Par Anaïs NZELOMONA.
Parmi les donateurs, on retrouve les Éducatrices et éducateurs Francophones du Manitoba (EFM). Au-delà de l’aspect financier, ces bourses sont un symbole de solidarité dans le milieu enseignant.
Chaque année, plusieurs étudiants de la faculté d’éducation candidatent pour l’une des trentaines de bourses offertes par l’Université de Saint-Boniface (USB).
Certaines de ces bourses peuvent atteindre la somme de 3 000 $, des montants importants qui peuvent avoir un impact significatif sur le quotidien et les projets des étudiants.
Des horaires chargés, des stages parfois non rémunérés, des frais universitaires dont il faut s’acquitter, et le coût de la vie qui augmente, l’objectif est à la fois de soulager et de soutenir.
Claudine Lupien, vice-doyenne de la faculté d’éducation le souligne, « c’est une façon d’encourager les gens, de les aider pendant leurs études parce qu’ils auront un impact sur les générations futures ».
Les trois bourses et le prix des ÉFM (1), qui culminent dans l’ensemble à 3 500 $, font des ÉFM un partenaire important.
Pourtant, ces appuis financiers essentiels ainsi que leur fonctionnement restent souvent méconnus.
Des critères réfléchis
Les critères d’attribution qui vont servir à sélectionner les lauréats sont définis par les donateurs conjointement avec l’université, comme l’explique Mireille Mason, gestionnaire à l’USB. Il existe donc trois bourses offertes par les ÉFM grâce au budget obtenu de la Manitoba Teachers Society (MTS).
La première et la plus ancienne des bourses offertes, récompense un étudiant qui a obtenu son premier baccalauréat à l’USB.
La seconde est destinée aux étudiants ayant effectué un premier baccalauréat à l’extérieur du Canada.
Ayant à cœur de répondre aux besoins de tous ceux qui contribuent à la francophonie manitobaine, le Conseil d’administration des ÉFM a créé cette catégorie.
« C’est quelque chose que le CA prend en compte, comme l’explique, Mona-Élise Sevigny. On sait aussi que les frais universitaires peuvent coûter très cher, et que les étudiants scolarisés à l’international n’ont pas forcément de famille pour les appuyer. »
Enfin, la dernière bourse vise à accompagner un étudiant de deuxième année dans son projet de stage pratique en dehors de la ville de Winnipeg.
Les étudiants doivent démontrer qu’ils participent à la promotion de la francophonie manitobaine.
Ainsi, au fil des ans, les bourses ont « changé pour refléter les nouvelles réalités des personnes qui vont accéder à la profession d’enseignant », explique Mona-Élise Sevigny. Il en va de même pour les stages à l’extérieur de Winnipeg.
« On voulait juste encourager dans le fond, parce qu’on représente toutes les écoles d’immersion à travers la province et aussi les écoles de la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM), le programme français et celui d’immersion. On voulait montrer que ce n’est pas seulement à Winnipeg qu’il y a des étudiants francophones qui partent en stage. »
Dans les critères qui sont communs aux trois bourses; avoir une moyenne cumulative de 3,50 (sur 4,50) pour la première année du baccalauréat, être inscrit à un minimum de 18 crédits et soumettre un texte démontrant un engagement envers la francophonie.
Les liens entre ÉFM et la faculté d’éducation de l’USB vont au-delà des bourses. Le Manitoba est la seule province qui regroupe une association professionnelle, comme les ÉFM, qui se constitue à la fois des programmes d’immersion et de ceux de la DSFM.
Environ 2 200 enseignants à travers la province enseignent dans des écoles d’immersion ou de la DSFM. C’est donc avec ces enseignants coopérants, membres des ÉFM, que les étudiants de la faculté effectuent leur stage.
Planter les graines
L’engagement communautaire représente un aspect essentiel des critères de sélection. Le prix des ÉFM est remis à un étudiant en fin de baccalauréat qui a l’intention d’enseigner en français au Manitoba dans le système scolaire public.
Des critères qui illustrent clairement la volonté de rétention de l’USB et des ÉFM, comme l’affirme Mona-Élise Sevigny, qui souhaite encourager les stagiaires « à rester dans l’éducation en français ».
L’octroi de ces bourses s’inscrit bel et bien dans une volonté de soutenir la relève enseignante francophone. Comme le déclarent la présidente des ÉFM Mona-Élise Sevigny, et la Vice-doyenne Claudine Lupien.
« En tant que présidente, je me dis qu’on a vraiment une belle relève qui est engagée, qui semble passionnée et diversifiée, ça me fait du bien de voir ça, une diversité de membres qui vont rejoindre la profession. »
En mars 2025, Firdaws Chemamedji obtient la bourse des ÉFM pour les étudiants qui viennent de l’international. Originaire d’Algérie, Firdaws Chemamedji arrive à Winnipeg en 2022.
Elle connaît déjà le milieu de l’enseignement dans lequel elle baigne depuis sept ans. C’est son attachement profond pour le français et sa passion pour l’enseignement qui la dirige naturellement vers la faculté d’éducation de l’USB.
À la fin de sa première année, elle candidate pour cette bourse qu’elle qualifie de chance. En tant qu’étudiante, qui plus est internationale, devoir s’acquitter des frais de scolarités et des droits universitaires peut s’avérer être un réel défi.
Les montants des bourses sont versés aux récipiendaires directement sur leur compte d’étudiants à l’USB et peuvent être utilisés pour la scolarité, ou comme Firdaws Chemamedji, pour financer des cours.
Pour autant, la lauréate reste claire : sa satisfaction ne réside pas tant dans l’aspect financier, mais plutôt dans la reconnaissance de sa valeur au sein de la francophonie.
« Cette bourse, c’est en quelque sorte une façon d’encourager les éducateurs francophones qui viennent de l’étranger et qui enrichissent la communauté éducative au Manitoba. Quand on vient de l’étranger on vient avec des connaissances, des compétences et de l’expertise. Je pense que ça a un impact positif sur les élèves. »
En alliant soutien financier, reconnaissance de l’engagement communautaire, la présidente des ÉFM soulève l’importance d’appuyer les étudiants pendant une formation qui peut être difficile. Ces bourses servent donc à alléger le quotidien, mais aussi à pérenniser l’éducation francophone dans la province.
« C’est comme planter des graines », conclut Mona-Élise Sevigny.
(1) La date butoir pour soumettre son dossier pour les bourses et le prix ÉFM est le 30 septembre.