Déjà des dizaines d’annulations de vols sont prévues ce jeudi, environ 500 autres sont attendues par vendredi soir, ont expliqué des représentants d’Air Canada en conférence de presse ce jeudi matin, qui se tenait près de l’aéroport Pearson de Toronto.

Conférence de presse qui par ailleurs n’a pas pu aller à son terme. Pendant la période de questions/réponses, des membres du syndicat sont entrés dans la salle, ils ont montré plusieurs pancartes exprimant leur mécontentement.

En l’état, la situation actuelle pourrait déboucher d’ici samedi 16 août à la cessation complète des vols d’Air Canada et d’Air Canada Rouge. (1)

Pour rappel, Air Canada et le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente environ 10 000 agents de bord de la firme, négocient depuis huit mois dans le but de conclure une nouvelle convention collective.

Une « nouvelle décevante » pour la ministre de l’Emploi

Ces derniers jours, les négociations n’ont pas avancé dans le bon sens. Air Canada a reçu un avis de grève de 72 heures du SCFP et a répondu par un avis de lock-out.

Par ailleurs, plus tôt dans la semaine, le SCFP avait rejeté l’offre d’Air Canada de recourir à l’arbitrage exécutoire d’un tiers, et ne souhaite pas que le gouvernement s’immisce dans le processus de négociation. « Si le gouvernement franchit cette ligne, nous réagirons haut et fort », disait ce mercredi le syndicat. 

Pour Patty Hajdu, ministre de l’Emploi et des Familles, ce préavis de grève et de lock-out est une
« nouvelle décevante pour les Canadiens qui comptent sur leurs services », a-t-elle souligné ce jeudi matin.

La ministre s’attend désormais à une résolution du conflit. « J’exhorte les deux parties à mettre leurs différends de côté, à revenir à la table des négociations et à conclure un accord dès maintenant pour les nombreux voyageurs qui comptent sur vous », a-t-elle ajouté.

En attendant, Patty Hajdu a donné une nouvelle mise à jour sur la situation plus tard ce jeudi après-midi. Elle explique que « le syndicat a demandé à avoir jusqu’au vendredi 15 août, à 12 h (HE) » pour répondre à la demande de soumettre les parties à un arbitrage exécutoire.

Cette demande a été acceptée par la ministre.

Trouver une issue pour l’économie canadienne

Gilles LeVasseur, professeur de gestion et de droit à l’Université d’Ottawa, observe la situation de près. La résolution de ce conflit de travail est essentielle selon lui.

« C’est une tragédie si l’on n’arrive pas à régler le conflit d’ici les prochains jours », lance-t-il.

« L’on est dans un moment crucial de l’économie canadienne. L’on est dans un moment important pour l’entreprise. Les gens ont besoin de prévisibilité de tout un système. On ne peut pas se permettre une grève qui empêche le système de fonctionner, ce n’est pas dans l’intérêt de l’économie canadienne. »

De manière générale, et au-delà du cas d’Air Canada, Gilles LeVasseur pointe les difficultés répétitives à solutionner ce genre de conflit dans le monde du travail.

« Ce qui arrive c’est que l’on n’a pas de mécanismes qui vont amener les gens à essayer de trouver des ententes, et si nécessaire, d’avoir une tierce partie qui pourrait au moins suggérer une solution aux parties. En fait, c’est tout ou rien : on négocie, on n’y arrive pas et donc grève ou lock-out.

« Dans bien des milieux, l’on aurait une étape préparatoire. Par exemple, une personne qui a travaillé dans le domaine ou peut-être un juge à la retraite qui présente une médiation.

« S’il y a entente, parfait. S’il y a conflit et que l’on va dans un arbitrage qui reprend pratiquement la même chose que la médiation, là il y a une pénalité pour la partie qui ne veut pas prendre de solution. C’est ce qu’on fait par exemple dans le domaine du droit de la famille. »

(1) Si vous devez voyager bientôt, Air Canada a partagé des renseignements sur les options possibles.