Le budget fédéral 2011-2012 déposé le 22 mars par le ministre des Finances, Jim Flaherty, ne créait pas la surprise ni dans la communauté franco-manitobaine, ni chez les analystes économiques.
Camille SÉGUY
Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a déposé son budget pour 2011-2012 à la Chambre des Communes le 22 mars, juste avant que son gouvernement ne soit défait, le 25 mars, par une motion de défiance sur l’accusation d’outrage au parlement du gouvernement.
Avec 249 milliards $ de recettes, soit une augmentation de 5,7 % par rapport au budget précédent, et 278,7 milliards $ de dépenses, soit une hausse de 1,1 %, ce budget prévoyait des impôts bas pour stimuler la croissance et l’emploi, tout en allant vers le rééquilibrage budgétaire dès 2015-2016.
Quatre piliers
« C’est un budget en quatre piliers, expliquait le 22 mars la députée conservatrice de Saint-Boniface et secrétaire parlementaire du ministre des Finances, Shelly Glover. Il soutient la création d’emploi, il aide les familles et les collectivités, il investit dans l’innovation, l’éducation et la formation, et enfin, il préserve l’avantage financier du Canada. »
Selon la secrétaire parlementaire, toutes ces mesures auraient affecté en bien la vie des citoyens du Canada, entre autres de Saint-Boniface. Par exemple, le troisième volet du budget aurait « aidé le Collège universitaire de Saint-Boniface et tous ses étudiants, assure-t-elle. Ils auraient été moins affectés par le coût de leurs prêts d’études ou des concours professionnels ».
Shelly Glover annonçait par ailleurs que dans le cadre du quatrième volet, pour tendre vers l’équilibre budgétaire le plus vite possible, « un examen des frais administratifs généraux de l’État était prévu. On allait faire une révision stratégique de nos programmes pour voir ce qui marche ou non, et mieux réinvestir ».
Avec la défaite du gouvernement Harper par la Chambre des Communes le
25 mars, toutes ces mesures sont désormais lettres mortes.
Réactions communautaires
Pour la communauté franco-manitobaine, le budget 2011-2012 tel que présenté par Jim Flaherty n’apportait pas de surprises. « Ce budget ne propose rien de spécifique pour la communauté franco-manitobaine et il est conforme à ce à quoi on s’attendait dans ce contexte économique », commentait le président-directeur général de la Société franco-manitobaine (SFM), Daniel Boucher, au lendemain du dépôt.
Il se réjouissait toutefois des « aides proposées à certaines clientèles, car elles incluaient, indirectement, les francophones ».
Entre autres, pour ce qui est de l’appui aux familles et aux collectivités, le gouvernement proposait notamment 300 millions $ de plus par an pour bonifier le Supplément de revenu garanti (SRG) pour les aînés. La Fédération des aînés franco-manitobains (FAFM) s’en réjouissait.
« Ça faisait au moins cinq ans qu’on demandait une augmentation du SRG, donc on était très contents d’avoir enfin obtenu quelque chose, soulignait la présidente de la FAFM, Thérèse Dorge. Ce n’est jamais assez pour satisfaire tout le monde, mais pour nous c’était un premier pas en avant très positif. »
De même, les mesures proposées pour soutenir l’éducation, l’innovation et la formation satisfaisaient la rectrice du CUSB, Raymonde Gagné. « On voit que le gouvernement investit de plus en plus dans les collèges communautaires au niveau de la recherche appliquée, affirmait-elle. C’est une bonne nouvelle pour le CUSB et pour tout le système. Des mesures pour soutenir la recherche et appuyer les études postsecondaires sont toujours de bonnes nouvelles. »
Pas assez
Toutefois, d’un point de vue purement économique, le professeur d’économie au CUSB, Faïçal Zellama, restait sceptique sur ce sixième budget Flaherty.
« Vouloir à tout prix retourner à l’équilibre budgétaire en temps de reprise économique difficile n’est pas une bonne chose, explique-t-il. Le retour à l’équilibre doit se faire à partir de la richesse, pas de la pauvreté. Mieux vaut continuer à dépenser pour stimuler la richesse jusqu’à ce que la reprise ait vraiment lieu. Sur une dette de 559 milliards $, ce n’est pas grave d’être en déficit quelques années de plus car quand la croissance sera de retour, ça se rééquilibrera. »
Il remarquait en outre que « toutes les mesures proposées étaient positives mais pas suffisantes, notamment pour la classe moyenne et les petites et moyennes entreprises. Ce budget voulait toucher toutes les franges de la population, mais il n’offrait de vraie solution nulle part. Ce n’étaient que des miettes. Ça n’aurait pas permis le retour de la croissance ».