Par Laurent GIMENEZ.

Qu’est-ce que le surcyclage? L’umami a-t-il du goût? Y a-t-il des sapiosexuels dans votre entourage? Les réponses à ces questions se trouvent dans l’édition 2026 du Petit Robert ou dans celle du Petit Larousse, toutes deux en vente depuis la fin mai. Les trois termes font partie des quelque 300 néologismes (nouveaux mots, expressions ou sens) qui viennent de faire leur entrée dans les deux célèbres dictionnaires, comme cela se produit chaque printemps. 

Cette mise à jour annuelle permet au Petit Larousse et au Petit Robert de rendre fidèlement compte de l’évolution du langage au sein de la population, en intégrant les néologismes les plus répandus et en les définissant. Pour les maisons d’édition Larousse et Robert, c’est aussi l’occasion d’attirer l’attention du public sur leurs produits vedettes à quelques mois de la rentrée scolaire, période toujours favorable à la vente de dictionnaires. 

Sans surprise, les nouveaux venus de 2026 comprennent de nombreux anglicismes. Par exemple, l’adjectif chill (« une tenue chill », mentionne le Petit Robert) et le verbe chiller; le nom masculin prompt et le verbe prompter (domaine informatique); ou encore débunker et glamping. Les commissions terminologiques de la France et du Québec avaient pourtant fourni des efforts méritoires en proposant des néologismes bien français, comme requête, invite et instruction générative (pour remplacer prompt), démystifier (au lieu de débunker) et camping de luxe (plutôt que glamping); mais l’usage au sein de la population a tranché en faveur des anglicismes, du moins pour le moment. 

Précisons que les lexicologues du Petit Robert et du Petit Larousse tiennent compte principalement de l’usage qui prévaut en France, et pas nécessairement ailleurs dans la francophonie. On devine que certains néologismes qu’ils viennent d’inclure dans leurs dictionnaires ne traverseront pas l’Atlantique : c’est le cas de pister (au sens de « comprendre ») et de bader (ressentir de l’angoisse ou de la tristesse, inspiré de l’anglais « bad trip »). De même, l’entrée dans la nouvelle édition du Petit Robert des termes chemsex (sexualité sous drogues) et soumission chimique (le fait de droguer une personne pour abuser d’elle) découle directement de deux grandes affaires judiciaires qui ont mis ces notions au premier plan de l’actualité française à partir de 2023.  

Parmi les dictionnaires de langue française axés sur l’usage canadien, citons-en deux, qui sont consultables gratuitement en ligne : Usito (https://usito.usherbrooke.ca/) et le Trésor de la langue française au Québec (https://www.tlfq.org/). Mais revenons à nos trois néologismes mystérieux, qui présentent le mérite de n’avoir aucun lien avec l’actualité judiciaire en France. Voici trois définitions possibles de chacun d’eux. À vous de trouver la bonne! 

  1. Surcyclage 
  1. Réemploi de matériaux ou d’objets usagés pour la fabrication de nouveaux produits de plus grande valeur. 
  1. Phénomène par lequel des objets jetés dans la rue réintègrent un cycle d’usage communautaire. 
  1. Possibilité offerte à un élève, sous certaines conditions, de passer directement d’un cycle d’études non terminé à un cycle d’études supérieur. 
  1. Umami 
  1. Langue régionale minoritaire parlée dans l’est de l’archipel nippon. 
  1. Instrument utilisé dans la cuisine chinoise pour râper les algues et en extraire l’arôme. 
  1. Saveur considérée (d’abord en Asie) comme l’une des cinq saveurs fondamentales. 
  1. Sapiosexuel 
  1. Qualifie une personne qui se déclare incertaine de ses préférences sexuelles. 
  1. Qui n’éprouve aucun désir sexuel. 
  1. Qui éprouve une attirance sexuelle pour les personnes perçues comme brillantes, cultivées. 

Réponses : 1-a, 2-c, 3-c