Par Anaïs NZELOMONA.
Au nord de Winnipeg, dans la municipalité rurale de St. Andrews, un projet prévoit la construction de dix logements transitoires destinés aux femmes métisses victimes de violence. Le 28 août, lors de la cérémonie d’annonce à la MMF, Doug Eyolfson, député de Winnipeg Ouest et membre du parlement, représentant alors le ministre du logement, assure que « tout le monde mérite de vivre à l’abri des violences ».La création de ces logements est portée par l’IWS. Sollicité par La Liberté, l’organisme n’a toutefois pas souhaité commenter davantage cette annonce.
Pensé comme une communauté, cet espace de refuge vise à offrir protection et soutien à celles qui en ont besoin. Dans l’ensemble, c’est dix nouveaux logements meublés qui vont être mis à disposition des futures résidentes et de leurs enfants. Afin de répondre aux besoins des familles, les futurs résidentes auront à leur disposition une garderie pouvant accueillir jusqu’à 42 enfants, un jardin communautaire, des espaces récréatifs, et des services d’aide à l’emploi. Ces logements transitoires et les services associés ont pour but d’apporter un accompagnement psychologique, et un soutien à la réinsertion adaptés aux réalités, à la fois culturelles et sociales, des femmes Métis victimes de violence.
Quelques chiffres
Nombreux sont les partenaires qui financent cette initiative inédite à hauteur de 8,5 millions $. De ce montant, 4,3 millions $ proviennent de la Stratégie nationale sur le logement, 3,4 millions $ de la part de la MMF, la Province participe à hauteur de 880 000 $ (répartis entre le département de la ministre du logement Bernadette Smith avec 630 000 $, et le département des familles avec 250 000 $).
D’après le communiqué de la MMF, pour la ministre provinciale du logement Bernadette Smith, « ces logements reflètent notre responsabilité commune de soutenir les survivantes de violence sexiste, de les accompagner, et de construire ensemble un avenir plus sûr ».
Les femmes autochtones et métisses au Canada sont particulièrement vulnérables à la violence domestique, avec des taux supérieurs à la moyenne. Selon Femmes et égalité des genres Canada (FEGC), en 2022, bien qu’elles ne constituent que 5 % de la population féminine, elles représentaient 26 % des femmes tuées sous les coups d’un partenaire intime.
La même source indique qu’une femme autochtone sur six (17 %) en 2022, a déjà subi au moins une forme de violence conjugale, un taux qui grimpe à 86 % chez les femmes autochtones de la communauté 2SLGBTQ+. Enfin, plus de quatre femmes métisses sur 10 (44 %) ont été victimes d’agressions sexuelles à partir de l’âge de 15 ans (FEGC, Mettre fin à la violence fondée sur le sexe envers les femmes, les filles et les personnes bispirituelles, transgenres et de diverses identités de genre autochtones, Gouvernement du Canada, 2022).
Perspectives
Pendant l’annonce, Doug Eyolfson a affirmé son souhait de trouver réponse à la tragédie nationale des femmes, des filles et des personnes 2SLGTBQI+ autochtones disparues ou assassinées. Il voit dans cette occasion l’opportunité « de faire un pas vers la guérison et plus de sécurité», afin de permettre à chacun de vivre avec dignité.
À la croisée d’une stigmatisation intersectionnelle, les femmes métisses subissent à la fois sexisme, racisme et pauvreté structurelle. L’initiative s’inscrit dans un effort collectif pour construire, comme l’a annoncé Anita Campbell, porte-parole de l’Infinity Women Secretariat, dans le communiqué de la MMF, une communauté solidaire. « Ce n’est pas seulement un projet de construction : c’est une promesse pour nos femmes, nos familles et les générations futures ».
Ce projet communautaire et culturel répond à un besoin criant, celui de protéger et soutenir les femmes métisses victimes de violence. Ainsi, comme pour tout refuge pour femmes victimes de violence, l’adresse du site restera confidentielle pour garantir la sécurité des résidentes.
Le partenariat, nouveau en son genre, illustre une collaboration à la fois politique et financière entre la MMF, le gouvernement du Manitoba et le gouvernement fédéral.