Au Manitoba, aussi, plusieurs résidents ont décidé de ne pas visiter nos voisins du sud prochainement.

70 % des Manitobains d’accord pour dire qu’ils ont annulé ou décidé de ne pas faire de voyage aux États-Unis en ce moment. Ce chiffre en augmentation par rapport à février, où ils étaient 60 %. C’est ce qu’avait démontré la firme Probe Research dans un sondage publié à la fin du mois de mars (1).

C’est le cas de John Ferrer et sa famille qui devaient s’envoler pour Las Vegas. « On devait partir à la mi-mai pour cette ville. On avait notamment prévu tout un tour du Nevada. C’était une grande visite, le Grand Canyon était prévu. Ça, c’étaient nos plans avant les annonces de Donald Trump. »

John Ferrer confie qu’au sein de sa famille, ils ont commencé à s’interroger sur ce voyage alors que Donald Trump n’était pas encore officiellement en poste et qu’il avait fait déjà plusieurs allusions à son envie de voir le Canada devenir le 51e état américain. « J’y croyais sans y croire, puis les choses ont escaladé et les tarifs ont notamment été vraiment mis en place. Là, on y a vraiment réfléchi et on s’est demandé si c’était le bon moment d’y aller. »

« On avait notamment prévu tout un tour du Nevada. C’était une grande visite, le Grand Canyon était prévu. Ça, c’étaient nos plans avant les annonces de Donald Trump. » John Ferrer.

Une question d’éthique

Le père de famille explique que c’est à date une décision définitive sauf si de nouvelles annonces en faveur du Canada intervenaient. Pourtant, la famille a consenti d’importants efforts financiers pour ce voyage.

« Notre voyage est donc en suspens. L’hôtellerie, les transports et des sorties, ça nous a été remboursé. Mais les billets d’avion qui ont coûté entre 3 000 et 4 000 $, ça, c’est un crédit. Et l’on ne peut pas récupérer cet argent-là. Et on avait des assurances pour ces billets d’avion, mais l’on a appris que ces billets seront dans tous les cas uniquement valables pour la destination de Las Vegas. Mais dans tous les cas, même si la situation ne se débloque pas dans le bon sens, on est prêts à perdre cet argent. »

Alors que la famille Ferrer vit « en harmonie » au Canada depuis 12 ans, John Ferrer se dit « bouche-bée » face à cette situation inédite. « Tout est remis en question, c’est ça qui me déchire un peu », dit-il. « Mais éthiquement, c’est hors de question qu’on fasse des voyages aux États-Unis en ce moment. »

Sentiment patriotique

Même s’il a déjà visité à plusieurs reprises et qu’il n’a aucun problème avec les États-Unis ou les Américains, John Ferrer remarque aussi que les sentiments patriotiques poussent un peu partout au Canada. Lui aussi s’est fait prendre au jeu.

« On a toujours l’envie de bien vivre, mais dès que quelqu’un veut toucher à ça, l’on voit le vrai visage des Canadiens : des gens qui aiment leur pays, leur patrie, leur économie. Même moi, quand tout ça a commencé, je suis allé à La Fourche, j’ai acheté un pin’s avec le drapeau du Canada et depuis je le porte tous les jours sur ma chemise. Et pourtant le Canada n’est pas mon pays d’origine, mais j’ai une dette éternelle pour ce pays. »

Pour finir, il est d’ailleurs devenu un peu plus dur de séjourner longtemps aux États-Unis pour les Canadiens. Depuis, le 11 avril 2025, tous les visiteurs canadiens aux États-Unis âgés de 14 ans et plus qui ne se sont pas vu délivrer de formulaire électronique I-94 devront s’enregistrer auprès du gouvernement fédéral américain s’ils séjournent aux États-Unis pendant 30 jours ou plus.

Selon, les responsables du ministère de la Sécurité intérieure américaine le nombre total de personnes concernées par cette règle, et pas seulement les Canadiens, serait entre 2,2 et 3,2 millions.

(1) Le sondage a été mené auprès d’un échantillon aléatoire et représentatif de 1 000 adultes manitobains entre le 4 et le 16 mars 2025. La marge d’erreur pour l’échantillon complet est de ± 3,1 points de pourcentage, avec un niveau de confiance de 95 %.