Ce plan est « notre feuille de route pour une province plus propre et plus forte qui atteindra la neutralité carbone d’ici 2050 », a résumé Mike Moyes, ministre de l’Environnement et du Changement climatique et ministre responsable de la Société pour l’efficacité énergétique au Manitoba, dans son intervention.

« Il s’agit d’une stratégie ambitieuse et concrète qui définit la manière dont nous allons réduire nos émissions, développer notre économie et tirer parti de notre avantage en matière d’énergie propre », a-t-il poursuivi.

Feuille de route

Alors, quelles sont les principales propositions de ce plan?

D’abord, et bien sûr, il y a la carboneutralité à atteindre. Cela signifie que toute émission produite est compensée par des actions qui retirent une quantité égale de gaz à effet de serre (GES), n’entraînant ainsi aucune augmentation nette des émissions.

Pour y arriver, plusieurs conditions sont à remplir : protéger 30 % des terres et des eaux du Manitoba d’ici 2030, planter jusqu’à un million d’arbres par an au Manitoba jusqu’en 2031, transitionner le réseau électrique du Manitoba vers la carboneutralité d’ici 2035 ou encore le développement de projets pour capturer le méthane des décharges et des installations de traitement des eaux usées afin de le convertir en gaz naturel renouvelable.

Quelques chiffres sont aussi importants à rappeler : en 2023, les émissions totales de gaz à effet de serre (GES) du Manitoba s’élevaient à 21,3 mégatonnes (Mt) d’équivalent dioxyde de carbone, soit environ 3,01 % du total national canadien. Les émissions par habitant de la province sont de 15,3 tonnes de CO2e, soit 16 % de moins que la moyenne canadienne.

Environ 62 % des émissions proviennent d’activités liées aux combustibles fossiles (transports, chauffage, industrie). Les 38 % restants proviennent de sources non énergétiques, principalement l’agriculture (méthane du bétail, engrais) et les déchets.

Le Chemin du Manitoba vers la carboneutralité s’appuiera également sur l’expertise d’un nouveau comité, le Cabinet chargé de la lutte contre les changements climatiques pour atteindre cette vision.

manoomin

Par ailleurs, il est à noter que cette stratégie sera également soutenue par tout un volet plus philosophique : l’enseignement Anishinaabe tiré de la récolte du manoomin (riz sauvage).

Wab Kinew en a longuement parlé en introduction de la conférence de presse.

« Chaque action, telle un grain de manoomin placé avec soin, peut se transformer en festin lorsqu’elle est réunie à d’autres […] Améliorer l’efficacité, investir dans les technologies propres et préserver les ressources contribuent tous à instaurer le changement systémique nécessaire pour rétablir l’équilibre », peut-on notamment lire en préambule de cette stratégie.

« À l’ère du réchauffement climatique, je pense qu’il est important de revenir à certains des concepts originels de cette terre, c’est-à-dire de regarder autour de soi. Nous menons tellement d’activités au Manitoba qui ont un impact sur le climat, sur l’eau, sur la terre, sur les animaux, sur les formes de vie, les plantes, les médicaments, etc., que nous devons nous interroger à nouveau sur le reste du cadre. Quelles mesures allons-nous prendre pour que cet endroit reste aussi sûr, propre et sain pour la prochaine génération qu’il l’est aujourd’hui? », a questionné le premier ministre.

L’Institut international pour le développement durable (IISD) a réagi à cette annonce du gouvernement provincial et salue ce nouveau plan. L’organisme attend désormais de voir quelles sont les prochaines étapes qui seront entreprises.

« Il existe des arguments économiques clairs en faveur de faire du Manitoba le berceau de l’innovation dans un avenir décarboné. Avec ce plan et son profil énergétique abordable et propre, le Manitoba annonce ses ambitions économiques avec des résultats durables à la hauteur », a notamment déclaré Patricia Fuller, présidente-directrice générale de l’IISD.