Entre le vendredi 8 août et le samedi 9 août et pendant la soirée du lundi 11 août au mardi 12 août, la Province pulvérise du DeltaGard 20EW en raison du nombre élevé de Culex tarsalis adultes, une espèce qui se reconnaît notamment par des bandes noires et blanches sur les pattes, de la détection d’un taux d’infection élevé du virus du Nil occidental chez les moustiques.
Les autorités agissent dans la ville de Winkler et dans un rayon d’environ 3 km autour de la ville qui englobe les collectivités de Reinfeld, Chortitz et Schanzenfeld.
De la précaution
Pour rappel, ce moustique est un vecteur important de virus responsables de maladies graves chez l’humain, comme le virus du Nil occidental qui peut notamment causer une encéphalite (inflammation du cerveau), et parfois entraîner des complications à long terme, voire la mort.
En date du 7 août, aucun cas humain de virus du Nil occidental n’a été confirmé au Manitoba, souligne la Province qui signale tout de même que « le risque d’exposition humaine au virus est élevé en ce moment dans la région Southern Health–Santé Sud et très élevé à Winkler et dans les régions environnantes. »
Fernand Saurette professeur à la retraite de biologie à l’Université de Saint-Boniface et apiculteur amateur, explique comment la Province détecte ces insectes.
« La Province a un programme de vérification d’émergence des moustiques de larves adultes, ils ont des pièges dans l’eau et identifient le nombre et l’espèce de moustique qui sort de l’eau. Et dès que la Province voit arriver le seuil d’émergence se rapprocher de l’espèce Culex tarsalis, elle va arroser. La Province prend avant tout des précautions pour diminuer le risque. »
Des cas humains rares, mais en hausse
Un risque qui malgré tout augmente. La Province signalait 10 cas d’humains touchés par le virus du Nil occidental en 2024, contre 5 en 2023.
Même si Fernand Saurette comprend parfaitement que le risque sanitaire l’emporte, le biologiste en lui pense que c’est un peu précipité. Explications.
« C’est vrai que pour la santé publique, il faut diminuer le risque, c’est une bonne raison, mais les cas humains restent rares. Et en plus, cette année, même si on a eu de l’humidité, il y a encore moins de moustiques. »
Fernand Saurette regrette aussi que lors de telles opérations, même ciblées géographiquement et d’une durée limitée, ce n’est pas que l’espèce Culex tarsalis qui est touchée, mais tous les insectes et écosystèmes qui y vivent.
« Oui, tous les moustiques, tous les insectes sont touchés. C’est regrettable et avec déjà d’autres pesticides dans les prairies, il y a moins en moins de refuges pour les insectes. »
Le biologiste sait bien que les moustiques n’ont pas bonne réputation, mais rappelle tout de même leur rôle dans la nature.
« Ils pollinisent autant que les abeilles. Les mâles ne piquent pas par ailleurs et ne transmettent pas le virus. Ils nourrissent aussi tout de sorte d’animaux : des oiseaux, des chauves-souris, par exemple. Et si on les extermine, on brise un maillon de la chaîne alimentaire. »