Lors de sa prochaine assemblée générale annuelle (AGA), la Société de la francophonie manitobaine (SFM) élira son nouveau conseil d’administration (CA) selon le nouveau modèle qu’elle a mis en place lors d’une assemblée générale extraordinaire tenue le 16 septembre dernier. Passant de 22 à 9 membres, les membres du CA seront élus le 13 novembre prochain.

Si seul le chef sortant du CA, Derrek Bentley, se présente à la présidence, deux candidats sont en lice pour le poste de vice-président : Stéphane Allard et Alphonse Lawson-Héllu.

La Liberté a demandé aux deux candidats d’expliquer en détail les raisons qui les ont poussés à se présenter à ces postes.

Stéphane Allard a évoqué son rôle en tant que père de famille exogame.

Responsable de la défense des droits et de l’identité francophones de ses enfants, il tient à cœur d’assumer également ce rôle pour sa communauté.

Il apporte également ses compétences et son expérience acquises au cours des trois années passées en tant que représentant du commissaire aux langues officielles au Manitoba et en Saskatchewan.

Un poste qui, selon ce qu’il explique, lui a permis d’acquérir de nombreuses connaissances sur la situation des communautés de langue officielle en situation minoritaire et une expertise en tout ce qui a trait à la question des langues officielles.

« Je connais très intimement la réalité de la francophonie manitobaine étant moi-même né ici et ayant grandi dans les institutions au cœur de la francophonie du Manitoba », dit-il.

« La francophonie Manitobaine c’est quelque chose que je comprends de manière professionnelle mais aussi personnelle. »

De son côté, Alphonse Lawson-Héllu invoque son « engagement constant pour une francophonie vivante, inclusive et représentative de toutes ses composantes ».

En tant que président actuel du Centre culturel franco-manitobain et représentant du secteur culturel au sein du conseil d’administration sortant de la SFM, il affirme vouloir mettre à profit son expérience en matière de gouvernance et sa capacité à établir des ponts entre divers secteurs au service de la communauté.

« J’apporte à la table la diversité et une représentativité de la francophonie manitobaine multiculturelle. Je veux contribuer à renforcer le leadership communautaire de la SFM et consolider la cohésion entre toutes les composantes de la francophonie manitobaine. »

Leur vision

Les deux candidats envisagent de mettre l’accent sur l’importance de la diversité et du patrimoine de la francophonie dans ce poste.

Stéphane Allard dit qu’il compte appuyer le président Derrek Bentley dans la poursuite de sa vision d’une francophonie diversifiée et inclusive.

Pour lui, une grande partie du travail à accomplir dans ce domaine consistera à soutenir les nouveaux arrivants issus de diverses cultures francophones.

C’est pourquoi il affirme que, s’il était élu, sa priorité serait de « créer des ponts entre la communauté existante et les nouveaux arrivants ».

« Pour moi, l’immigration francophone au Manitoba a toujours été une pierre angulaire pour la vitalité, le maintien et le développement de la communauté francophone. »

Il dit avoir remarqué la complexité de la question de l’immigration au cours des dernières années, dans la mesure où de nombreux progrès ont été réalisés en matière d’accueil des nouveaux arrivants, mais où il reste encore beaucoup à faire en matière de rétention et d’intégration.

« Ça arrive trop souvent de voir des nouveaux arrivants qui finissent par quitter le Manitoba après moins d’une année parce qu’ils ne réussissent pas véritablement à vivre en français. »

Cela dit, il se sent encouragé par l’augmentation du nombre de francophones qui viennent s’installer dans la province.

« Il faudra continuer à faire pression sur les gouvernements fédéral et provincial pour continuer à augmenter le pourcentage de francophones au Manitoba. »

Alphonse Lawson-Héllu, pour sa part, affirme vouloir s’assurer que la SFM continue de jouer un rôle important dans le projet visant à faire du Manitoba une province véritablement bilingue.

Il espère pouvoir contribuer à faire en sorte que le français reste un pilier de la culture et de l’identité, et à enrichir sa place dans les secteurs de l’éducation et de la santé.

Et bien qu’il affirme que l’ensemble du CA devra décider des priorités ensemble, il espère d’abord s’assurer que les organismes culturels francophones disposent d’un financement suffisant.

« Il n’y a pas de culture sans langue. Alors il faut absolument préserver le français et s’assurer qu’il y a une certaine fierté à le pratiquer et à le transmettre. »

Il souhaite donc que des mesures de soutien soient mises en place à tous les niveaux du système scolaire et pour les entreprises qui cherchent à se développer et à embaucher de la main-d’œuvre francophone.

Une province véritablement bilingue

Interrogé sur ce projet provincial, Alphonse Lawson-Héllu a dit qu’il considérait que la SFM avait un rôle de « vigilance, mais également de proposition et de renforcement des capacités ».

Il ajoute qu’il souhaite travailler avec le ministre responsable des affaires francophones, Glen Simard, afin de s’assurer que les recommandations issues des consultations publiques liées à ce projet aboutissent à des décisions juridiques et politiques et à des moyens financiers.

« On ne voit pas seulement le bilinguisme en termes de culture ou d’identité, mais aussi d’opportunités économiques, diplomatiques, de rayonnement du Manitoba. Le bilinguisme, c’est une ouverture sur plusieurs pays francophones qui peuvent devenir des ambassadeurs sur les plans universitaire, économique, culturel. »

Pour Stéphane Allard, le rôle de la SFM est d’être « l’entité porte-parole pour la communauté : de consulter et de prendre le pouls de la réa- lité sur le terrain ».

Il affirme que le rôle de l’organisation dans ces consultations est crucial pour créer un plan de communication clair et faire pression aux niveaux provincial et fédéral afin de comprendre et de mettre en place des mesures concrètes.

Il espère notamment voir s’améliorer l’offre de services de santé et de services gouvernementaux en français.

« Pour moi, quand je fais allusion à une province véritablement bilingue, c’est une province où on peut vivre dans la langue officielle de notre choix du matin au soir, 7 jours sur 7. C’est vivre une vie sans avoir à faire de compromis. »

Stéphane Allard souligne aussi l’importance du poids démographique de la francophonie dans la quête d’une Province véritablement bilingue.

« Il faut continuer de mettre la pression sur les gouvernements pour augmenter le pourcentage de francophones. Bien sûr augmenter les nombres va créer d’autres attentes et d’autres pressions auxquelles il faudra aussi être prêt à répondre. »

Il fait valoir que la question de l’immigration ne se règle pas seulement au niveau de l’accueil mais s’inscrit dans un continuum.

« La question de l’emploi est très liée à cette question. On a besoin de créer des opportunités d’emploi, en français, au-delà du secteur associatif. Les organismes communautaires ne peuvent pas offrir assez de postes. Pour moi c’est un énorme défi. Et tout ce continuum en immigration doit être une priorité. »

À propos des consultations du gouvernement pour une Province « véritablement bilingue », Stéphane Allard soulève qu’il existe déjà un manquement dans la démarche. « On pense principalement aux services aux individus. »

Cependant, il explique que les deux lois, celle sur les Langues officielles, au fédéral et la Loi sur l’appui à l’épanouissement de la francophonie manitobaine, « ont une composante de droit individuel d’accès aux services. Mais, elles ont toutes deux aussi des éléments qui viennent appuyer le développement et la reconnaissance historique des communautés de langue officielles en situation minoritaire. Il y a une notion de droit collectif et de pérennité des entités linguistiques ».

Selon lui, les consultations passent un peu à côté de l’aspect pérennité et de l’avenir de la communauté francophone.

« Chaque ministère provincial a le devoir de soutenir la communauté francophone et il faut que l’on pousse cela davantage. La Loi ne se limite pas exclusivement au domaine des services au public. »

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