Du 2 juillet au 31 août, la Ville de Winnipeg retirera tous les postes de paiement de stationnement municipal. Le conseil a toutefois décidé de suivre l’exemple d’autres villes comme Edmonton et de simplement ne pas les remplacer.
À la place, les automobilistes sont fortement encouragés à télécharger et à utiliser l’application mobile PayByPhone pour payer leur stationnement. Les utilisateurs qui ne possèdent pas de téléphone intelligent pourront appeler le numéro PayByPhone (1-888-680-7275) pour accéder au service de paiement.
En outre, des carnets de stationnement prépayés d’une heure resteront en vente à quelques endroits. Ils deviendront bientôt le seul moyen de payer pour le stationnement municipal en argent comptant et sans avoir recours à la technologie.
Selon la Ville, les discussions sur la nécessité de remplacer ces parcomètres ont commencé lorsque le gouvernement fédéral a annoncé qu’il supprimerait progressivement le service cellulaire 3G dans tout le pays. Les parcomètres étant connectés au réseau 3G, ils deviendront donc obsolètes dès que les entreprises de télécommunications rendront ce réseau indisponible.
Le Conseil a donc été confronté à la question de savoir s’il valait la peine de remplacer ces bornes de paiement, dont plusieurs sont tombées en panne au fil du temps et n’ont pas été remplacées. Étant donné que le remplacement des machines coûterait 3,6 millions $ et que leur entretien coûterait 1 million $ supplémentaires par an, la Ville a donc décidé que l’option la plus efficace serait d’y renoncer complètement.
Centraliser le système
L’abandon des parcomètres au profit d’une application présente d’autres avantages notables. Comme l’explique le conseiller municipal Matt Allard, la centralisation du système grâce à l’application simplifie le travail des personnes chargées de faire respecter les règles de stationnement en leur communiquant automatiquement les informations.
« On a des véhicules munis de caméras qui circulent à Winnipeg. Au lieu d’avoir quelqu’un qui va d’une voiture à l’autre pour noter le temps de stationnement initial et qui revient ensuite pour voir si le temps de stationnement a été respecté, la voiture passe une seule fois pour vérifier les plaques d’immatriculation. Et les informations de l’application se réconcilient avec les données recueillies par la voiture. »
Et la centralisation du système de stationnement présente d’autres avantages. En cas d’organisation de grands événements au centre-ville, et donc d’utilisation d’un plus grand nombre de places de stationnement, l’utilisation d’une application permettra à la Ville d’adapter plus facilement son offre de stationnement aux besoins requis par des circonstances exceptionnelles. Un service qui n’est pas possible avec des parcomètres qui doivent être reprogrammés manuellement à chaque fois.
« Une partie du problème maintenant, c’est qu’on ne peut pas gérer les places de stationnement de façon dynamique comme on le pourrait si on avait un système central avec des logiciels sophistiqués qui pourraient changer les prix, les heures, le nombre d’heures pendant lesquelles on peut rester, etc. »
Une décision controversée
Bien que la ville affirme que 80 % des automobilistes utilisent déjà l’application mobile et que 90 % paient pour leur stationnement avec une carte de crédit, Matt Allard explique qu’il a surtout entendu des commentaires négatifs jusqu’à présent, mais principalement de la part de personnes qui n’étaient pas prêtes à accepter le changement.
« J’ai reçu des appels de certains membres du public qui n’aiment pas ce changement, qui aimeraient garder le statu quo, qui aimeraient pouvoir continuer à payer en argent comptant.
« Je les entends. Je sais que ce n’est pas idéal pour certaines personnes. Et puis, certains ne veulent pas avoir de téléphone cellulaire. Il y a un coût qui est associé à ça. »
Le conseiller précise que des solutions pour les personnes vivant avec un handicap sont encore à l’étude, bien qu’il affirme que les services Transit Plus et de transit sur-demande de la ville sont conçus pour répondre aux besoins de ces citoyens. Il reconnaît toutefois que ces services restent difficiles à utiliser sans téléphone ou appareil intelligent.
Selon David Alper, professeur et responsable de l’École de travail social de l’Université de Saint-Boniface, cette décision entraînera des problèmes d’accessibilité pour plusieurs Winnipégois.
« C’est sûr que ça va toucher les personnes âgées, les personnes à faible revenu qui n’ont pas de téléphone intelligent. »
Il souligne que cette décision pourrait rendre une visite au centre-ville difficile et stressante pour les personnes qui ne maîtrisent pas aussi bien les outils numériques ou qui n’ont pas les moyens d’acheter un téléphone intelligent.
« Il me semble que cette mesure ne tient pas compte de la fracture numérique et de l’exclusion sociale que vivent les gens appauvris dans notre société, dit-il.
En outre, le démantèlement du réseau 3G lui-même pourrait poser d’autres problèmes aux personnes à faibles revenus que l’impossibilité d’utiliser les parcomètres, car il implique également que tous les appareils fabriqués avant 2015 qui ne peuvent pas se connecter à des réseaux plus récents deviendront obsolètes, entraînant des coûts supplémentaires pour remplacer les téléphones et les appareils actuels.
Cependant, Matt Allard souligne que le Conseil a pris cette décision parce qu’elle était la plus efficace pour la Ville en matière d’économies.
« Trois millions de dollars, c’est beaucoup d’argent. Et un million de dollars [de plus en entretien] par année, c’est beaucoup d’argent aussi. Au niveau de la fiscalité de la Ville, mais aussi au niveau de l’offre de services, cette décision offre de grandes possibilités pour un meilleur niveau de service pour le public. »