Par Michel LAGACÉ.

Cependant, dix ans après le dépôt du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation, le Canada tarde à répondre à ses 94 appels à l’action.

Et aujourd’hui, au plein milieu des tensions entre le Canada et les États-Unis, le Premier ministre Mark Carney se limite à parler de réconciliation économique via des projets d’exploitation des ressources, ce qui semblerait exiger que les nations autochtones et leurs territoires riches en ressources accordent leur appui au gouvernement.

Cependant, des porte-paroles autochtones s’opposent à une nouvelle législation fédérale, la Loi visant à bâtir le Canada, une partie du projet de loi C-5, qui pourrait contourner leurs droits.

Évidemment, des inégalités frappantes persistent, dont une grande partie découle du système des pensionnats : la surreprésentation des enfants autochtones dans les services de protection de l’enfance; et les taux élevés d’incarcération, de pauvreté et de dépendance.

De plus, le financement insuffisant des services et du logement dans les réserves perdure.

Et, encore aujourd’hui, de nombreuses communautés autochtones sont soumises à des avis à long terme concernant l’eau potable, des années après que le gouvernement fédéral a promis de les résoudre.

Le Canada a donc largement échoué à traiter des problèmes qui perdurent depuis longtemps et semble vouloir se limiter à des actions qui ne menacent pas le statu quo.

Ainsi, il établit un jour férié, renomme des bâtiments et des lieux, et mène des enquêtes dont les appels à l’action ont généralement été ignorés.

Malgré ce manque d’action gouvernementale, les survivants et leurs alliés continuent de rappeler aux gouvernements que l’avenir du pays exige que la vérité soit connue et que la réconciliation soit réalisée.

À Winnipeg, le 30  septembre, des survivants et leurs alliés se sont rencontrés sur le site de l’ancienne école résidentielle Assiniboia à Winnipeg.

Parcs Canada y a dévoilé trois panneaux qui rappellent l’existence de cette école dans les cinq langues autochtones parlées par les élèves ainsi qu’en anglais et en français.

Et des anciens élèves y ont parlé publiquement dans leur langue maternelle, ce qui leur avait été défendu dans cette école.

Le parc avoisinant porte le nom de Theodore Nizhotay Fontaine, un ancien élève originaire de la réserve Sagkeeng dont le livre, Broken Circle (1), offre un témoignage inspirant de son parcours personnel.

Ce sont là des gestes qui témoignent de la résilience des survivants et qui nous rappellent que la vérité et la réconciliation demeurent des objectifs que nous ne pouvons jamais mettre de côté.

Et ces gestes pourraient fort bien avoir un effet d’entraînement sur la volonté politique des gouvernements qui doivent tôt ou tard passer à l’action.

(1) Theodore Fontaine, Broken Circle – The Dark Legacy of Indian Residential Schools, A Memoir, Heritage House Publishing Company Ltd., 2010.