Le 13 décembre, sous le toit du musée de Saint-Pierre-Jolys, une vingtaine de personnes se sont réunies pour s’atteler au dépeçage d’un bison. L’odeur de viande crue et de café chaud embaume le premier étage de l’ancien couvent.
Les voix et les rires se mêlent aux sons des couteaux qui s’écrasent sur les planches à découper. Sous l’impulsion de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba (UNMSJM), cet atelier de débitage de bison invite les membres de la communauté métisse, mais pas seulement, à s’imprégner des traditions et de l’héritage métis.
Richard Turenne, directeur général de l’UNMSJM et lui-même chasseur, navigue de table en table pour prodiguer des conseils. Après l’abattage du bison, Richard Turenne a fait une offrande de tabac à l’esprit de la bête.
« De voir tant de gens ici aujourd’hui et notamment des jeunes, c’est un signe de notre vitalité, se réjouit-il. On est là, on est encore présent. »
Ce n’est pas le premier atelier de ce genre qu’organise l’UNMSJM, mais c’est la première fois que l’animal mis à l’honneur est un bison. L’animal, symbole du Manitoba, revêt aussi une importance toute particulière pour la communauté métisse.
« La colonisation des prairies s’est faite, entre autres, avec l’importation d’autres bêtes à viande que le bison. Le bison à une importance économique, un moyen de subsistance et le symbole que les Métis ont la charge de leur propre destin. »
Et parce que l’on ne peut pas parler de transmission, sans aîné, Noël Préteau, fier métis et boucher à la retraite, à renfilé son tablier pour partager son savoir.

« Moi, être métis et aider les autres, ça me fait plaisir!, dit-il. C’est important pour moi d’aider à transmettre notre culture métisse, il ne faut surtout pas la perdre. »
En termes de boucherie, le travail sur la viande d’un bison est assez similaire à celui que l’on ferait sur l’orignal ou le chevreuil. Les morceaux sont simplement plus gros, explique Noël Préteau.
« Il y a moins de cholestérol dans le bison qu’il y en a dans le bœuf. C’est une viande moins grasse, c’est une meilleure viande pour la santé. »
Tous les participants rentreront chez eux avec des morceaux de viande et Crystal Desrosiers, présidente de l’UNMSJM explique qu’une partie de la viande du bison servira à faire un ragoût pour l’auberge du violon du Festival du Voyageur.
Elle note par ailleurs la présence de personnes qui ne sont pas métisses ce jour-là, un aspect qui lui fait chaud au cœur.
« C’est fantastique que les gens s’intéressent à ces apprentissages-là, on est très content d’accueillir toute sorte de gens. »
Skylar Belanger, par exemple, n’est pas lui-même métis, mais il a accompagné son amie Katie Henderson ce jour-là.
Originaire du Québec, Skylar Belanger est arrivé à Winnipeg il y a 13 ans.
« Je suis venu soutenir l’apprentissage culturel, je n’ai jamais rien fait comme ça alors je suis excité d’entrer dans un nouvel univers. »
Katie Henderson, elle, est autochtone. Cet atelier était l’occasion pour elle de renouer avec ses racines.
Pour d’autres, l’apprentissage culturel se fait en famille.
Renelle Allard-Parent participe à l’atelier avec son mari, Miguel Parent et leur fils Cédric. Pour la mère de famille métisse, le fait de partager son héritage et sa culture avec ses enfants lui tient beaucoup à cœur.
« Si l’on commence la chasse, c’est aussi quelque chose que l’on fera en famille. C’est important de passer cela à la génération suivante. Nous, on apprend en ce moment, mais on l’apprend avec eux alors c’est vraiment le fun. J’aime aussi l’idée d’être capable de travailler avec la viande, d’être conscient de la vie qui a été donnée pour nous nourrir. Ça nous ramène à la terre et ça nous encourage à consommer de manière responsable. »
Pour Richard Turenne et Crystal Desrosiers, l’atelier est un vrai succès et devrait faire son retour à la programmation l’année prochaine.
Initiative de journalisme local.




