Avec des informations de Elyette LEVY.
Le rapport de Manitoba HIV Program, présenté ce 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le sida, fait le point sur les tendances du VIH dans la province.
Les conclusions de ce rapport mettent notamment en évidence la croissance du VIH au Manitoba.
Le nombre de personnes nouvellement diagnostiquées a augmenté chaque année de 2014 à 2024, avec une hausse particulièrement rapide observée au cours des cinq dernières années.
Une hausse des cas ces dernières années
En 2024, 291 personnes ont été nouvellement diagnostiquées avec le VIH au Manitoba. L’on comptait 65 nouveaux cas en 2014, 98 en 2020.
Le Canada a également partagé certains résultats ce lundi. 1 826 nouveaux cas déclarés du VIH en 2024 (exclut le Québec). Le taux national de nouveaux diagnostics du VIH pour 2024 est de 5,7 pour 100 000 personnes (exclut le Québec). C’était 6,3 en 2023.
À l’échelle nationale, le Manitoba a le taux de nouveaux diagnostics du VIH pour 100 000 habitants le plus haut du pays. L’on retrouve la Saskatchewan en deuxième (18,6), puis l’Ontario (5,4).
« Nous sommes conscients que le VIH demeure une préoccupation au Canada, en particulier parmi les personnes plus vulnérables qui en subissent les conséquences de manière disproportionnée. Le Plan d’action renouvelé du gouvernement du Canada sur les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) reconnaît que les ITSS ne touchent pas tout le monde de la même manière et propose une réponse qui tient compte des facteurs sociaux et structurels qui se recoupent et qui influencent les résultats en matière de santé », ont notamment déclaré la ministre de la Santé, Marjorie Michel, et la ministre des Services aux Autochtones, Mandy Gull-Masty, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida et de la Semaine de sensibilisation au sida chez les Autochtones.
Le plus fort taux de nouveaux diagnostics au Manitoba
Par ailleurs, si les tendances actuelles persistent, le nombre maximal de personnes nouvellement diagnostiquées avec le VIH au Manitoba pourrait atteindre 724 en 2026, 884 en 2027 et 1 080 en 2028.
Aussi, un cas en 2024 et un 2025 de nourrissons ayant acquis le VIH par transmission verticale au Manitoba. Manitoba HIV Program parla là de résultats « particulièrement préoccupants » car cela peut être évité « dans les milieux riches en ressources grâce à un dépistage rapide, à un traitement antirétroviral pendant la grossesse et à une prophylaxie infantile. »
Parmi les personnes référées Manitoba HIV Program en 2024, 50,9 % étaient documentées comme étant des femmes, 49,1 % étaient comme étant des hommes.
85,1 % des femmes référées s’identifiaient comme Autochtones et 68,6 % des hommes référés s’identifiaient comme Autochtones.
Les modes d’acquisition les plus courants étaient les rapports hétérosexuels (63,6 %) et l’usage de drogues injectables (56,2 %). À noter plus de 80 % des personnes avaient au moins une autre condition de santé complexe à l’entrée dans les soins.
De plus, au 1er juillet 2025, seulement 68 % de toutes les personnes ayant déjà été orientées vers le programme VIH du Manitoba présentaient une charge virale supprimée.
Et comme le rappelle Kimberly Templeton, responsable du programme de lutte contre le VIH au Manitoba, « l’augmentation de la suppression virale est une priorité essentielle pour améliorer les résultats individuels en matière de santé et réduire la transmission ultérieure. »
Le Manitoba HIV Program met aussi de l’avant certains des progrès réalisés.
Lancé en juillet 2024, le Program to Access Treatment for HIV and Support (PATHS) a été efficace, selon certaines données.
65 % des personnes assignées à PATHS étaient sous traitement contre le VIH, comparativement à 42 % des personnes sur la liste d’attente de PATHS.
45 % des personnes assignées à PATHS avaient une charge virale supprimée, contre seulement 18 % des personnes sur la liste d’attente. Aussi, réduction globale de 45,1 % des visites aux urgences pour les patients assignés au programme a été démontrée.
Une syndémie, un entrelacement d’enjeux
Malgré certaines améliorations mesurables, le Manitoba HIV Program la province « continue d’être confrontée à une syndémie de sans-abrisme, de toxicomanie, de problèmes de santé mentale, de racisme systémique et de stigmatisation, autant de facteurs qui aggravent les obstacles au dépistage, à la prévention et au traitement du VIH. »
Le Manitoba HIV Program fait également quelques recommandations.
Parmi elles, l’on peut noter la demande d’un investissement dans un système provincial de suivi et d’évaluation des programmes afin de renforcer l’engagement en matière de soins. Il y a aussi l’importance de soutenir les partenaires autochtones « afin de façonner et de diriger des services qui reflètent les valeurs et les principes des communautés qu’ils servent ». Il est également souhaité une progression des stratégies provinciales de prophylaxie pré-exposition (PrEP) (1) afin de remédier aux disparités en matière d’accès et d’adoption.



