Derrière cette transformation, l’entreprise Hylife et l’arrivée massive de nouveaux Canadiens qui façonnent désormais le visage et l’avenir de Neepawa.

Deux heures à l’est de Winnipeg, la ville de Neepawa est un parfait exemple de l’impact que l’immigration peut avoir, à la fois sur les communautés rurales du Manitoba, mais aussi sur ses entreprises.

Le recensement de population le plus récent couvre la période allant de 2016 à 2021. Au cours de ces années-là, la population de Neepawa a augmenté de 23,3 %.

Un chiffre qui place la municipalité à la 13e place des communautés ayant le taux de croissance le plus rapide au Canada. La tendance, à en croire Marilyn Crewe, agente de développement économique pour Neepawa, n’a pas vraiment changé depuis.

Et cette tendance, on la doit en grande partie à l’entreprise manitobaine, Hylife, explique-t-elle : « L’afflux d’immigrants à Neepawa a commencé lorsque Hylife a acheté l’usine de transformation de porc de la ville en 2008. »

À ce moment-là, l’usine comptait entre 350 et 400 employés. Aujourd’hui Hylife emploie plus de 1 700 personnes.

Un nombre d’employés important, très important, en particulier au sein d’une communauté rurale comme Neepawa, qui comptait en 2008 à peine plus de 3 500 habitants.

« Il n’était pas possible de pourvoir ces postes uniquement avec de la main-d’œuvre locale, explique Marilyn Crewe. Il a donc fallu recourir au Programme des travailleurs étrangers temporaires pour faire venir des employés. »

Ainsi, d’après le recensement de 2021, 46 % de la population de Neepawa (5 685 résidents à l’époque) étaient de nouveaux Canadiens.

En grande majorité, les immigrants sont issus des Philippines, mais aussi du Mexique ou de l’Ukraine.

De plus, « les travailleurs temporaires qui se sont installés ici ont ensuite fait venir leurs familles. Ils viennent et souhaitent bâtir leur vie sur place ».

Ce faisant, c’est le visage de la communauté toute entière qui a changé au fil du temps.

Dans le sillage de cette croissance démographique, la croissance économique.

« Les entreprises ici sont plus occupées. Les nouveaux arrivants trouvent des opportunités d’emploi dans les commerces, ce qui aide à combler les besoins de main-d’œuvre dans le commerce de détail ou le secteur touristique. »

Une aubaine donc, pour ceux qui étaient déjà sur place. Marilyn Crewe poursuit : « il y a aussi des entrepreneurs parmi ces nouveaux arrivants. Ça a mené à l’ouverture de toutes sortes d’entreprises : des boulangeries, des restaurants, et d’autres encore ».

Suivre le rythme

Toutefois une telle croissance implique aussi un certain nombre de défis à relever. Toutes ces nouvelles familles qui s’installent dans la municipalité viennent exercer une pression supplémentaire sur les services et infrastructures de la ville. Une problématique que la ville est loin d’ignorer et pour laquelle elle cherche d’ores et déjà des solutions.

En 2018 déjà, une nouvelle école intermédiaire ouvrait ses portes à Neepawa, avec le soutien de la Province.

Aujourd’hui, un nouvel hôpital est en cours de construction et le budget provincial de 2025 prévoyait la construction d’une école secondaire au cours des cinq prochaines années.

Alors, si l’on fait sortir de terre les infrastructures nécessaires, c’est une chose, mais il faut là encore pouvoir faire face à la question du recrutement.

« Évidemment, le recrutement est essentiel pour faire face à la croissance », reconnaît Marilyn Crewe qui indique y voir une occasion de former et d’obtenir des reconnaissances de diplômes pour les immigrants qui souhaiteraient occuper ces postes-là.

« Nous avons rénové un bâtiment pour en faire un centre de formation d’infirmiers et d’auxiliaires de santé. Assiniboine Community College en est l’actuel locataire et s’occupe du programme pour que nous puissions avoir des diplômés prêts à travailler. »

Un programme d’éducation à la petite enfance est également disponible pour répondre à la « forte » demande de personnel en garderie.

Autre point important, celui du logement.

Il s’agit pour l’heure du plus gros facteur limitant à la croissance de Neepawa, selon les dires de Marilyn Crewe. Elle souligne toutefois qu’une étude et une stratégie ont déjà été développées.

Selon l’étude menée, Neepawa doit se munir de 460 nouvelles maisons d’ici 2028 pour rattraper la demande actuelle.

« Le conseil municipal a acheté, l’année dernière, 320 acres de terrain à l’intérieur des limites de la ville pour construire des habitations. Nous travaillons actuellement sur la phase 1 du projet « 320 » : 58 acres sont en cours de lotissement et le plan prévoit 190 terrains résidentiels pour maisons unifamiliales. »

Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté