En partenariat avec la bibliothèque Jake Epp de Steinbach, la Société Alzheimer du Manitoba (SAM) a lancé un projet pilote visant à fournir aux citoyens des kits de soins cognitifs à utiliser à la maison. Ces kits contiennent plusieurs activités, comme des casse-têtes, des jeux et des exercices de mobilité, que les personnes atteintes de démence peuvent faire chez elles, seules ou avec leurs proches.

Les kits de soins cognitifs sont un concept qui a été utilisé à travers l’Amérique du Nord et l’Europe.

Pour créer cette première série de kits, la SAM s’est donc inspirée de modèles existants et de ce que d’autres organisations ont utilisé avec succès dans leurs communautés, ainsi que des activités proposées dans le cadre de leur programme Minds in Motion.

Quatre types de kits ont été mis à disposition jusqu’à présent, en fonction des différents stades de démence.

Par exemple, les kits préparés pour les stades plus légers peuvent contenir des puzzles avec plus de pièces, tandis que ceux destinés aux stades plus avancés peuvent contenir des casse-têtes avec moins de pièces, mais qui sont plus grandes avec des couleurs plus vives.

Toutefois, en fonction des jeux inclus dans chaque kit, les personnes peuvent décider de celui qui leur convient le mieux.

« Notre but principal est que ces kits soient amusants et utilisés avec succès, dit Nicole McDonald, responsable principale des communautés proche alliées de la démence à la SAM. Nous voulons nous assurer que ces kits n’engendrent pas de frustration ou de stress. C’est pourquoi nous les avons conçus en tenant compte des changements cérébraux et physiques qui se produisent au fur et à mesure que les personnes progressent dans la maladie. »

Une approche adaptée à la démence

Malgré son nom, la SAM est une organisation qui soutient les Manitobains atteints de n’importe quel type de démence, pas seulement ceux qui sont atteints de la maladie d’Alzheimer.

« La démence est un terme générique qui recouvre toute une série de troubles cérébraux, explique Nicole McDonald. Il existe plus de 100 types de diagnostics de démence. Les quatre types les plus courants sont la maladie d’Alzheimer, la démence vasculaire, la démence frontotemporale et la démence à corps de Lewy. »

Bien que la maladie d’Alzheimer soit la forme la plus connue de démence, il existe des facteurs de risque similaires pour chacune d’entre elles, notamment l’isolement social, un faible niveau d’engagement cognitif et la dépression.

Même si les personnes atteintes de démence ont tendance à moins s’impliquer dans leur communauté et leurs loisirs qu’auparavant, il est important de les encourager à continuer à solliciter leur cerveau afin de ralentir la progression de la maladie et de leur assurer une bonne qualité de vie.

« Les partenaires de soins nous disent parfois qu’ils ne savent pas très bien comment faire participer leur proche atteint de démence. Les jeux et activités proposés dans ces kits permettent de stimuler le cerveau et de s’engager socialement, mais aussi de passer des moments agréables à la maison. Parfois, on a simplement besoin de remplir ses journées et de se sentir performant et utile. »

Une seule pièce du puzzle

« La vieillesse est le principal facteur de risque de l’Alzheimer, mais cette maladie doit être considérée comme multifactorielle, explique le docteur Benedict Albensi, professeur au département de pharmacologie et de thérapeutique de l’Université du Manitoba.

Selon lui, les effets positifs des activités inclues dans ces kits n’ont pas été prouvés de manière catégorique. Mais jumelées à d’autres habitudes saines, compléter des casse-têtes et d’autres jeux peuvent tout de même s’avérer très efficaces pour ralentir la progression de la maladie.

« Il y a beaucoup d’éléments à considérer, explique-t-il. Il faut rester socialement engagé, faire des activités cognitives comme des puzzles et des jeux, adopter un meilleur régime alimentaire et limiter ou supprimer l’alcool. »

Selon lui, il est difficile pour les chercheurs d’étudier les vrais avantages des activités cognitives sur les individus atteints d’Alzheimer parce que trop de facteurs jouent un rôle dans l’état de santé de chaque patient.

Alors que certains ont des gènes de longévité, d’autres entretiennent de meilleures relations sociales.

Cependant, les kits de soins cognitifs s’inscrivent bien dans une routine qui aide les patients atteints de démence et d’Alzheimer à atténuer les effets de la maladie.

L’espoir d’une meilleure offre

Le projet pilote venant d’être lancé, la SAM espère obtenir des commentaires de la communauté afin non seulement d’améliorer l’offre de ce qui est inclus dans les trousses, mais aussi de l’étendre à d’autres bibliothèques et régions de la province.

Une démarche que le docteur Albensi approuve. « Le Canada compte beaucoup de communautés isolées, dit-il. Dans ces régions, les gens n’ont pas toujours accès à des soins optimaux, et certains ne peuvent même pas conduire. Les kits de soins cognitifs pourraient avoir encore plus de valeur et d’avantages pour ces personnes. »

Nicole McDonald dit qu’elle n’a pas encore reçu de commentaires de la part de la communauté francophone sur la possibilité d’offrir ces trousses en français, mais elle affirme que c’est « sur leur radar » en ce qui concerne l’inclusion des toutes les communautés du Manitoba.

« Nous voulons étendre cette initiative à l’ensemble du Manitoba, mais il se peut quand même que certains n’y aient pas accès. Si vous souhaitez développer ces kits chez vous, nous sommes heureux de discuter avec vous et de vous fournir des ressources. »

Elle invite donc les Franco-Manitobains à la contacter par courriel au [email protected] pour obtenir des commentaires et du soutien, ou même de l’aide pour accéder aux ressources en français de la SAM.

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