Greg Selinger célèbre sa victoire.
Greg Selinger célèbre sa victoire.

La 40e élection générale du Manitoba redonne le pouvoir au parti politique sortant, le Nouveau Parti démocratique, pour la quatrième fois consécutive. Face à cette victoire, le chef de l’Opposition conservatrice démissionne.

La victoire du Nouveau Parti démocratique (NPD) lors de la 40e élection générale du Manitoba, qui s’est déroulée le 4 octobre, est historique car c’est un quatrième mandat majoritaire pour le parti. Seul le Parti conservateur de Rodmond Palen Roblin en avait accumulé autant, entre 1900 et 1915.

Selinger se démarque

La réélection du NPD à la tête de la Province est aussi une victoire pour son chef, Greg Selinger, qui remporte par ailleurs sa circonscription de Saint-Boniface avec près de 69 % des suffrages.

« Avec cette élection, Greg Selinger est sorti de l’ombre de Gary Doer », affirme l’analyste politique, Mamadou Ka. L’analyste en matière d’éducation et de santé, Bathélémy Bolivar, ajoute que « ce nouveau mandat fait maintenant de lui un leader à part entière, car c’est toute la population qui le lui a donné, et non pas seulement ses partisans ».

« Cette quatrième victoire est historique!, lance la partisane néo-démocrate, Sarah Zaharia. On espérait une majorité, mais on ne s’attendait pas à autant de marge. Ça démontre la confiance des Manitobains en Greg Selinger comme premier ministre pour les mener vers le futur. »

Pour sa part, Greg Selinger s’est réjouit dès l’annonce des résultats que les Manitobains aient « voté pour l’optimisme », et il a promis de se « remettre au travail dès demain pour mettre en œuvre les priorités de mon programme, en partenariat avec les Manitobains ».

Le criminologue Jean-Claude Bernheim temporise toutefois cette victoire. « La tâche de Greg Selinger était de se faire réélire et il a réussi, mais ce n’est pas de faire gagner un quatrième mandat à son parti qui le mettra vraiment dans l’histoire, affirme-t-il. Ce sera plutôt sa vision originale pour le Manitoba.

« Et sur ce plan, estime-t-il, le chef néo-démocrate n’a pas été au rendez-vous. Son discours d’après-élection était très léger et n’annonçait rien de concret. C’est dommage car il y a beaucoup de potentiel au Manitoba pour prendre des positions qui pourraient vraiment changer l’histoire. »

L’analyste politique Mathieu Allard souligne par ailleurs que « le vrai test pour le NPD, ce sera lors des prochaines élections provinciales dans quatre ans. S’il gagne encore, pour la cinquième fois, alors ce sera vraiment du jamais vu au Manitoba ».

McFadyen démissionne

Alors que le NPD célèbre sa victoire, le Parti progressiste-conservateur (PC) se retrouve pour sa part sans chef au soir des élections. Malgré sa victoire dans sa circonscription de Fort Whyte, avec près de 62,5 % des voix, et un vote populaire de plus de 44 % pour les Conservateurs, le chef du PC, Hugh McFadyen, a en effet annoncé sa démission à la suite de la défaite de son parti.

« De toute évidence, nous n’avons pas eu les votes nécessaires aux bons endroits, analysait Hugh McFadyen à l’annonce des résultats le 4 octobre. Or en politique, un chef doit produire des résultats concrets. J’annonce donc ma démission. » Il reste cependant député de Fort Whyte et chef du PC jusqu’à ce qu’un successeur ait été choisi.

Le président du PC, Mike Richards, s’est dit surpris par cette annonce. « Nous n’anticipions pas un tel geste, surtout le soir même des élections, confie-t-il. Le conseil du Parti aurait aimé discuter des résultats des élections et des intentions de Hugh McFadyen avant d’enclencher le processus. »

Le conseil du Parti se réunira dès le 6 octobre pour organiser la course au leadership. « Avec près de 45 % du vote populaire, on aurait pu gagner si les votes avaient été mieux répartis, souligne-t-il. Ça signifie qu’on a une base solide sur laquelle nous pourrons nous construire un avenir meilleur. »

Pour leur part, les analystes ne s’étonnent pas de la démission du chef conservateur. « Hugh McFadyen devait gagner, affirme Mamadou Ka. Ça ne faisait pas de différence pour lui que son parti ait gagné un siège et des votes populaires. »

Bathélémy Bolivar estime quant à lui que « Hugh McFadyen a trébuché dans le partage de sa vision, ce qui explique la défaite de son parti. Il n’a pas su convaincre les gens car il est resté dans une campagne de salissage contre les Néo-démocrates, de contre-plateforme. De plus, il n’avait pas un langage toujours accessible à tous ».

Jean-Claude Bernheim remarque toutefois que « la décision de Hugh McFadyen de démissionner n’est pas mauvaise pour son parti, car ça va laisser du temps à la personne qui lui succèdera de se faire connaître et de convaincre les électeurs ».

Gerrard seul

Quant au Parti libéral du Manitoba (PL), il n’a réussi à élire qu’un seul candidat, son chef Jon Gerrard, à River Heights avec près de 46 % des voix. De plus, le nombre de votes populaires pour le PL n’a pas dépassé les 10 % sur l’ensemble de la province.

« Cette élection confirme que le Manitoba est en train de devenir bipartisan, PC contre NPD », commente Mathieu Allard. Mamadou Ka confirme que « la politique manitobaine est très polarisée, ce qui compresse les partis du centre comme le PL, qui pourrait même disparaître un jour ».

Le PL garde cependant confiance. « Le futur est prometteur pour le PL, affirme Jon Gerrard. Nous sommes un Parti vibrant, avec des idées, de la jeunesse et beaucoup de soutien, et nous allons continuer à travailler. »

La candidate libérale de Tuxedo, Linda Minuk, renchérit qu’ « on va revenir encore plus forts dans quatre ans et tout faire pour gagner de nouveaux sièges ».

De plus, avec seulement 7,53 % du vote populaire, le PL n’a pas atteint la barre des 10 % requise pour demander un remboursement de ses dépenses électorales à Élections Manitoba. Quant aux candidats libéraux, seuls dix sur les 57 ont obtenu plus de 10 % du vote populaire et seront donc aidés financièrement.

« Le Parti va rebâtir sa base, mais avec un seul député et moins de 10 % des votes, ce sera un grand défi », conclut la candidate à la présidence du Parti libéral du Canada, Sheila Copps.

5 octobre 2011 | l’équipe de La Liberté