Par Michel LAGACÉ.
Il a déclaré qu’il était très difficile de trouver des Canadiens passionnés par la relation américano-canadienne.
C’est dire à quel point l’ambassadeur n’a pas cherché à véritablement comprendre que le Canada n’est pas tout à fait une colonie de son pays.
Car s’il est une chose qui est devenue évidente depuis le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis, c’est que les Canadiens et les Canadiennes sont choqués par l’hostilité du gouvernement américain à leur égard.
Faut-il rappeler à l’ambassadeur qu’ils sont rares les Canadiens qui n’ont pas été offusqués d’entendre le Président déclarer maintes fois que le Canada devrait devenir le cinquante et unième état américain, et de voir leur voisin du sud imposer des droits de douane sur leurs importations canadiennes?
Et faut-il aussi lui rappeler que la justification de ces droits de douane dépasse l’entendement?
D’une part, Donald Trump affirme que lorsque les États-Unis affichent un déficit dans leurs échanges commerciaux avec le Canada, c’est parce que le Canada abuse de son partenaire commercial.
Pourtant, ce sont les Américains qui achètent d’importantes quantités de potasse, de pétrole, de gaz naturel, d’aluminium, d’uranium, d’énergie et de métaux des terres rares canadiens.
De plus, il a fabriqué des inquiétudes concernant le trafic de fentanyl d’origine canadienne, des inquiétudes que même ses propres agences de renseignement ont déclaré être sans fondement.
Les Canadiens ont démontré qu’ils étaient passionnés par leur relation avec les États-Unis en réduisant leurs achats de biens américains et leurs visites aux États-Unis. Il faut espérer que l’ambassadeur comprend qu’il s’agit là non pas de décisions gouvernementales mais des choix personnels des Canadiens.
La « déception » de Pete Hoekstra est donc mal fondée.
S’il avait fait ses devoirs, il aurait appris que le Canada est un pays souverain avec ses propres valeurs, ses propres intérêts et ses propres priorités. Rien ne l’oblige à imiter les politiques américaines, comme le démontrent nos politiques dans le domaine du contrôle des armes à feu et de la santé publique.
En exprimant sa déception parce que le Canada agit selon ses propres convictions, M. Hoekstra devrait comprendre qu’il nie la légitimité de la souveraineté du Canada, et la légitimité des choix que les Canadiens font démocratiquement.
La « déception » de Pete Hoekstra ressemble davantage à l’aigreur d’un ambassadeur américain qui, comme son patron, est irrité que nous ne nous comportions pas comme un vulgaire vassal; et que les Canadiens sont certes passionnés par la relation canado-américaine, mais pas comme il l’espérait.
Au lieu de faire la leçon à tort et à travers, Pete Hoekstra gagnerait à faire ses devoirs.