Déclenché par un coup de foudre dans la forêt avoisinante, il a forcé l’évacuation rapide des résidents autour du lac et détruit plusieurs chalets.

Parmi les sinistrés, Robert Loiselle, député provincial de Saint-Boniface, et membre de la communauté franco-métisse, a récemment perdu, à la mi-mai, le chalet familial, un lieu chargé d’histoire et de souvenirs.

Pour Robert Loiselle, la perte du chalet familial est bien plus qu’un simple bien immobilier. « Notre histoire au Lac Beresford remonte à 1937, quand mon grand-père, qui travaillait à la mine d’or, s’est installé là-bas », raconte-t-il.

Depuis, la famille Loiselle entretient un lien profond avec le lac et la forêt boréale environnante, symboles de leur enracinement métis et de leur respect pour la nature.

« Ce chalet a été détruit une première fois en 1983 par un incendie. Mais nous l’avons reconstruit en 1984, et depuis, il a été le refuge de notre famille, un lieu de ressourcement où les dix petits-enfants de mes parents ont grandi, ont appris à aimer la nature, à pêcher, à faire du canot », confie-t-il avec émotion.

Cette deuxième perte est un grand choc pour le clan familial, d’autant plus qu’elle suit de près le décès de la mère de Robert Loiselle, emportée par le cancer il y a deux ans.

« Ma fille Natasha m’a dit que perdre le chalet, c’était comme perdre un autre membre de la famille », partage-t-il.

Robert Loiselle.
Robert Loiselle. (photo : gracieuseté)

Un feu impossible à maîtriser

Les conditions du récent incendie étaient particulièrement extrêmes. « Le feu est arrivé avec des vents forts venant du sud, à une température de 37 degrés, ce qui a rendu la propagation rapide et incontrôlable. Les gens habitant autour du lac ont dû évacuer sans pouvoir rien faire pour sauver leurs demeures », explique Robert Loiselle.

La famille avait pour-tant pris des mesures de prévention, comme l’installation de gicleurs et de caméras, mais avec l’électricité coupée à cause du feu, ces dispositifs n’ont pu fonctionner.

« Quand on vit dans la forêt boréale, on sait que les feux font partie du cycle naturel. Mais avec le changement climatique, ils deviennent plus fréquents et plus intenses, ce qui rend la situation plus dangereuse », constate-t-il.

Malgré la dévastation, il souligne la qualité de la coordination des services d’urgence et des municipalités, qui ont agi rapidement pour assurer la sécurité des habitants. « La priorité absolue, c’est la vie humaine. On ne peut pas reconstruire si on perd des vies », rappelle-t-il.

Résilients face à la catastrophe

Robert Loiselle insiste sur le fait que, même si le chalet a disparu, les liens familiaux et culturels restent intacts. « Le chalet, c’était un symbole, un point de rassemblement pour notre famille métisse. Mais la famille, elle, est toujours là. Les souvenirs, les enseignements transmis à nos enfants et petits-enfants sur le respect de la nature et la force de nos racines, ça, personne ne peut nous l’enlever », affirme-t-il.

Il évoque également la manière dont la communauté a été tenue informée tout au long de la crise, grâce aux bulletins réguliers des autorités et à la communication de l’association du Lac Beresford.

Et maintenant, reconstruire?

Quant à l’avenir, la question de la reconstruction du chalet reste ouverte. « C’est une décision qui devra être prise en famille, avec toutes les générations réunies. La dernière fois, en 1983, il a fallu cinq minutes à tout le monde pour décider de rebâtir. Mais c’est une décision qui va devoir être prise ensemble, une fois que le choc sera passé », explique-t-il.

Cependant, il se dit optimiste. « Je crois que nos enfants voudront offrir à leurs propres enfants ce que nous avons eu : un lieu pour se retrouver, un refuge en pleine nature. Le feu est maîtrisé aujourd’hui, mais il faudra aller sur le terrain pour constater les dégâts et prendre une décision collective. Je pense que la réponse sera oui, nous allons reconstruire », affirme-t-il avec détermination.

La situation est toujours critique

Alors que plusieurs incendies de forêt continuent de faire rage à travers la province, la situation demeure particulièrement préoccupante. Le 28 mai, le gouvernement du Manitoba déclarait l’état d’urgence, soulignant l’ampleur excep-tionnelle des feux.

En effet, la superficie brûlée cette saison équivaut déjà à ce que la province connaît habituellement en trois années cumulées.

Environ 200 000 hectares de forêt ont été ravagés par les flammes, et plus de 17 000 Manitobains ont dû évacuer leur domicile, menacés par le feu ou la fumée.

Malgré les efforts continus des pompiers et des équipes d’urgence, au 4 juin 2025, 27 incendies de forêt sont encore actifs dans la province au Manitoba, maintenant la population en état d’alerte.