Le chantier est enfin lancé. Après plus de cinq ans de préparation, Aspen Winds/Vents de Tremble Inc., un organisme situé à Notre-Dame-de-Lourdes, construit une maison entièrement accessible destinée à des adultes ayant des difficultés intellectuelles.

Soutenu par sa communauté, ce projet de longue haleine vise à offrir un foyer plus sécuritaire, adapté et digne aux résidents, dont plusieurs utilisent aujourd’hui un fauteuil roulant ou un déambulateur.

Tout a commencé en 1981, avec la construction d’une maison qui ne donnait pas la priorité à l’accessibilité. Ce n’était peut-être pas un problème à l’époque, mais aujourd’hui, la majorité de ses résidents doivent utiliser des fauteuils roulants ou des déambulateurs pour se déplacer.

Face à cette réalité, Aspen Winds/Vents de Tremble Inc. a pris la décision de repenser complètement ses installations. Michaela Graham, directrice générale de l’organisation, précise qu’après avoir analysé les options, « nous avons conclu qu’il y avait tellement de choses à changer qu’il valait mieux construire une nouvelle maison. Notamment, une avec un système d’arrosage ».

La maison actuelle n’est pas équipée de ce dispositif essentiel, qui est une précaution de sécurité exigée par le gouvernement. Aspen Winds/Vents de Tremble Inc. s’est donc engagé à créer un espace mieux équipé pour ses résidents.

À quoi s’attendre?

Lors de la cérémonie de pelletée de terre, Hubert Deroche, président du conseil d’administration d’Aspen Winds/Vents de Tremble Inc., a dévoilé les grandes lignes du projet : une maison de 2 160 pieds carrés avec un garage double.

« Ce ne sera pas une maison de luxe, mais une maison entièrement accessible, sans obstacles, avec des caractéristiques d’efficacité énergétique telles qu’une pompe à chaleur air-air et une isolation recommandée conforme au code ou meilleure. Une dalle de ciment chauffée assurera également le confort dans toute la maison », a-t-il précisé.

Le foyer comprendra six chambres, dont cinq pour les résidents et une pour le répit. Actuellement, quatre personnes y vivent et il reste de la place pour deux de plus.

En ce qui concerne la maison inadéquate, l’espoir est soit de la vendre pour aider à financer le projet, ou, s’ils en ont les moyens, de construire des appartements à sa place.

Michaela Graham explique que « pour l’instant, l’objectif est de faire le plus de travaux possibles avant l’hiver. Nous avons la chance de ne pas avoir à déplacer les résidents pendant la construction, mais nous devons terminer les travaux d’ici juin 2026. Sinon, les résidents seront obligés de quitter la maison à cause des risques de sécurité liés à l’absence d’un système d’arrosage ».

Les résidents d’Aspen Winds/Vents de Tremble Inc. marquent le début de la construction.
Les résidents d’Aspen Winds/Vents de Tremble Inc. marquent le début de la construction. (photo : gracieuseté Ariane Comte)

Un changement nécessaire

La cérémonie de pelletée de terre, le 23 mai dernier, était très attendue, confirme Michaela Graham. « Nos membres se sont réunis pour marquer le début d’un projet dont nous discutons depuis assez longtemps, vous pouvez donc imaginer notre excitation », raconte-t-elle.

En tant qu’employée à Aspen Winds/Vents de Tremble Inc. depuis août 2020, la directrice générale a pu constater à quel point l’espace actuel n’était plus adapté.

« Pendant la pandémie de COVID-19, nous avons eu des problèmes de personnel et j’ai donc dû travailler souvent dans cette maison. Cela m’a fait réaliser à quel point nous avions besoin d’un espace plus accessible, et cela m’a motivée pour l’obtenir. Par exemple, nous avons une résidente depuis 30 ans qui a du mal à utiliser la salle de bain parce qu’elle n’est pas assez accessible. Je ne voudrais pas qu’elle soit obligée de quitter sa maison et sa communauté simplement à cause d’une salle de bains mal conçue ».

Comme l’a indiqué Hubert Deroche, la mission principale de ce projet indispensable est donc de « donner aux adultes ayant des difficultés intellectuelles la possibilité de vivre dans un foyer sûr et heureux pendant qu’ils travaillent vers l’atteinte de leur plein potentiel professionnel et social ».

L’effort communautaire

En ce qui concerne le financement du projet, Aspen Winds/Vents de Tremble Inc. attribue la plus grande part du mérite à sa communauté.

« Le gouvernement nous verse des per diems. Mais surtout, nous avons reçu de nombreux dons et subventions de notre communauté et des communautés environnantes. Non seulement ils donnent de l’argent, mais certains ont gracieusement offert leur temps et leurs services ».

Le montant prévu pour le projet est de 700 000 $, et l’organisation a réussi à réunir plus de 60 000 $ jusqu’à présent, avec d’autres subventions et collectes de fonds en attente. Michaela Graham indique que « nous avons pu commencer la construction avec ce montant car il prouve que notre communauté le désire ».

Un service sous-estimé

Au-delà du chantier, la directrice générale estime que le secteur des services aux personnes en situation de handicap est sous-équipé. « Je vois absolument un grand manque de soutien et de personnel dans ce secteur. Nous avons un service d’aide 24 heures sur 24 dans la maison, donc même avec 10 employés, il est difficile de trouver du monde pour travailler à toute heure ».

Il y a seulement quelques années que le salaire minimum pour ce travail est passé d’environ 15 $ de l’heure à 19 $ de l’heure avec des primes d’équipe.

Michaela Graham admet que l’augmentation a été bénéfique, mais qu’il s’agit toujours d’un travail difficile à des heures exigeante, surtout en raison du déficit de personnel.

En outre, elle souligne qu’il n’existe pas de service de garde du soir ou de nuit pour les employés ayant des enfants, ce qui rend la tâche encore plus compliquée. Elle espère donc qu’un jour, les personnes de son secteur seront véritablement reconnues pour le travail qu’elles accomplissent.

Malgré les défis, cette directrice générale reste optimiste et affirme que sa profession fait partie de « l’un des meilleurs emplois au monde, même s’il comporte son lot de difficultés », et qu’elle « espère voir les résidents heureux et profiter au mieux de leur nouvelle maison ».