y a des prix qui y sont rattachés.

C’était un peu ça l’idée, qu’il faut comprendre les retombées financières de nos décisions, parce qu’elles vont affecter ce qu’on préfère comme citoyen.

Au fil des décennies, ces décisions nous ont amenées à un point où, presque de façon universelle en Amérique du Nord, on a des villes qui n’ont pas les moyens de payer les obligations qu’elles ont faites envers leurs citoyens.

Quels commentaires avez-vous reçu jusqu’à maintenant?

On a reçu des réponses de personnes de tous les domaines : des conseillers de ville, des administrateurs de villes, des ingénieurs. On est allé voir toutes sortes de personnes différentes.

Et justement, ils ont trouvé que c’était une belle approche, que ça rendait les choses faciles à comprendre.

On a déjà des personnes qui ont commandé une copie pour chaque membre de leur conseil de ville. C’est vraiment encourageant de voir ça.

J’ai vraiment juste continué avec la même idée, sachant que si ça marchait pour mon blog, ça marcherait avec un livre.

Mais c’est vraiment encourageant d’entendre des gens du Texas, de la Floride, de l’Alberta, de Nouvelle-Écosse qui m’écrivent et qui me disent, “Ça m’a tellement intéressé, j’ai tellement appris, ça m’a tellement inspiré que j’ai décidé de me présenter pour mon conseil de ville.” C’est vraiment cool de voir que j’ai pu avoir un impact là-bas, même si mon objectif primaire était d’avoir un impact ici.

Est-ce que vous avez planifié de traduire le livre en français?

Ça a été discuté, il y a une possibilité, on va voir. J’aimerais bien ça. J’aurais prévu de le traduire moi-même, parce qu’on utilise beaucoup d’humour et souvent, ça ne se traduit pas.

Il faudrait probablement que je prenne du temps pour le réécrire de nouvelles façons, de trouver de nouvelles métaphores, de nouvelles jokes.

Où est-ce qu’on va pouvoir trouver le livre?

Le livre est disponible partout où on achète des livres à Winnipeg. Je préfère que vous l’achetiez chez un libraire indépendant, mais il va aussi être disponible chez Indigo, Amazon.

Aussi, vous pouvez déjà le réserver à la bibliothèque publique de Winnipeg; au rural, les bibliothèques municipales devraient aussi être en mesure de le commander.