Par Michel LAGACÉ.
Pour donner suite à une demande formulée par le comité consultatif des parents de l’école Wolseley, la division scolaire de Winnipeg consulte actuellement la population pour choisir un autre nom pour l’école.
Cette décision ranime le débat sur l’opportunité de renommer des institutions et des endroits historiques.
Les partisans du changement de nom y voient un moyen de corriger les injustices historiques ou de refléter des valeurs contemporaines.
Leurs opposants défendent la préservation des noms originaux comme un moyen d’honorer le patrimoine et de maintenir la continuité historique.
La Manitoba Métis Federation, elle, s’oppose à un changement de nom de l’école Wolseley par crainte qu’une telle action équivaudrait à « effacer l’histoire ».
En règle générale, le débat sur le changement de noms de lieux historiques et d’institutions met en relief le conflit entre le désir de respecter l’histoire et celui de promouvoir une société plus juste et inclusive. Dans le cas spécifique de l’école Wolseley, le premier enjeu serait de rétablir certaines vérités.
Cette école porte le nom de Garnet Wolseley qui est arrivé dans la colonie de la Rivière-Rouge en août 1870 à la tête d’une force militaire à la suite de négociations à Ottawa entre des représentants de l’Assemblée législative d’Assiniboia et du gouvernement fédéral.
Cette Assemblée élue démocratiquement avait déjà accepté à la fin de juin la Loi sur le Manitoba et ses membres étaient retournés à leurs activités normales en attendant la création de la toute nouvelle province du Manitoba le 15 juillet 1870. Or le site web de l’école Wolseley prétend que le colonel Wolseley avait été choisi pour commander une force militaire afin de réprimer l’insurrection de Riel, une « insurrection » qui n’a jamais eu lieu.
Pire encore, Wolseley, alimenté par des préjugés contre Riel et les Métis, a instauré un climat de peur et d’injustice – un « Règne de terreur » – qui a marqué la communauté métisse pendant des générations. D’ailleurs, de nombreux Métis ont fui vers l’Ouest, privant ainsi la jeune Province de leur présence durant les premières années de son histoire.
D’évidence, la décision de changer les noms associés à l’histoire s’avère rarement simple puisqu’elle exige une réflexion approfondie à la fois sur le passé et sur le désir de promouvoir une société plus juste et inclusive. Autrement dit : que veut-on retenir du passé, et que veut-on transmettre aux générations futures?
Avant tout, renommer l’école Wolseley doit servir à reconnaître honnêtement comment l’histoire s’est déroulée. Et lorsque les actions répréhensibles de Wolseley sont clairement portées à la lumière, il va devenir évident pour tous et toutes que ses actions ne sont pas dignes du nom d’une école ou encore d’un quartier.
Parce qu’il faut que les noms des lieux et des institutions soient en résonance avec la vérité de notre passé, et non pas avec des faussetés qui justifient des actes de haine et de violence.


