Ils étaient cinq à pitcher leur projet sous le soleil de Gimli, avec des histoires aussi variées que puissantes. C’est Half-Naked, court-métrage lumineux d’Ande Brown sur la transidentité, qui a su convaincre le jury.

Du 23 au 27 juillet se déroulait la 25e édition du Festival du film international de Gimli.

Au total, plus d’une soixantaine de films étaient à découvrir, ou redécouvrir, le soir sur la plage ou bien dans les salles obscures de la petite ville viking qui fourmillait de cinéphiles en cette fin de semaine.

L’un des immanquables au programme, le concours de pitch RBC pour les réalisateurs émergents.

Le concours s’est tenu au Gimli Theatre, le samedi 26 juillet en matinée. Malgré un soleil presque trop généreux ce matin-là, c’est devant une salle comble que les cinq finalistes (1) du concours ont présenté leurs projets de court-métrage.

Qu’il s’agisse de parler d’héritage culturel, de récits historiques mêlés aux légendes inuit ou au folklore métis.

Que l’on dénonce la masculinité toxique ou notre rapport aux réseaux sociaux, il y avait autant de thèmes et de sujets que de réalisateurs.

Et ça n’a pas facilité le travail des membres du jury. C’est ce que partage Catherine Moreau, directrice déléguée au bureau de Montréal du Fonds indépendant de production (FIP).

« Ça a été très difficile, on compare des choses qui sont très différentes. Un documentaire expérimental, de la science-fiction, une histoire comique sur un sujet très important. La chose qui était claire c’est que tous les projets étaient très bien portés. »

Mais il fallait un vainqueur et c’est Ande Brown, avec son court-métrage Half-Naked, qui a été l’heureux gagnant de cette édition.

« Ce qui a fait la différence, c’est sa clarté dans l’histoire et la façon dont il l’a amenée. Son pitch était clair, touchant, très drôle, mais on a aussi tout de suite vu que ça pouvait faire un excellent court-métrage avec du potentiel visuel. On a aussi été touché par l’aspect lumineux d’un sujet qui est extrêmement lourd et difficile. »

Half-Naked raconte avec beaucoup d’humour et de légèreté l’histoire d’un homme transgenre qui se promène torse nu pour la première fois en public.

Alors que les histoires de transidentité s’accompagnent souvent de violence, Ande Brown, lui-même transgenre, a choisi d’adopter un angle différent. Et c’est ce qui a fait la différence.

Le réalisateur était bien sûr très ému après sa victoire.

Cette année la somme à remporter était de 15 000 $ contre 10 000 $ les années précédentes.

« L’argent fait clairement la différence sur la qualité du produit que l’on peut créer. Là où j’en suis aujourd’hui c’est certainement un énorme pas en avant. »

Ande Brown a fait ses premiers pas dans le monde du cinéma il y a seulement quelques années, mais il est d’ores et déjà prêt à entamer le processus de création.

Après tout, c’est un court-métrage qui est très personnel pour lui et dont l’idée a vu le jour il y a deux ans maintenant lors d’un atelier de conte pendant lequel Ande Brown a raconté son histoire.

« C’était libérateur et j’ai décidé de raconter ces histoires que j’avais gardées enfermées pendant si longtemps. J’aime pouvoir montrer qu’au Canada, même si en tant que personne trans tu es toujours inquiet à propos de la violence, ce n’est pas quelque chose qui arrive fréquemment. Dans la plupart des cas, les gens laissent les autres vivre leur vie et s’occupent de leurs affaires. On prend parfois les choses trop au sérieux. Ce sujet peut être drôle tout en restant significatif. »

Half-Naked entrera donc en production cette année et sera diffusé pour la première fois lors du concours de pitch de l’édition 2026 du Festival du film international de Gimli.

(1) Faustina Dalmacio – Wika, Ande Brown – Half-Naked, John Luke – Sedna, Evan Friesen – Maladaptive, Robyn Admas – Spirit Bead.