Par Simon LAPLANTE.
Cette exigence est surprenante compte tenu du fait que la vaste majorité des recherches en éducation démontrent clairement que les pourcentages sont des mesures simplistes et arbitraires d’un phénomène complexe : les apprentissages d’un individu. Si les pourcentages semblent être des mesures précises, ils sont loin d’être valides lorsqu’il s’agit d’évaluer ce que nos étudiants maîtrisent et comprennent.
Les pourcentages ont de sérieux désavantages en commençant par leur impact sur l’estime de soi de chaque étudiant. Ils sont des indicateurs très inadéquats du potentiel, des talents et des futures réussites de chaque individu.
Comme la plupart des évaluations en pourcentage se font à partir de papier et crayon, nombreux sont nos étudiants qui sont nettement désavantagés dans la démonstration de leur apprentissage. En effet, la diversité des aptitudes et modalités à apprendre chez nos apprenants est négativement affectée par ce système d’évaluation.
Une autre difficulté des pourcentages est qu’ils sont trop souvent utilisés pour établir une soi-disant moyenne à la fin d’un cours, d’un trimestre ou années scolaires. Cette moyenne ne reflète en aucun cas le progrès ou le manque de progrès d’un étudiant.
Prenons par exemple deux futurs pilotes d’avion. Dans le cadre de leurs études, ils doivent compléter trois évaluations. Voici les résultats : pilote A (90 % – 80 % – 60 %); pilote B (60 % – 80 % – 90 %). Ils ont tous les deux la même moyenne. La question est : avec qui voulez-vous voyager? Les moyennes ne reflètent pas les défis sociaux et familiaux, l’acharnement à comprendre, le désir de réussir de chaque individu.
Pourtant les pourcentages ont une certaine utilité si nos éducateurs les utilisent non pas pour évaluer le rendement académique de leurs étudiants, mais plutôt pour évaluer l’efficacité de leur pédagogie. Ainsi l’administration et l’évaluation d’un test ou d’un examen permettent à l’enseignant, à partir des pourcentages de chaque étudiant, de voir où sont les lacunes, les concepts compris ou non compris par l’ensemble de la classe et par chaque individu. Ces pourcentages permettent à l’enseignant de faire les retours appropriés pour les concepts évalués et intervenir auprès des individus qui présentent des difficultés plus spécifiques.
Nos éducateurs ont à leur disposition de nombreux outils pour évaluer le rendement académique de leurs étudiants qui permettent à ces derniers de démontrer leurs apprentissages à partir de leurs aptitudes personnelles. Journal de bord, portfolio, exposition scientifique, présentations orales, projets individuels ou de groupe, la liste est longue lorsqu’il s’agit de démontrer la compréhension de concepts spécifiques.
De plus, la technologie d’aujourd’hui permet à nos étudiants d’innover et d’approfondir leurs connaissances tout en offrant de multiples opportunités de documenter leur progrès.
La problématique est finalement le pourquoi des pourcentages. Est-ce vraiment pour évaluer les apprentissages d’un étudiant ou communiquer une information aux parents? Lorsque l’on compare les avantages et les désavantages des pourcentages, il faut absolument introduire d’autres façons beaucoup plus innovatrices et motivantes pour communiquer les défis et succès académiques de nos étudiants à leurs parents.
Insister sur l’utilisation de pourcentages pour satisfaire une idéologie politique et compléter des bulletins scolaires est une abnégation de la créativité et diversité humaine dans le processus de l’apprentissage.