À Sainte-Anne, les urgences fonctionnent sur des horaires réduits depuis plusieurs années. Le maire,
Yvan St Vincent, presse la Province d’accorder à l’établissement le statut d’hôpital régional, afin d’assurer une couverture 24/7 et de répondre à la croissance rapide de la population du sud-est manitobain.
Le maire de la ville de Sainte-Anne, Yvan St Vincent, a récemment fait part de ses inquiétudes vis-à-vis de la situation de l’hôpital de sa ville dans une lettre adressée à la rédaction du journal.
Des horaires d’ouvertures réduites, un manque de personnel, mais une charge de travail et de fréquentation qui ne diminue pas, l’accès aux soins pour la population en augmentation du sud-est de Winnipeg et les conditions de travail du personnel de l’hôpital sont loin d’être idéales.
Sous le gouvernement précédent, les horaires d’ouverture du service d’urgence avaient été réduits, « malgré cela, l’hôpital continue de recevoir le même nombre de patients chaque année, environ 10 000 selon les derniers chiffres que j’ai pu consulter », indique le maire.
Un chiffre que Santé Sud n’a pas était en mesure de confirmer.
Aujourd’hui, les horaires d’ouvertures des services d’urgences sont publiés par Santé Sud. Dans le cas de l’hôpital de Sainte-Anne, il est indiqué que ces dernières sont ouvertes de 8 heures à 16 heures, et sont fermées de manière ponctuelle et irrégulière.
Par exemple, sur la période du 16 au 31 juillet, le service est fermé du 17 jusqu’au 20, puis les 23 et 25.
Pour Yvan St Vincent, le problème est simple : « Nous n’avons simplement pas le personnel nécessaire. »
Le maire de la ville exhorte donc la province à attribuer le statut d’hôpital régional à l’institution de santé de Sainte-Anne. « Pour l’heure, il s’agit d’un centre d’urgence, mais des urgences qui ne peuvent pas être ouvertes 24/7, ça n’a pas de sens! »
Hôpital régional
L’obtention du statut d’hôpital régional implique- rait que l’hôpital de Sainte-Anne reste ouvert 24/7. Cela voudrait donc dire, que les investissements de Santé Sud vers le recrutement et l’offre de service seraient plus important.
La Liberté a tenté de comprendre pourquoi l’hôpital de Sainte-Anne n’a pas reçu cette désignation.
Dans sa réponse, Santé Sud, explique que le Bethesda Regional Health Center (BRHC), un établissement de 73 lits et actuellement sujet à un projet d’expansion se situe à une vingtaine de minutes à Steinbach.
De plus, Santé Sud avance que l’hôpital de Sainte-Anne est un centre de santé bilingue, offrant des services diagnostiques et spécialisés limités.
« Même si la désignation officielle de centre de santé régional n’a pas encore été définie dans notre province, il existe une compréhension générale des critères requis, basée sur les normes actuelles. Un centre régional dessert habituellement une vaste zone géographique et accepte les références d’établissements plus petits à proximité. Il offre des soins d’urgence complets 24 heures sur 24, avec la capacité de traiter des patients présentant des conditions plus graves. »
Toujours selon Santé Sud, les hôpitaux régionaux se doivent de proposer une large gamme de program- mes cliniques, comme l’obstétrique, des spécialités chirurgicales, des services de laboratoire et d’imagerie médicale avancée.
À ce propos, Yvan St Vincent note que le centre de santé de la ville compte dans ses infrastructures un laboratoire d’analyse et les équipements nécessaires à l’imagerie, encore une fois, c’est la présence de personnel qualifié qui fait défaut.
Dans l’argumentaire du maire, l’autre force du centre de santé de Sainte-Anne, c’est son offre de service bilingue, que l’on ne trouve pas à Steinbach. Un aspect que Santé Sud reconnaît.
« L’hôpital de Sainte-Anne (HSAH) joue un rôle crucial dans la région, notamment en offrant des services en français à nos populations francophones et métisses. La région est engagée à collaborer avec la communauté pour poursuivre tous les efforts de recrutement possibles afin de maintenir et développer les services existants à HSAH, dans la mesure du possible. »
Impact sur la population
Depuis plusieurs années maintenant, la région du sud-est connaît une croissance importante de sa population. Par conséquent la pression subie par les institutions de santé dans la région, elle aussi s’intensifie.
Santé Sud argue que « la région sud bénéficie actuellement de projets d’agrandissement majeurs dans les trois centres de santé régionaux, y compris le Bethesda Regional Health Centre (BRHC), situé dans le sud-est ».
D’ailleurs, selon le maire, c’est généralement vers cet hôpital que se tournent les résidents de Sainte-Anne, de La Broquerie ou de Lorette.
« On ajoute donc encore plus de pression sur leurs services », dit-il.
L’élargissement des services à Sainte-Anne permettrait, selon lui, d’alléger le fardeau du BRHC.
Quant à la source du problème, on en revient toujours à la question du recrutement et de la rétention et ça, Santé Sud en a conscience.
« Southern Health-Santé Sud poursuit activement ses démarches de recrutement non seulement au Manitoba, mais aussi ailleurs en Amérique du Nord et au-delà, dans l’espoir d’attirer de nouveaux médecins intéressés par les soins en milieu rural. »
L’organisme ajoute tout de même que remplir les postes vacants et élargir les services de santé prendra du temps.
Au-delà de l’impact sur les services de santé, la situation actuelle a également des conséquences sur les résidents de la région rurale du sud-est.
Un point sur lequel insiste Yvan St Vincent.
« Nous entendons de plus en plus parler de patients dont l’état est bien plus grave qu’il ne devrait l’être, simplement parce qu’ils ont attendu trop longtemps avant de consulter, souvent pour éviter les longues attentes dans d’autres hôpitaux ou faute de moyens de transport pour s’y rendre. Ces délais mettent non seulement des vies en danger, mais engendrent également des coûts à long terme plus élevés pour le système de santé. »
Finalement, le maire nous informait qu’il avait reçu un appel du cabinet de la personne ministre de la Santé, Uzoma Asagwara, qui devrait se rendre à Sainte-Anne dans les semaines à venir.
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