Les alentours de la cathédrale St.Matthew’s, à Brandon, sont calmes ce dimanche 23 novembre en soirée. Pourtant, de nombreuses voitures jonchent les stationnements au croisement de l’avenue Louise et de la 13e rue.

À côté de la bâtisse pointue en brique rouge, les lumières du centre multiculturel du Westman Immigrant Services éclairent le parvis de la cathédrale. Pas moins d’une cinquantaine de personnes s’y sont rassemblées pour un cinq à sept. La grande salle bourdonne.

Les participants du rassemblement.
Les participants du rassemblement. (photo : Hugo Beaucamp)

Les conversations, au même titre que la musique qui se joue en fond, sont en français. C’est sous l’impulsion de Kerselin Fumier que cette rencontre francophone a vu le jour. Lorsqu’il a eu vent de cette initiative, Daniel St-Vincent, gestionnaire de la stratégie de développement rural à la Société de la francophonie manitobaine (SFM), s’est rapidement manifesté.

Kerselin Fumier est entraîneur de soccer et président de l’Association des ressortissants de l’Île Maurice de Brandon. Pour son engagement communautaire, il a notamment reçu la médaille du couronnement du roi Charles III au mois de mars 2025.

« Dans le contexte de mon poste, explique Daniel St-Vincent, je voulais rencontrer ce monsieur-là. Je savais que c’était un leader dans la communauté et la SFM se devait de lui tendre la main. Qu’il sache qu’il y a une francophonie vivante au Manitoba. »

Le rendez-vous est pris : la SFM, l’Université de Saint-Boniface et Sports en français ont eux aussi fait le déplacement pour la rencontre. Pour Kerselin Fumier, cette soirée est un franc succès.

« Être francophone à Brandon, tu restes chez toi, regrette-t-il. On n’a pas de centre communautaire pour se rassembler, mais la francophonie existe et je le sais. Je ne veux pas dire qu’il n’y a pas de place pour parler le français à Brandon, mais on va en faire davantage. »

Un point de vue que partage Brielle Deschamps, Franco-Ontarienne installée à Brandon depuis trois ans maintenant. Elle explique qu’à son arrivée ici, elle a craint de perdre sa culture franco-phone.

« C’est difficile de se retrouver entre francophones ici. Je suis bilingue, mais la francophonie, ça fait partie de qui je suis, alors c’est parfois difficile de trouver sa place dans la communauté en tant que francophone. »

L’intention est désormais claire pour Kerselin Fumier, « nous allons travailler avec tous ces organismes, ensemble, pour créer une communauté francophone forte, ici à Brandon ».

Et l’intérêt n’était pas seulement communautaire, il était aussi politique. Le ministre responsable des Affaires francophones, Glen Simard, ainsi que le député de Saint-Boniface, Robert Loiselle, étaient également présents.

« C’est un premier pas », selon Glen Simard. « Il faut quelqu’un qui mette en avant ce que l’on essaie de faire ici à Brandon et connecter les gens qui ne se connaissent pas, mais qui utilisent la même langue. »

Le maire de la ville Jeff Fawcett, présent ce soir-là, indiquait sa volonté de « garder nos deux langues et de continuer a poussé pour la construction d’écoles francophones ici ».

Pour rappel, la DSFM avait annoncé que sa 26e école sortirait de terre à Brandon, la deuxième plus grande ville du Manitoba. La DSFM opère déjà une école à Shilo, l’École La Source, à une trentaine de kilomètres de la ville.

Au mois de mars 2025, le président de la CSFM, Bernard Lesage, indiquait que cette école était pleine et que de nouveaux besoins étaient apparus dans la région.

Ce type de demande provient de la communauté, preuve s’il en fallait que la francophonie à l’ouest de Winnipeg est en bonne santé.

À ce jour, la ville de Brandon, qui compte un peu plus de 50 000 résidents (selon les dernières don-nées de 2021) n’est pas officiellement désignée bilingue.

Toutefois, le ministre Glen Simard s’est dit ouvert à la conversation, « si les villes et municipalités ont l’ambition de promouvoir leur bilinguisme ».

« Ça prend du temps et la mobilisation de la communauté aussi », conclut-il. Pour ce qui est de la mobilisation communautaire, il semble en tout cas que l’on est en bonne voie.

À l’issue de la rencontre, les francophones présents ont partagé leur ambition de créer un pavillon francophone lors du prochain Westman Multicultural Festival, qui devrait se tenir au mois de février 2026.

En tout cas, le directeur général de la SFM, Jean-Michel Beaudry, assure que la communauté de Brandon pourra compter sur le soutien de la SFM pour rassembler les différents acteurs autour de la table.

« On voit que la communauté ici a commencé à se mobiliser. On peut aider à créer des relations et des ponts entre les différents organismes, on sait qu’il y a un intérêt. Je sais aussi que la Fédération culturelle de la francophonie manitobaine serait certainement intéressée à voir un comité culturel à Brandon. Il faut voir comment on peut poursuivre le dialogue. »

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