Depuis 1973, à l’approche de Noël, les Rois mages et leurs destriers trônent au-dessus de l’entrée des bureaux de Canada Life, rue Osborne, à Winnipeg. Après 50 ans et en dépit du froid et de la neige, les personnages en papier mâché tiennent toujours debout, fidèles au rendez-vous.

Par Hugo Beaucamp 

Alors que l’origine de ces immenses figurines a fini par être oubliée pendant longtemps, en 2019, la station de radio CHVN a élucidé le « mystère des chameaux de Canada Life ».

Voici l’histoire. En 1973, Canada Life, à l’époque Great-West Life, passe commande auprès de Gordon Reimer pour de nouvelles décorations de Noël. En ce temps-là, Suzanne Gauthier, jeune artiste franco-manitobaine diplômée en arts plastiques de l’Université du Manitoba, travaille à mi-temps chez Reimer.

Ι L’idée des Rois mages 

L’idée de mettre en scène ces figures importantes de l’Évangile naît après que Suzanne Gauthier et son employeur aient vu une annonce dans le New Yorker sur laquelle apparaissait l’un des Rois sur son chameau. Ainsi, la jeune artiste originaire de Lorette se lance dans la création de ces statues avec l’aide de l’artisan Peter Rempel.

Aujourd’hui, les figures en papier mâché trempé dans de la fibre de verre ont pris une dimension iconique à Winnipeg. Rien de surprenant après 50 ans d’apparition. Les Rois mages sont à la fois annonciateurs des fêtes à venir, mais nous ramènent aussi aux débuts de la carrière d’une grande artiste manitobaine.

Ι Suzanne Gauthier 

Suzanne Gauthier fonde en 1972, sur la rue Albert, un atelier de gravure et une galerie d’art qu’elle baptisera P.S Gallery. L’une des rares femmes à rejoindre le cercle de la gravure à l’époque.

Des gravures, des œuvres sur papier, des livres, l’artiste multidisciplinaire exposera jusqu’en Asie, en passant par l’Europe et les États-Unis. En 2006 elle fut élue membre de la Société royale des arts du Canada. 

Si elle réside aujourd’hui à Halifax, certaines de ses oeuvres demeurent toujours au Manitoba à la Winnipeg Art Gallery, à l’école des beaux-arts de l’Université du Manitoba, à St. John’s College, au centre Oseredok, dans la galerie Buhler, au Centre culturel franco-manitobain et au Centre du Patrimoine.