Intitulé Se préparer à l’accueil d’un plus grand nombre de personnes immigrantes francophones au Manitoba, ce rapport de plus de 70 pages du RIF MB présente plusieurs projections démographiques pour examiner l’évolution de la population francophone du Manitoba d’ici 2046 en fonction de différentes proportions d’immigration francophone.
Le document rappelle d’abord ce contexte : entre 1971 et 2021, la population francophone du Manitoba est passée d’environ 62 200 personnes à 38 400. Son poids démographique est passé de 6,3 % en 1971, à 3,9 % en 2001, puis à 2,9 % en 2021.
Présentement, le scénario supposant une proportion d’immigration francophone de 5 % (ce qui correspond à la proportion réelle en 2024 au Manitoba) est associé à une diminution du poids démographique des francophones, qui passerait de 2,9 % en 2021 à 2,6 % dès 2026, rapporte l’étude.
Quelle cible pour la viser la croissance démographique?
Le RIF MB, tout comme Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, demande donc une augmentation de la cible d’immigrants francophones hors Québec.
En 2022, dans le Livre blanc sur l’immigration francophone au Manitoba, le RIF du Manitoba recommandait la cible de 15 %.
Ce scénario est donc associé à une croissance du poids démographique de la population francophone. Le poids démographique des francophones du Manitoba, qui était de 2,9 % en 2021 augmenterait pour atteindre 3,7 % en 2036 et 4,3 % en 2046.
La population francophone totale atteindrait environ 78 000 personnes en 2046.
La population en âge de travailler (25-64 ans) augmenterait aussi fortement, passant d’environ 20 000 personnes en 2021 à 43 000 en 2046.
« L’immigration francophone est plus qu’une simple contribution démographique, elle est essentielle à la construction d’un Manitoba véritablement bilingue. Le RIF MB est fier de porter ce projet, qui encourage un dialogue sincère et constructif », a commenté Salwa Meddri, directrice du RIF MB.
Au fur et à mesure des scénarios présentés, le document met aussi de l’avant les besoins croissants dans les secteurs clés du développement comme les services d’établissement, l’éducation, la santé, l’emploi ou le logement.
Des besoins dans des secteurs clés
Par exemple, dans le scénario d’immigration francophone de 15 %, le nombre de francophones âgés de moins de 18 ans passerait de 6 000 en 2021 à 10 000 en 2031 et à 16 000 en 2046, ce qui impliquera l’élaboration de stratégies pour des infrastructures, de la formation et du recrutement du personnel éducatif.
« Cette augmentation du nombre d’enfants dans notre système justifie encore davantage le combat quotidien pour obtenir de nouvelles écoles, toujours dans l’esprit du respect de l’article 23 de la Charte canadienne. Tout ceci sera possible avec l’aide de budgets provinciaux et fédéraux qui tiendront compte des besoins de services dits équivalents, en milieu minoritaire », indique Bernard Lesage, président de la Commission scolaire franco-manitobaine (CSFM).
Le développement des services de garde sera aussi essentiel, alors que présentement le nombre d’enfants d’âge préscolaire admissibles est plus de quatre fois supérieur au nombre de places disponibles.
« Cette réalité limite les occasions pour plusieurs enfants de développer le français dès leurs premières années, ce qui a des effets à long terme sur leur parcours éducatif. Il est essentiel d’agir maintenant, ensemble, pour que chaque famille puisse accéder à un milieu d’accueil qui soutient le développement linguistique et le plein potentiel de chaque enfant », souligne Brigitte L’Heureux, directrice générale de la Fédération des parents de la francophonie manitobaine.
Pour Aileen Clark, directrice de l’École technique et professionnelle de l’Université de Saint-Boniface (USB), ce rapport d’étude va « devenir un document de référence indispensable. »
C’est un « outil important qui permettra à notre francophonie de se préparer et d’agir de manière proactive », ajoute Aileen Clark.
Tous les résultats de cette étude seront présentés ce lundi 3 novembre au bureau de l’Accueil francophone.
