Originaire de Mbuji-Mayi, la capitale mondiale du diamant, en République démocratique du Congo, l’abbé Christian Mutombo est aujourd’hui responsable de la paroisse des Saints-Martyrs-Canadiens au Parc Windsor. Bien que cette paroisse était déjà plutôt dynamique, son arrivée l’a encore plus énergisée.

« Quand j’étais au séminaire en République démocratique du Congo pour devenir prêtre, Monseigneur Albert LeGatt, archevêque de Saint-Boniface, est venu me chercher, se souvient l’abbé Christian Mutombo.

« Après un processus de discernement afin de répondre avec mon cœur, et non juste par obéissance et respect, j’ai accepté de le suivre. Je suis arrivé au Canada en 2014. J’avais déjà obtenu un baccalauréat en philosophie au Congo. Au Canada, j’ai continué avec un master en théologie au St. Peter’s Seminary à London, Ontario, puis j’ai été ordonné prêtre pendant la COVID, en 2021. La paroisse des Saints-Martyrs-Canadiens est ma première comme pasteur ordonné. »

Dans le cadre de ses études au séminaire, Christian Mutombo avait en outre passé une année de stage au rural, dans une paroisse à East Selkirk, « pour voir comment le prêtre vivait avec sa communauté, et comment il mettait en œuvre dans sa paroisse ce qu’on apprenait à l’école ».

Un apprentissage en campagne auquel il tenait beaucoup.

« Dans la ville de Mbuji-Mayi où j’ai grandi, il n’y avait pas de petites paroisses. Je voulais avoir cette vision un peu différente du ministère, donc j’ai demandé la campagne pour mon stage. Ça m’a beaucoup aidé.

« Pendant cette année-là, j’ai aussi commencé à aider comme maître de cérémonie pour le diocèse, un rôle que je tiens encore aujourd’hui en plus de mon travail de pasteur. Entre autres, je prépare les ordinations ou encore les messes chrismales. »

« Une paroisse anormale »

Quand le père Mutombo a rejoint la paroisse des Saints-Martyrs-Canadiens à la demande de Monseigneur Le Gatt, au parc Windsor à Winnipeg, il a été agréablement surpris d’y trouver ce qu’il qualifie de paroisse « anormale ».

Il s’explique : « Anormale dans le sens que quand la pente est très négative et que les paroisses ne cessent de perdre des fidèles puis de fermer, pour nous ici, la pente est très positive et on accueille de plus en plus de monde!

« La communauté des Saints-Martyrs-Canadiens va très bien. Pendant la pandémie, on se posait beaucoup de questions sur comment on serait après ça, mais finalement, on a beaucoup de personnes qui retournent à la foi, à l’église. Non seulement les Canadiens eux-mêmes qui se remettent à pratiquer, mais aussi beaucoup d’immigrants qui nous arrivent. »

En outre, la paroisse du parc Windsor peut se targuer d’attirer tous les âges, y compris les jeunes familles.

Elle est également de plus en plus multiculturelle, rassemblant aujourd’hui des Canadiens de souche, des Africains, ou encore des Européens de l’Est (Ukrainiens, Polonais, Croates…).

« On fait beaucoup de choses. Je pense que ça aide quand on vit la foi autrement, quand on sort des schémas traditionnels. Ça rend la communauté plus vivante, plus dynamique pour les familles. Par exemple, j’aime jouer au soccer avec les jeunes. Ça renforce leurs liens avec la paroisse, ça leur donne envie d’aller à l’église. » Christian Mutombo

Un pasteur modeste…

L’abbé Christian Mutombo a-t-il une part de responsabilité dans la réussite exemplaire de sa paroisse?

« Absolument rien, dit-il. Comme intendant du ministère du Christ, tout était déjà là, et notamment une équipe de gens très doués et responsables.

« Mais je sais que j’ai au moins apporté mon cœur. Je ne suis plus un immigrant, je suis un immigré. Mon cœur est bien ici. Je me sens appartenir totalement à cette paroisse des Saints-Martyrs-Canadiens. »

La paroissienne Cécile Bérard le trouve bien humble : « Il nous a apporté beaucoup d’énergie, de nouvelles idées, d’ouverture. Ce qui me frappe surtout chez lui, c’est sa spiritualité, sa connaissance de la Bible, et sa façon de nous l’expliquer qui nous fait la comprendre. Ça, ce n’est pas toujours évident! »

Elle ajoute que sous son leadership, la paroisse a redoublé d’initiatives et d’activités pour tous les âges.

« Il est très inclusif. Il fait de la place pour tout le monde. »

… mais à l’écoute de tous

Le père Christian Mutombo reprend : « On fait beaucoup de choses. Je pense que ça aide quand on vit la foi autrement, quand on sort des schémas traditionnels. Ça rend la communauté plus vivante, plus dynamique pour les familles. Par exemple, j’aime jouer au soccer avec les jeunes. Ça renforce leurs liens avec la paroisse, ça leur donne envie d’aller à l’église. »

Il s’est également assuré que dans toutes les équipes paroissiales ou presque, il y ait « une bonne représentativité de notre communauté pour que tous s’y sentent vraiment inclus. En termes de cultures, mais aussi d’âges ».

De plus, l’abbé Mutombo a appuyé la formation d’une chorale dans la paroisse, la chorale Divine Miséricorde.

« C’est au départ une chorale de descendants africains, avec leur manière de chanter, du tam tam, de la danse, mais tout le monde est bienvenu de se joindre. »

Ce projet est d’ailleurs l’un des fruits de son mode de leadership.

« Quand je suis arrivé comme pasteur, mon premier acte a été d’écouter ce que les gens avaient dans le cœur, leurs besoins. J’ai convoqué une rencontre. J’ai posé beaucoup de questions, je voulais connaître leurs idées pour ne pas fermer et grandir encore. Une des idées, c’était cette chorale. Quand ça vient des gens, ça a meilleure chance de marcher », termine ce pasteur convaincu de sa mission.