Par Raymond CLÉMENT.
Selon ses observations, parues dans le Winnipeg Free Press du 10 octobre, l’état des finances n’est pas reluisant. Cette situation, similaire dans plusieurs pays, est en train de créer de sérieuses tensions politiques (par exemple) aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni. Tensions qui se font maintenant aussi sentir au Canada.
Le professeur Simpson laisse entendre que les partis politiques ne sont pas intéressés à équilibrer le budget. Alors quoi faire?
D’abord, prenons un nécessaire recul sur l’état des lieux
Depuis environ 40 ans, nos dirigeants politiques ont adopté des mesures fiscales destinées à minimiser le rôle du gouvernement et à redonner plus de place au secteur privé dans l’économie.
Pour modérer les hausses de dépenses publiques, ils ont adopté des cibles, comme le ratio déficit/PIB et dette/PIB Ces cibles ont plus ou moins fonctionné.
Ce qui est sûr, c’est que leurs conséquences sont maintenant très visibles : croissance économique diminuée, et baisses en dépenses réelles dans les domaines de la santé, de l’éducation et d’autres services publics.
Dans le même temps, les investissements attendus ne se sont pas matérialisés. Le constat est clair : depuis l’adoption de ces cibles, la productivité, les salaires et le revenu moyen stagnent.
Ensuite, mettons en lumière des vieux mythes
Beaucoup de spécialistes aiment comparer les opérations financières du gouvernement à celles d’un ménage. Ces mêmes spécialistes affirment que le gouvernement dépense trop et que nos enfants devront payer la dette. Ces deux points de vue farfelus n’ont qu’un but : faire peur aux contribuables. Car le gouvernement fédéral est loin d’être comparable à un ménage.
Il faut aussi bien comprendre que la dette fédérale est un actif financier privé. Ce sont les plans de pensions, les compagnies d’assurances et le secteur financier qui détiennent des actions de cette dette publique.
Maintenant, revenons au propos du professeur Simpson
Mon ancien prof précise à la fin de son article qu’en période de faible croissance économique les Canadiens font essentiellement face à trois options : réduire les programmes fédéraux, hausser les impôts, ou augmenter le déficit budgétaire et donc la dette publique. À mon avis, ces choix imposent des limites inutiles et inefficaces au regard de la capacité économique canadienne.
La pandémie de la COVID a démontré que le gouvernement fédéral peut générer des fonds pour contrer la crise. Il peut procéder de la même façon pour stimuler et relancer l’économie. Le Canada possède d’énormes ressources naturelles et une main-d’œuvre qualifiée. Une nouvelle orientation économique pourrait renverser la piètre productivité canadienne avec des investissements bien ciblés pour relever les défis du 21e siècle.
Ces défis sont (par exemple) le manque de logements et l’inégalité des revenus et de la richesse. Il est à la portée de notre pays de créer des biens publics et privés afin d’assurer une meilleure qualité de vie pour la tranche de la population canadienne mal servie par la croissance économique et les cibles fiscales.
Concluons sur une note résolument optimiste
Le regard que nous devons porter sur notre économie doit être plus complexe que celui avancé par Wayne Simpson et tant d’autres qui se contentent de répéter des dogmes qui nous empêchent de prendre toute la mesure de nos problèmes.
En vérité, le gouvernement canadien et la Banque du Canada disposent des moyens pour entreprendre simultanément la transition énergétique et d’autres projets d’importance sociale. Le Premier ministre Carney peut et doit développer un plan d’investissements capable de rééquilibrer notre économie.


